L'auteur qui a réalisé cette étude pour le département Histoire de l'Université africaine d'Adrar estime que l'apport des politiques et intellectuels algériens à la vie culturelle et sociale tunisienne est considérable et multiple. Il a souligné avoir choisi ce thème pour, notamment, mettre en évidence un chapitre important du mouvement national algérien et révéler les dessous d'une période considérée comme des plus décisives dans l'histoire contemporaine de l'Algérie. L'ouvrage de 480 pages propose quatre chapitres. Le premier traite de la situation politique et intellectuelle des deux pays et des motifs de l'apport de l'élite algérienne à la pensée tunisienne. Il évoque, également, les conséquences de la Première Guerre mondiale sur l'Algérie et la Tunisie ainsi que l'état de la pensée intellectuelle dans les deux pays soulignant, à ce propos, que «dans les années 1920 du siècle dernier est apparue en Algérie et en Tunisie une nouvelle intelligentsia se distinguant par deux pôles, plutôt complémentaires, l'un francophone et l'autre arabophone qui ont donné un nouvel essor à la littérature et à la vie intellectuelle». L'auteur écrit qu'il s'est produit, en Algérie, un changement radical au sein de son élite, notamment après le retour des Algériens mobilisés pour la Première Guerre mondiale (1914-1918), qui révéla alors une nouvelle prise de conscience politique et intellectuelle». Le Dr Chatra a, par ailleurs, évoqué les données naturelles et civilisationnelles, d'autres personnelles et politiques qui justifient cet apport tout en abordant le rôle des Algériens dans la résistance tunisienne et celui de l'émigration dans la vie culturelle et sociale tunisienne. Le deuxième chapitre est consacré aux contributions algériennes à la vie politique tunisienne évoquant, notamment, la démarche audacieuse de l'Emir Khaled, fondateur du courant national réformiste (1919-1924) qui a participé, en 1917, aux côtés de ses frères tunisiens à la conférence de la Ligue des droits de l'homme à Paris. Il avait demandé à ce que «les Algériens et les Tunisiens soient représentés au Parlement français et au Sénat sans renoncer à leur identité arabo-musulmane». Les troisième et le quatrième chapitres évoquent le rôle de la presse algérienne et du mouvement étudiant algérien dans le développement de la pensée intellectuelle tunisienne ainsi que l'apport de l'Algérie au monde arabo-musulman et ses spécificités pour la Tunisie. «En dépit de la politique coloniale discriminatoire et répressive qui visait à détruire toutes les composantes de la personnalité algérienne, les Algériens y compris les émigrés ont accepté le défi et ont pleinement assumé leur rôle», écrit l'auteur à ce sujet. L'ouvrage est accompagné de références bibliographiques d'éminents intellectuels algériens, de documents et articles, de photos de personnalités nationales notamment des membres du premier conseil de l'Association des oulémas musulmans algériens, de Ahmed Toufik El-Madani, Omar Racim et Mohamed El-Bachir El-Ibrahimi et bien d'autres.