La faillite de la banque californienne SVB a fini par rompre l'équilibre fragile des marchés pétroliers depuis le début de l'année 2023. En l'espace de cinq jours, du 13 au 17 mars, le prix du baril de pétrole est passé de 80,77 dollars à 72,69 dollars en clôture vendredi dernier. Représentant ainsi une perte de 10% en cinq séances. C'est la première fois depuis janvier 2022 que le baril descend sous la barre des 80 dollars. Si pour le moment la situation financière semble maîtrisée suite à la faillite de la banque californienne, les craintes d'un risque systémique plombe toujours les marchés pétroliers. Il est difficile de prévoir à quel moment le baril repassera au-dessus des 80 dollars où pire encore, poursuivre son effondrement. La persistance des pressions inflationnistes, la hausse des taux d'intérêts, la poursuite de la guerre en Ukraine et les sanctions imposées à la Russie ne plaident nullement pour une reprise rapide de l'économie mondiale et encore moins des marchés pétroliers. Pourtant et selon le dernier rapport de l'Opep, la demande mondiale de pétrole atteindrait un niveau record en 2023 avec 102 millions de barils par jour. Ce qui représente une hausse 2,3 millions de barils par jour par rapport à 2022. Au début de l'année et face à cette demande, certains ont même prédit un déséquilibre entre l'offre et la demande mondiale de pétrole dès le second semestre 2023. Pour que la demande soit soutenue, entraînant à la hausse les prix, l'Opep précise dans son dernier rapport les préalables : «Bien que la dynamique de croissance devrait se poursuivre en 2023, l'économie continuera de naviguer à travers les défis, dont l'inflation élevée, de probables nouvelles hausses des taux d'intérêts, l'endettement élevé et les incertitudes géopolitiques». A ces craintes est venue s'ajouter les incertitudes qui planent sur le système financier international avec la faillite de la banque californienne SVB. Certains ont même comparé la faillite de SVB à la crise des subprimes en 2007 et la crise bancaire et financière de l'automne 2008. Cette crise a fait passée le prix moyen du baril de pétrole de 99,9 dollars en 2008 à 62,2 dollars en 2009. Le baril ne remontera à 80,2 dollars qu'en 2010. Après avoir atteint une moyenne de 100 dollars le baril en 2022, le pétrole s'est stabilisé à 82,54 dollars durant les deux premiers mois de 2023. Et depuis ce mois de mars, aucun indice encourageant ne plaide pour une reprise rapide des marchés pétroliers. Concernant l'Algérie, les incidences de cette baisse des prix du pétrole pourraient être atténuées grâce aux règles prudentielles adoptées par le Gouvernement. Dans la loi de Finances de 2023, le prix de référence du baril de pétrole a été fixé à 60 dollars et celui du marché à 70 dollars. En consolidant le montant des réserves de changes à plus de 64 milliards de dollars à fin janvier 2023, et en limitant l'endettement extérieur à 3 milliards de dollars l'Algérie pourrait largement faire face à un nouveau choc pétrolier. En optant pour la diversification de l'économie grâce à une croissance soutenue et une hausse importante des exportations hors hydrocarbures l'Algérie est entrain de bâtir sa résilience face aux fréquentes fluctuations des marchés pétroliers.