La loi des finances complémentaire de fin juillet 2010 entend faire du credoc le seul mode de paiement. La majorité des importateurs algériens avant la loi de finances complémentaire 2009, qui a introduit cette procédure, n'utilisait pas la procédure du crédit documentaire (credoc), mais beaucoup plus celle de la remise documentaire (remdoc). Le credoc est un moyen de paiement à l'international entre deux partenaires commerciaux, certes le moyen le plus sûr mais le plus cher par rapport au remdoc et au transfert libre qui s'opère auprès d'un organisme bancaire habilité à ce genre d'opération. Ce qui explique surtout que, pour les PMI/PME, généralement les clients ne préfèrent pas régler en credoc, cela revenant cher. II) Les banques algériennes doivent avoir un autre mode de gestion afin de pratiquer le credoc La gestion du credoc suppose de suivre de manière régulière et transparente différentes étapes, à savoir réceptionner et authentifier les instructions du mandant, analyser les instructions contenues dans le mandat et conseiller le client le cas échéant, accomplir les démarches pour obtenir les autorisations nécessaires au sein de la banque, procéder à l'émission/notification formelle de l'instrument documentaire bancaire, comptabiliser l'opération, effectuer les modifications nécessaires suite aux éventuels changements intervenants en cours d'opération en suivant les étapes mentionnées, assurer la réalisation de l'instrument documentaire bancaire impliquant la réception des documents, le contrôle de leur conformité par rapport à l'instrument et aux règles applicables et l'exécution ou le refus de paiement et la saisie informatique et/ou comptable de la réalisation, assurer le contrôle et le suivi des dossiers existants, assurer, en étroite collaboration avec le front-office la gestion des contreparties, des gages et des sûretés liées aux engagements et enfin être un véritable partenaire des clients en entretenant des contacts réguliers avec la clientèle. Or, selon la Banque d'Algérie, à la fin de 2008, nous avons 29 banques et établissements financiers ayant tous leur siège à Alger dont six banques publiques et une mutuelle d'assurances agréée par les opérations de banque, quatorze banques privées dont une à capital mixte, trois établissements financiers et deux sociétés de leasing avec 1.057 agences. Cependant, il existe une nette concentration au profit des banques publiques du fait que sur 1.301 guichets, contre 1.233 en 2007, le secteur privé en totalise seulement 244 contre 196 en 2007 ayant donc globalement un guichet pour 26.400 habitants contre un pour 27.400 habitants en 2007. Cette concentration est d'autant plus nette au profit des banques publiques qui, rappelons-le, ont été assainies ces dernières années pour plus de 5 milliards de dollars — les banques publiques étant malades de leurs clients, les entreprises publiques structurellement déficitaires — assurant en 2008 la presque-totalité du financement du secteur public et 77 % du financement du secteur privé contre 79,4 % en 2007. Il est utile aussi de signaler que le gouvernement a rétabli l'ancien article 104 de la loi sur la monnaie et le crédit autorisant les banques à entrer dans le capital de leurs filiales, mesure qui avait été interdite depuis le scandale de Khalifa. Donc, l'Etat reste au sein des banques publiques prédominant car étant à la fois actionnaire, administrateur, dirigeant, emprunteur, déposant et régulateur, et ce bien avant la crise mondiale d'octobre 2008. Ce qui explique que depuis plus de deux décennies les différents gouvernements successifs parlent de la réforme bancaire mais cette dernière n'a pas lieu en profondeur car touchant des intérêts, les banques publiques étant le lieu de la distribution de la rente des hydrocarbures. Pour rappel, le projet de privatisation partielle de la BDL en 1996 au moment de l'ajustement structurel avec le FMI et récemment l'abandon de la privatisation partielle du CPA. C'est dans cette optique que s'inscrit le fonctionnement de la Bourse d'Alger, une hérésie économique, une Bourse totalement étatique où des entreprises publiques potentiellement déficitaires achètent des entreprises déficitaires avec la bénédiction des banques publiques, leur assainissement entre 1991 et 2008 ayant coûté plus de 40 milliards de dollars au Trésor public, étant revenues à la case départ dans leur majorité, donc ce n'est pas une question seulement d'argent. Autre caractéristique fondamentale du fonctionnement du système financier réel algérien, les nouvelles dispositions du retrait contraint des banques algériennes du marché, y compris le secteur bancaire privé, au financement automobile et de l'ensemble des crédits à la consommation, ces derniers représentant moins de 1,3 milliard de dollars sur 40 milliards d'importation en 2008/2009, selon le rapport officiel de l'ABEF de décembre 2008, qui souligne qu'il n'y a eu que 3 % de ménages insolvables. Pour les voitures, plus de 60 % sont le fait de l'administration et des entreprises publiques non soumises à cette procédure, donc le problème du gonflement des importations étant ailleurs, dont essentiellement la dépense publique et son inefficacité. III) Assurer la transition entre le remdoc et le credoc Aussi, l'efficacité actuelle du système bancaire algérien est mitigée selon les derniers rapports internationaux, le changement de cadres juridiques semblant constituer un des facteurs à l'entrave des affaires. Selon le nouveau rapport Doing Business 2010 de la Banque mondiale en matière de climat des affaires concernant les réformes menées en 2008/2009, l'Algérie est classée à la 112e place en matière de facilitation du commerce extérieur sur une liste comportant 121 pays devançant cinq pays pauvres africains, le Burundi, le Nigeria, le Zimbabwe, la Côte-d'Ivoire et le Tchad, avec une très mauvaise note pour le marché financier national qui se voit attribuer un score de 2,8 sur 7 et la 132e position pour ce qui est de l'efficience et de la sophistication du système financier algérien. (A suivre)