«En tant que Premier ministre, je dis qu'il n'y aura ni reprise du crédit à la consommation ni annulation du crédit documentaire. Celui qui veut travailler n'aura qu'à se soumettre aux lois algériennes», telle est la réponse d'Ahmed Ouyahia à une question sur les dernières déclarations du directeur général du FMI qui recommande à l'Algérie d'adopter une série de mesures, notamment la reprise du crédit à la consommation et l'annulation du crédit documentaire. Dans le même sujet, questionné sur les dispositifs de lutte contre la corruption, M. Ouyahia, mettant sa casquette de Premier ministre, a rappelé encore une fois que «c'est une lutte menée par la République collectivement sous la direction et les orientations du chef de l'État», et que la «corruption est un crime qui se combat». Pour le Premier ministre, «la lutte contre la corruption n'est pas une affaire de café, c'est une affaire d'institutions qui se base sur des dossiers». C'est pour cette raison, qu'il a expliqué qu'il faut «laisser la justice faire son travail et arrêter de condamner les gens par avance». Par ces propos, le premier responsable du RND fait allusion à des commentaires et articles de presse concernant les affaires de corruption en faisant état d'une «lutte de clans» au sommet de l'État, qu'il a, par l'occasion, fermement démentie. Concernant la lutte contre la spéculation, le Premier ministre a indiqué qu'au sein des responsables algériens, «on assiste à la création de plusieurs écoles de pensée». La première, a-t-il dit, prône la loi de fixations des prix, une autre, par contre, appelle à l'instauration de la politique de la subvention et la troisième, « qui sera sur la table du Parlement» , est celle d'aller à la traçabilité de la marchandise et à la définition des marges. Mais les batteries de textes qui existent déjà et les mesures qui vont être prises incessamment par le gouvernement ne suffisent pas. Une remise en ordre des marchés algériens, a-t-il expliqué, est plus que nécessaire. Pour étayer ses propos, M. Ouyahia s'est appuyé sur l'intervention du chef de l'État, qui lors du Conseil des ministres d'août 2009, a appelé à ne plus «avancer la notion de la liberté du marché pour qu'il n'ait plus de contrôle». Pour le Premier ministre, l'indignation des citoyens face à la flambée des prix, surtout pendant le mois de Ramadhan, va être apaisée par les différentes actions que mèneront l'Exécutif et le Parlement pour contrôler le marché et limiter la hausse des prix. Abordant le mouvement de grève des personnels de l'éducation ces derniers mois, M. Ouyahia n'ira pas par quatre chemins pour dire qu'il y a eu «politisation» de ce mouvement. Appelé, en effet, à expliquer la décision de justice ordonnant aux enseignants grévistes de reprendre immédiatement le travail, bien que leur action soit légitime, M. Ouyahia a indiqué que «la démocratie en Algérie est encore jeune. De ce fait, la pratique des libertés est en train de s'apprendre. Le droit de grève est reconnu certainement. Il est même garanti. Mais, a-t-il précisé, il ne faut pas également oublier que le droit à l'enseignement est un droit constitutionnel. Il est également question de décision de justice et aucun pays dans le monde n'a le droit de prendre une décision émanant de cette institution à la légère». Pour étayer ses propos, le secrétaire général du RND prendra l'exemple de deux pays dont personne «ne peut contester la démocratie». Le premier, a-t-il dit, situé au nord, a mobilisé ses soldats pour assurer la continuité du service public. L'autre, à savoir le Canada, inflige à toute personne ayant fait une grève dans le secteur de l'éducation une amende de 5 000 dollars.