Les praticiens généralistes et spécialistes de la santé publique ont dénoncé hier, lors d'une conférence de presse animée conjointement par Dr Mohamed Yousfi et Dr Lyès Merabet, respectivement président du SNPSSP et SNPSP, les dernières décisions de la tutelle et qui consistent à engager une procédure de révocation à l'encontre de tout praticien défaillant. Pis encore, la dernière instruction du ministère de la Santé publique, de la Population et de la Réforme hospitalière (MSPRH) datant du 22 mars parle de remplacement de ces praticiens grévistes par la titularisation de ceux exerçant dans le cadre du pré emploi. «On n'est guère étonnés de ces dernières mesures prises par notre tutelle puisque, c'est malheureux à dire, on a confirmé qu'on n'est pas dans un état de droit», fustige Dr Yousfi qui va plus loin encore. «De par ces décisions, ce sont les droits garantis par l'Etat qui sont piétinés sans parler du droit d'exercice syndical. Finalement ce sont toutes les libertés qui sont bafouées etleur existence en tant que syndicat autonome qui est remise en cause. Avec ces mesures de répression, les pouvoirs publics nous disent que finalement, le pluralisme syndical n'est qu'un mythe». Pour revenir à l'instruction ministérielle en question, la tutelle justifie sa décision par la loi 90/02, totalement oubliée avant cette date du 22 mars car cette même loi régissant les conflits de travail stipule que, dans le cas d'échec des réunions de conciliation, il y a lieu d'avoir recours à la médiation et à l'arbitrage, si la seconde solution n'a pas apporté de résultats positifs. «Nous avons été privés d'avoir recours à la médiation et l'arbitrage et ceci ne confirme que nos droits sont lésés de manière flagrante», rétorque Dr Merabet en rappelant encore une fois, qu'aucun des deux syndicats n'a été notifié d'un verdict de la justice déclarant la grève des praticiens de la santé publique «illégale». Un verdict duquel parle la même instruction et qui date du 21 et 30 décembre 2009. Pour les deux syndicats, la décision sera prise par la base. «Nous allons réunir nos membres durant la semaine et ce sera le conseil national qui siègera en séance extraordinaire qui décidera des mesures à prendre face à cette situation. Ceci étant, notre grève est maintenue et quelles que soient les sanctions que nous subirons, nous ne sommes pas prêts à baisser les bras», lâchera les deux interlocuteurs. Ceci étant dit, la question posée : pourquoi le département de Barkat a-t-il attendu plus de deux mois pour appliquer la décision de la justice ? N'était-il temps de prendre au sérieux le secteur de la santé publique dont la situation aurait dû être réglée bien avant avec toutes les lacunes et les anomalies flagrantes aux yeux de tous ? Si résoudre les problèmes socioprofessionnels des praticiens de la santé publique se fait par le recrutement de briseurs de grève, et la mise à la porte des praticiens grévistes, on peut se prononcer et dire que le coup de grâce n'est pas pour demain ou un avenir proche car ceux qui seront révoqués augmenteront, sans doute, le taux de chômage annoncé cette année de 11% et les nouveaux titulaires se verront confrontés aux mêmes problèmes de ceux qui les ont précédé.