Les marchés pétroliers ont clôturé la séance de vendredi dernier à 84,99 dollars le baril. La reprise à la hausse observée depuis le début de ce mois de juillet fait suite à la décision prise par plusieurs pays membres de l'Opep+ de réduire leurs productions. Ainsi, l'Arabie saoudite a maintenue la réduction de sa production d'un million de barils de pétrole par jour tout au long de ce mois d'août. Pareil pour la Russie qui a baissée sa production d'un demi-million de barils par jour et l'Algérie avec 20.000 barils par jour. Depuis le début de l'année 2023 les prix du pétrole ont subis une forte érosion. En 2022 et suite aux conséquences de la guerre en Ukraine le prix moyen du baril de pétrole a dépassé, pour la première fois depuis 2015, la barre des cent dollars (100,76 dollars). Cette embellie s'est vite atténuée en ce début d'année 2023 où le prix moyen du baril de pétrole n'a été que 79,77 dollars contre 106,86 dollars durant la même période de 2022. Ce qui représente une baisse de plus de 25% comparativement au premier semestre de l'année écoulée. Malgré les décisions de réduction de la production prises par les pays membres de l'Opep+, le baril peine à se maintenir au- dessus de 80 dollars. Selon certains analystes les marchés pétroliers s'inquiètent de la persistance des craintes d'un ralentissement de la croissance mondiale entraînant une baisse de la demande en pétrole. Et ceci, même si d'autres sont convaincus que le déséquilibre entre l'offre et la demande va s'accentuer durant le second semestre de 2023. La seconde hypothèse semble se confirmer avec la reprise des marchés qui a vu le baril frôler les 85 dollars vendredi passé. Mais alors quel impact aurait cette baisse des prix sur les équilibres financiers externes de l'Algérie ? En 2022, le prix moyen du brent a été de 100,76 dollars le baril. Ce prix, considéré comme étant le plus élevé jamais enregistré depuis 2015, a eu des retombées positives sur les équilibres financiers du pays. Les réserves de change qui ne cessaient de fondre depuis 2014 se sont nettement redressées. Elles sont passées de 45,30 milliards de dollars à fin décembre 2021 à 61,7 milliards de dollars à fin décembre 2022. Ce qui a représenté un bond de 16,4 milliards de dollars en l'espace de douze mois. Une hausse qui nous renseigne sur l'importance de l'excédent de la balance des paiements réalisé en 2022. Concernant ce début d'année 2023 et malgré la baisse des prix du pétrole, les réserves de changes ont poursuivies leurs croissance en enregistrant un nouveau bond de l'ordre de 4,71 milliards de dollars à fin mars 2023. Les réserves sont ainsi passées de 61,7 milliards de dollars à fin décembre 2022 à 66,14 milliards de dollars à fin mars 2023. La consolidation du montant des réserves de change a été réalisée avec un prix moyen du baril de pétrole qui n'a été que de 81,17 dollars seulement durant le premier trimestre de l'année en cours. Constat important : l'Algérie n' a plus besoin d'un prix du baril supérieur à 100 dollars pour réaliser un excédent de sa balance des paiements. Cette nouvelle donne est le résultat d'une politique draconienne de réduction de la facture des importations des biens et des services et de la lutte contre la surfacturation. Il y a également l'importante hausse des exportations hors hydrocarbures qui ont été multipliés par quatre ces trois dernières années. En 2020, les exportations hors hydrocarbures n'étaient que de 1,9 milliard de dollars. En 2022, elles sont passées à 6,6 milliards de dollars, selon la Banque mondiale. Ce qui représente une croissance dépassant les 347% en l'espace de deux ans seulement. Pour 2023, le Gouvernement table sur la réalisation d'un montant des exportations hors hydrocarbures de l'ordre de 13 milliards de dollars. Soit presque le double de celui réalisé en 2022. Lors d'un récent point de presse organisé par le premier responsable de la compagnie pétrolière nationale Sonatrach, le chiffre d'affaires à l'export des hydrocarbures a été de 21 milliards de dollars durant les cinq premiers mois de 2023. Ce montant a été réalisé avec un prix moyen du baril de pétrole de 81,17 dollars. En prenant en considération la nouvelle orientation des marchés pétroliers depuis la fin de ce mois de juillet, il est fort probable que le prix du baril termine l'année avec une moyenne supérieure à 82 dollars. Un prix qui permettrait à Sonatrach de réaliser des exportations d'hydrocarbures légèrement au-dessus des 50 milliards de dollars. Et dans le cas également où le montant de 13 milliards de dollars d'exportations hors hydrocarbures serait atteints, les réserves de change se renforceraient de 14 milliards de dollars supplémentaires d'ici à fin décembre 2023.