Une rencontre a été consacrée, le 11 février 2025, à l'examen du Gazoduc continental TSGP, ayant réuni du côté Algérie le ministre d'Etat, ministre de l'Energie, des Mines et des Energies renouvelables, Mohamed Arkab, du ministre du Pétrole de la République du Niger, Sahabi Oumarou et du ministre d'Etat chargé des Ressources pétrolières de la République fédérale du Nigeria, Ekperikpe Ekpo ayant été précédé d'une réunion ayant regroupé les groupes de travail et les experts des trois pays, y compris des représentants de Sonatrach, Sonidep (Niger) et NNPC (Nigeria) où le groupe Sonatrach, fort de son expérience dans les projets énergétiques d'envergure a réaffirmé sa détermination à mener à bien cette initiative. Comme le démontre une importante étude de l'IRIS du 19 août 2021, le gazoduc reliant le Nigeria à l' Europe est l'objet d'enjeux géostratégiques importants pour la région. 1.- L'idée d'un Gazoduc reliant le Nigeria à l'Algérie a germé dans les années 1980, donc depuis 45 ans et est toujours en projet, en ce mois de février 2025. Le 3 juillet 2009, a été signé un protocole d'accord pour la réalisation de ce projet avec l'Algérie. En juillet 2016, à l'occasion du 27e sommet ordinaire de l'Union africaine le Nigeria réaffirme sa volonté d'engager le lancement du gazoduc trans-saharien, prévus d'être détenu à 90 % par Sonatrach et la NNPC, et à 10 % par la Compagnie nationale du pétrole du Niger. Le 22 septembre 2021, le ministre du pétrole de la République du Nigeria, Timipre Sylva, a annoncé que son pays allait entamer la construction d'un gazoduc pour transporter le gaz nigérian vers l'Algérie. Le 18 février 2022, une feuille de route est enfin approuvée par les représentants du Niger, de l'Algérie et du Nigeria. Suite à la réunion tenue à Niamey, au Niger, le 16 février 2022 a été défini une feuille de route pour réaliser ce chantier, le 21 juin 2022, une réunion tripartite Algérie-Niger-Nigeria s'est tenue dans la capitale du Nigeria, regroupant les ministres en charge de l'Energie des trois pays s'inscrivant dans le cadre de la reprise des discussions au sujet du projet du gazoduc Transsaharien (TSGP) où les ministres ont examiné l'état d'avancement des décisions prises lors des précédente réunions et les prochaines étapes devant aboutir à la réalisation du projet ayant convenu d'actualiser l'étude de la faisabilité de ce projet et en juillet 2022, lors de la 3e réunion ministérielle concernant ce projet a eu lieu la signature d'un mémorandum d'entente entre les trois pays, à travers lequel ils ont réaffirmé «leur engagement à poursuivre la coordination et l'action commune pour la réalisation de ce projet. Cependant, il faut signaler l'ambiguïté du Nigeria vis-à-vis de ce projet devant éclaircir définitivement sa position et choisir soit l'Algérie, soit le Maroc ayant signé entre 2017 et 2023 plusieurs mémorandums (en signalant qu'un mémorandum n'est pas un contrat définitif) concernant le projet Nigeria-Morocco Gas Pipeline (NMGP), traversant plusieurs pays à savoir la Gambie, la Guinée-Bissau, la Sierra Leone, le Ghana, la Guinée, le Liberia, le Bénin, la Côte d'Ivoire, le Sénégal ,la Mauritanie et le Sahara occidental prévu pour relier le Nigeria à l'Europe en passant par le Maroc, d'une longueur évaluée à 5 660 km, dont une grande partie en offshore avec un délai de 10 ans et un cout estimé à plus de 25 milliards de dollars, donc cher, plus long et plus complexe que son concurrent TSGP. Et en dernière date selon la directrice générale de l'Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), le Maroc et le Nigeria ont signé en décembre 2024, un accord multilatéral au sujet de ce projet avec l'accord de la majorité des pays de la Cédéao avec le lancement des avis d'appel d'offre courant 2025 2.-Concernant le Gazoduc passant par l'Algérie, il est d'une longueur de 4 128 km, dont 1 037 km en territoire nigérian, 841 km au Niger et 2 310 km en Algérie, restant à réaliser 100 km au niveau du Nigeria, la totalité du Niger et 700 km en Algérie, soit un total de 1641 km, selon le ministre algérien de l'Energie. (Source APS – 3 mars 2024) . Lors de l'Accord d'entente signé le 3 juillet 2009, le coût était estimé à 10/11 milliards de dollars mais cela, il y a plus de 10 ans. En 2020, le coût est estimé à 18-2O milliards de dollars, selon une étude de l'Institut français des relations internationales (IFRI), d'autres sources donnent un montant moindre entre 14-15 milliards de dollars, pour une durée de réalisation d'environ 4-5 années. Ce Gazoduc doit partir de Warri au Nigeria pour aboutir à Hassi R'Mel, en passant par le Niger. Ce projet pourrait être relié au Transmed, la plus grande canalisation d'un looping GO3 qui permet d'augmenter la capacité de 7 milliards de mètres cubes auxquels s'ajouteront aux 26,5 pour les GO1/GO2 permet une capacité de 33,5 milliards de mètres cubes gazeux. Il est d'une longueur de 550 km sur le territoire algérien et 370 km sur le territoire tunisien, vers l'Italie. Ce projet est stratégique pour l'Algérie qui a approvisionné l'Europe à environ 19% en 2O23 et ambitionnant sous réserves d'une nouvelle politique énergétique (Mix énergétique) vers 2025/2027 d'aller vers 20-25%. Ce projet pourrait également favoriser les interconnexions électriques entre l'Algérie et l'Europe ayant prévu des centrales hybrides solaire-gaz, grâce au 3000 heures d'ensoleillement par an, ce qui équivaut à 2000 kWh par m2. Selon différents rapports du ministère de l'Energie, cela permettrait d'honorer ses engagements internationaux en matière d'exportation de gaz, les réserves de gaz traditionnel pour l'Algérie, estimées à environ 2400 milliards de mètres cubes gazeux mais avec une forte consommation intérieure qui approche les exportations actuelles en 2024, pour plus de 45%, du fait de l'actuelle politique des subventions des carburants. 3 . –La rentabilité du projet Nigeria- Europe suppose quatre conditions : Premièrement, la faisabilité implique la détermination du seuil de rentabilité en fonction de la concurrence d'autres producteurs, du coût et de l'évolution du prix du gaz, ce qui influe sur la prise de décision de lancer un tel investissement, d'où la démarche de lancer une étude du marché pour déterminer la demande sur le gaz avant de trancher sur l'opportunité de s'engager dans ce projet, le bureau d'études Penspen, ayant été chargé d'actualiser les études de faisabilité, devant confirmer la viabilité technique et économique du TSGP avant toute opérationnalité, comme annoncé par le PDG de Sonatrach, le 11 février 2025. Deuxièmement, la sécurité : le projet traversant plusieurs zones instables beaucoup plus pour le projet Maroc que celui de l'Algérie qui peuvent mettre en péril sa fiabilité avec les groupes de militants armés qui déstabilisent la fourniture et l'approvisionnement en gaz. Il faudra impliquer les Etats traversés devant négocier pour le droit de passage (paiement de royalties), donc évaluer les risques d'ordre économique, politique, juridique et sécuritaire. Troisièmement, la mobilisation du savoir-faire et du financement, posant le cas du Niger lourdement endetté ,où fin avril 2024 selon le FMI le gouvernement avait accumulé 701,8 milliards de FCFA d'arriérés de dette extérieure et intérieure/régionale pour une population de 28 millions et devant puiser dans les réserves de change pour l'Algérie environ 70 milliards de dollars fin 2024 pour une population de 48 millions et également pour le Nigeria 39, milliards de dollars en novembre 2024 pour une population de 233 millions et éventuellement impliquer des groupes internationaux. Quatrièmement, il faudra associer le partenaire européen, principal client et sans son accord il sera difficile de rentabiliser ce projet. Abderrahmane Mebtoul, Professeur des Universités,