L'Association Fard (Femmes algériennes revendiquant leurs droits) a animé mercredi et jeudi, à l'université, une campagne de sensibilisation contre la violence faite aux femmes. Son but : « informer, sensibiliser et vulgariser le concept du ruban blanc » ; et en prime, créer des débats entre les étudiants sur ce sujet. Cette campagne est organisée en partenariat avec le MEPI (l'Initiative pour le partenariat pour le Moyen-Orient) dont la coordinatrice du réseau Algérie, Mme Kahina Bouagache, était présente. La présidente de l'Association Fard, Mme Boufenik Fatma, a indiqué que cette manifestation était une première en Algérie. « on a de tout temps débattu du sujet de la violence à l'encontre de la femme, mais jamais il n'y a eu une campagne de proximité. C'est la première du genre au niveau national ». La campagne a commencé mercredi dernier à l'IGMO et l'ILE pour se poursuivre le lendemain à la Faculté des sciences humaines. On a dispatché des rubans blancs et des statistiques des violences contre les femmes. Les chiffres avancés révèlent qu'en Algérie, plus 9.000 femmes sont victimes de violence chaque année. « Il est à préciser que ce chiffre ne concerne que les femmes étant allées se plaindre au commissariat. Si on compte toutes celles qui n'ont pas osé franchir ce pas, le chiffre en sera fortement augmenté », souligne-t-on. Notre interlocutrice a expliqué qu'après maintes enquêtes « on s'est rendu compte que toutes celles qui sont allées se plaindre aux commissariats sont des femmes ayant un niveau scolaire plus ou moins élevé, ce qui ne veut pas dire pour autant que celles venant des milieux défavorisés ne sont pas pour autant battues, bien au contraire... Seulement, on a à ce point banalisé cette sorte de violence qu'elle ne choque plus certaines gens ». Mme Kahina Bouagach a déclaré, pour sa part, « qu'importe le rang social de la femme, le fait est qu'elle peut être victime en étant simple ménagère ou chef d'entreprise ». A notre question du rôle de l'Etat, nos interlocutrices ont reconnu que ces dernières années, des tabous ont été brisés. Toutefois, elles ont regretté que cette bonne volonté se réduit seulement aux niveaux des discours sans qu'il y ait un suivi législatif. « L'Algérie a adhéré à de nombreuses conventions internationales. A partir de là, il est de son devoir d'honorer ses engagements». Mme Boufenik Fatma, quant à elle, a souligné que ce n'est pas un hasard si cette campagne a ciblé le milieu universitaire. « Les étudiants sont la génération montante, il est normal qu'on investisse toutes nos espérances sur eux».