L'expert économique Abdelmalek Seraï a mis hier en garde l'ampleur de l'accès aux crédits des ménages, estimant que «l'Algérie pourrait dans les deux années avenir subir la crise de surendettement». Intervenant lors d'une table ronde sur la place du secteur privé dans la concrétisation des programmes économiques nationaux, tenue au centre du quotidien d'El Moudjahid, il a expliqué que malgré un taux d'intérêt important, «des milliers de jeunes ont bénéficié de de prêt bancaire, et ce, sans mesurer les conséquences dans l'avenir ». Pour M. Seraï, cette question doit être prise au sérieux par les autorités, en appelant ces dernières à être plus transparentes et de «trouver d'autres formules de crédits à la consommation». Quant aux concernés, M. Seraï a avancé qu'il est indispensable de s'informer avant d'emprunter pour consommer. L'accès à plusieurs crédits « conduit à la menace du surendettement», dit-il. L'expert a par ailleurs informé qu'actuellement l'Algérie connaît un véritable problème relatif à la distribution des crédits. Notre pays doit mettre en place une politique financière adéquate, «il est utile de démonopoliser l'utilisation des outils financiers» affirme-t-il. Pour illustrer ses propos, il a avancé que seules 5 entreprises privées ont accaparé 25% des crédits nationaux. La chose semble anormale puisque, poursuit-il, plus de 560 000 dossiers (Ansej) sont gelés et qui attendent l'avis favorable pour l'obtention des petits et moyens crédits. Au sujet de la situation des entreprises privées en Algérie, le conférencier a plaidé pour la cohérence et l'organisation. Ceci, dira t-il, «permettra à la fois de gagner du temps, de l'argent, et d'obtenir de bons résultats». Toutefois, il a mis en exergue le rôle du secteur privé dans sa contribution à l'économie nationale qui a dépassé les 5%. En ajoutant que depuis l'ouverture du marché (en 14 ans), le secteur privé a engendré 50 milliards de dollars en matière d'investissement. En outre, M. Seraï a fait savoir que le week-end appliqué en Algérie fait subir au secteur privé des préjudices estimés annuellement à 2 milliards de dollars. A ce propos, l'expert a souligné qu'il est temps de négocier sur «le weed-end universel» qui été déjà fortement applaudi par les syndicats. Mustapha Mekideche, vice-président du Conseil national économique et social (CNES) et par ailleurs consultant, a abordé la question de la structure de l'Etat et de l'émergence du secteur de privé. Il dira que le statut de la majorité de nos entreprises privées est «familial», alors que notre économie a besoin de structures avec des formes «social SPA». Sur autre registre, les experts ont estimé que les entreprises algériennes sont très en retard en matière de la soustraitance. Cette dernière devrait être intégrée dans les réformes lancées par l'Etat, affirment-ils.