L'Algérie et la Russie chérissent bien leur amitié de longue date et promettent, malgré un contexte économique et politique mondial incertain, de donner un nouvel élan à leur coopération globale tous azimuts. C'est ce qu'a été convenu lors de la visite d'Etat de trois jours (du 13 au 15 juin en cours,) effectuée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune en Russie, lors de laquelle, il s'est entretenu avec son homologue russe, Vladimir Poutine. Les deux chefs d'Etat ont exprimé, à l'occasion, leur volonté de continuer à se soutenir mutuellement dans la préservation de leurs intérêts communs et à élargir leur coopération économique et commerciale afin de promouvoir un partenariat de haute qualité qui ouvre la voie à une nouvelle ère de coopération plus stratégique. Pour le Président Tebboune qui s'est dirigé, hier, après la fin de sa visite d'Etat, de Moscou à Saint-Pétersbourg pour participer, en tant qu'invité d'honneur aux travaux du Forum économique international de Saint-Pétersbourg (SPIEF), l'intérêt du pays doit passer avant tout. Sa visite en Russie marque le début important d'une nouvelle ère entre les deux pays qui visent sur le long terme à renforcer les mécanismes de coopération bilatérale dans les domaines de l'agriculture, de l'énergie, des technologies, de l'investissement et du développement socio-économique. Pour ce faire, plusieurs accords de coopération ont été signés au cours de cette visite d'Etat, qui confirme l'attachement des deux partenaires à établir une relation économique complète, efficace et équilibrée, dans un monde bipolaire, prédominé par l'Occident, particulièrement les Etats-Unis. Le conflit russo-ukrainien a dévoilé l'impact négatif de la dominance financière américaine par le billet vert (Dollar) sur l'économie des autres pays. La Russie, membre influent du groupe des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), et ses partenaires à l'instar de l'Algérie veulent remodeler l'ordre international et instaurer un monde multipolaire, juste et équilibré. L'Algérie, partenaire africain clé, adhère d'ores et déjà à la vision de la Chine et de la Russie qui veulent détrôner le dollar pour contenir sa domination sur le commerce international. Le processus de dé-dollarisation est déjà en marche et sa mise à l'écart prendra du temps, face à la résistance des institutions financières internationales et de son concurrent, l'Euro. Les Brics, l'Algérie, l'Arabie saoudite, le Kenya, la Turquie, l'Argentine, la Bolivie ou encore le Venezuela et plusieurs autres pays africains et asiatiques souhaitent privilégier les transactions financières et commerciales internationales l'utilisation des monnaies locales. Ils doivent procéder à cette dé-dollarisation de manière graduelle pour protéger leur économie car l'essentielle de leurs exportations se fait en dollar, d'où l'importance de l'adoption d'une monnaie numérique. L'Algérie a décidé, dans cet objectif, de lancer le dinar numérique algérien, dans un avenir proche. Un moyen efficace pour régler les paiements et les sécuriser lors des transactions financières internationales. L'Algérie a suggéré, selon le média russe ''Sputnik'', d'utiliser la monnaie nationale au cours des échanges commerciaux avec la Russie. Cette dernière semble soutenir cette idée qui devrait contribuer à booster la coopération commerciale et renforcer les échanges commerciaux, mais surtout détourner les sanctions occidentales imposées depuis l'offensive russe en Ukraine, il y a plus d'une année. La poursuite de cette guerre a dévoilé en effet l'urgence de promouvoir un mode multipolaire et de s'affranchir de la dominance du dollar et de l'emprise des institutions de Brettons Woods. La Russie et l'Algérie s'apprêtent à franchir une étape décisive dans leurs relations bilatérales. Le Forum d'affaires russo-algérien, présidé par le Président Tebboune confirme la convergence des vues, mais aussi la détermination des deux alliés à redonner de l'intérêt et de l'élan à leur coopération globale. Des ministres russes et représentants politiques et économistes ont loué la visite du chef de l'Etat en Russie. Membre duConseil général de l'organisation, Delovaïa Rossiïa, a bien résumé l'importance de cette visite, dans une interview accordée à ''Sputnik Afrique'', en marge du Forum économique algéro-russe, le 14 juin. «Les entreprises et les personnes qui accompagneront correctement cette relation, se rencontreront en Russie, se rencontreront en Algérie, comprendront les affaires de l'extérieur, calculeront l'économie, élaboreront un modèle financier, comprendront le chemin et les premiers contrats, élaboreront les premiers accords, concluront les premiers contrats, et ainsi de suite» a-t-il souligné, affirmant qu'il faut de la persévérance pour atteindre cet objectif. «Sans ces étapes, malheureusement, les affaires ne se développent pas, pas plus que la coopération», a-t-il affirmé. Cette relation amicale algéro-russe dérange de nombreux pays rivaux qui craignent leur éviction du continent africain, ce qui accélérerait la dédollarisation du monde à mesure que le yuan chinois, le rouble ou autres monnaies jouent un rôle plus actif dans les paiements internationaux et que le bloc des BRICS s'élargisse.