L'Algérie n'est pas à l'abri du phénomène de la contrefaçon des médicaments. Notre pays encourt un risque certain, estiment des professionnels dans le domaine. Et le danger peut venir des frontières par où transitent les produits de contrebande. Le danger pour la santé publique est bien réel, a souligné le porte-parole du Syndicat national des pharmaciens d'officine (SNAPO), le Dr Belambri, lors de la 5e journée du pharmacien, organisée à l'hôtel Sheraton d'Oran, quand on sait qu'entre 70 et 80% des médicaments consommés en Afrique sont contrefaits et que 25% de médicaments de qualité inférieure sont destinés aux pays pauvres. Même si les professionnels ainsi que le ministère de la Santé parlent de contrôle rigoureux des médicaments vendus dans les officines en Algérie, le risque de la contrefaçon est toujours présent avec les produits qui entrent dans le pays dans les cabas et qui échappent à tout contrôle. « C'est sur la législation que repose la réglementation pharmaceutique. Un médicament non enregistré est un médicament contrefait », indique le représentant du SNAPO, qui met en garde contre ce phénomène. « La contrefaçon pharmaceutique est une entreprise très lucrative en raison d'une forte demande et des coûts de production peu élevés. Les produits contrefaits guérissent moins et peuvent tuer », dira le Dr Belambri en présentant sa communication sur « la menace de la pharmacopée contrefaite ». Ce qui est plus grave encore, ce sont les pratiques de certains laboratoires et organismes pharmaceutiques qui prennent les pays d'Afrique pour des « poubelles ». Le conférencier révèle, en effet, qu'une étude de suivi effectuée en 2004 a montré que « des produits sont retirés du marché de leur production d'origine, mais ils continuent à être exportés et commercialisés au niveau d'autres pays » par ces organismes qui ne respectent pas la date de péremption des médicaments et les font écouler dans d'autres marchés des pays pauvres. « D'autres pratiques de trafic de médicaments consistent en la récupération de produits pharmaceutiques destinés pourtant à la destruction mais qui atterrissent dans certains pays d'Afrique. «Le plus grand fournisseur de médicaments contrefaits est la Suisse», lance le représentant du SNAPO, en insistant sur le fait que « des produits interdits par la France et les Etats-Unis entrent par les frontières dans les pays sous-développés ». Les médicaments les plus exposés à la contrefaçon sont les produits contre la tuberculose, le sida et les antidépresseurs. Par ailleurs, des médicaments contrefaits sont vendus via Internet. Un service de vente en ligne qui fait la promotion de produits contrefaits et qui peut aussi constituer une issue à travers laquelle ces produits sont écoulés. «Ma boîte mail est quotidiennement submergée par des spams sur les médicaments de contrefaçon», dira le même interlocuteur, «Des produits qui sont proposés aux pharmaciens et commercialisés par Internet par les pays développés». Ce moyen de vente constitue aussi un risque sur la santé humaine et doit inciter à la vigilance, estime M. Belambri. La 5e journée sur le pharmacien n'a pas été consacrée uniquement à la pharmacopée contrefaite. Cette rencontre a été aussi l'occasion de débattre du devenir du pharmacien et de tous les problèmes rencontrés sur le terrain. Le président du SNAPO a dénoncé, d'autre part, la vente concomitante pratiquée par certains grossistes du médicament qui « n'ont rien à voir avec la profession », dira M. Abed. « N'importe qui fait n'importe quoi. Le médicament est manipulé par des personnes non professionnelles puisque des diplômes sont loués par des pharmaciens à des tiers et le phénomène prend de l'ampleur actuellement ».