Pour le gouvernement soudanais, le mandat d'arrêt lancé par la CPI contre le président soudanais vient, plutôt, envenimer la situation au Soudan. Ce sera un prétexte à toutes les rébellions. Dans une conférence de presse animée hier au centre de presse du quotidien El Moudjahid, l'ambassadeur du Soudan à Alger, M. Ahmad Hamed El Faki, a expliqué le refus du gouvernement de son pays d'obtempérer au mandat d'arrêt international lancé le mercredi dernier à l'encontre du président soudanais Omar Hassan Ahmed El Bachir, l'accusant de crime contre l'humanité au Darfour. Ahmed Hamed est revenu longuement sur le conflit du Darfour pour éclairer. Il dira que « la région du Darfour a toujours connu des conflits entre agriculteurs et éleveurs. Ils se sont toujours disputé les terres et points d'eau, mais ces conflits ont toujours connu leur dénouement dans un cadre local et cela depuis 50 ans déjà ». Il ajoutera que « les choses ont commencé à prendre une autre tournure en 2003 lorsqu'il y a eu la rébellion qui, cette fois-ci, sera utilisée par des ONG venues théoriquement apporter aide et assistance aux populations souffrant de conflit armé entre belligérants. Le conférencier expliquera que ces organisations se sont éloignées de leurs vraies missions. Elles ont été à l'origine de fausses informations sur de prétendus massacres et purification ethnique qu'aurait commis le gouvernement soudanais dans cette crise. L'ambassadeur ajoutera que parmi ces ONG, certaines prenaient même des photos des mouvements de l'armée soudanaise. Pour le représentant du gouvernement soudanais, ce conflit donne l'occasion à la France et aux Etats-Unis de renforcer leur présence sur le continent. C'est cette présence qui a, selon lui, compliqué davantage la situation au Darfour. Selon lui, les deux pays cités se « disputent le Darfour » parce que la région regorge de richesses en son sous-sol. Dans le même sillage, l'ambassadeur du Soudan accusera des organisations pro-sionistes d'avoir pleinement participé à un scénario dont l'objectif est l'affaiblissement du Soudan. L'Etat hébreu n'a pas été épargné par le conférencier selon lequel Israël a approvisionné en armes et en argent la rébellion. Le diplomate soudanais s'en est pris ensuite à la Cour pénale internationale dont le mandat d'arrêt est venu déstabiliser le pays. D'autant que celui-ci est intervenu au moment où le Soudan compte organiser, l'année prochaine, des élections présidentielles et parlementaires et au moment où des projets économiques d'envergure sont lancés. Tout en déclarant que son pays est respectueux du droit international, Ahmed Hamed El Faki précisera que le Soudan n'est pas signataire des textes qui fondent la CPI et ne la reconnaît pas par conséquent. Il dénonçait le fait que la décision de la Cour ait été prise sur la base de « faux témoignages » derrière lesquels se trouvent de prétendues organisations humanitaires. Les accusations selon lesquelles l'armée soudanaise s'est livrée à des crimes et massacres collectifs sont basées justement sur ces faux témoignages. Le gouvernement du Soudan n'a pas, selon lui, pris parti et n'a pas donné d'armes à des milices comme cela a été rapporté. La purification ethnique autant que le massacre prétendu de 300.000 personnes relèvent de la fabulation. Le gouvernement du Soudan considère que la CPI s'est détournée de ses objectifs et est devenue un instrument entre les mains des puissances dont le but est de mettre à genoux le Soudan pour mieux exploiter ses richesses. En outre, le Soudan, a précisé son ambassadeur à Alger, « est un Etat souverain. Son gouvernement maîtrise la situation et n'a aucunement besoin d'un tribunal étranger pour juger ses enfants ». Il ajoutera que la justice de son pays a créé des commissions et une cour pénale pour justement traiter de la question du Darfour, ces institutions sont, selon lui, « d'une compétence et une crédibilité qui leur permettent de juger tous ceux qui ont une quelconque responsabilité ».