Jeudi, Abdelaziz Bouteflika s'est officiellement déclaré candidat pour un troisième mandat à la magistrature suprême du pays. Il a fait son annonce au cours d'un giga rassemblement organisé dans la coupole omnisports du Complexe sportif du 5 Juillet, auquel ont été conviés le ban et l'arrière-ban des partis, organisations et autres associations acquis à sa candidature. La décision n'est pas une surprise. La majorité des Algériens, bien que divisée sur la question d'un troisième mandat pour Bouteflika, a en effet acquis la conviction que la candidature de ce dernier allait de soi, dès lors qu'a été levé l'écrou constitutionnel qui la rendait impossible. De ce point de vue, les citoyens lambda ont été plus perspicaces que beaucoup d'acteurs politiques et de gens des médias, qui se sont accrochés à d'invérifiables arguments pour douter de l'inéluctabilité de cette candidature. La majorité des citoyens ayant éventé la fausseté du suspens que Bouteflika a entretenu sur sa candidature, l'on ne peut donc qualifier la Kermesse, au cours de laquelle elle a été rendue publique, d'événement politique marquant. Se pose alors la question du pourquoi le Président sortant a choisi de faire acte de candidature dans l'atmosphère d'une cérémonie que d'aucuns ont qualifié de «show à l'américaine», mais qui, en vérité, a été plus proche des rassemblements pour lesquels excelle le régime nord-coréen. La raison nous paraît évidente, à savoir que Bouteflika et son équipe en charge de la campagne électorale ont voulu faire la démonstration que sa candidature a été voulue et est portée par un large mouvement populaire. Ce qui explique que si les partis de l'Alliance présidentielle, leurs organisations satellitaires ont été présents au rassemblement de la coupole, ce ne sont pas leurs affidés qui ont fait l'essentiel du parterre devant lequel Bouteflika a discouru, mais des jeunes rameutés par le biais d'on ne sait quelles promesses. Les jeunes, tout le monde le sait, forment la couche sociale majoritaire dans le pays. La présence en force de la jeunesse à la cérémonie d'acte de candidature de Bouteflika a été voulue par ceux qui l'ont organisée, en tant que signe démontrant qu'il y a convergence dans l'opinion populaire pour le soutien au troisième mandat plus large que celle qui représente les partis de l'Alliance présidentielle et les organisations civiles orbitant autour d'eux. D'où l'insistance de Bouteflika dans sa déclaration de candidature à qualifier celle-ci «d'indépendante» et de réponse à une solicitation populaire sans coloration partisane». Il reste que la forte assistance, rassemblée jeudi pour applaudir à l'acte de candidature fait par Bouteflika, n'est pas forcément représentative de l'opinion qu'a fait la majorité citoyenne sur cette candidature. Le spectre de l'abstention n'est pas pour autant, par conséquent, à écarter parce que les organisateurs de la campagne électorale de Bouteflika sont parvenus à remplir la coupole du Complexe omnisports d'Alger. Sauf que, maintenant que Bouteflika est officiellement en course pour l'élection présidentielle d'avril, le pays va devoir passer par un troisième mandat dont il a été clairement annoncé qu'il consistera à poursuivre les politiques engagées durant les deux précédents. En somme, une continuité contre laquelle s'expriment pourtant ouvertement de nombreux Algériens. Rendez-vous alors au 09 avril.