Depuis la réélection du président Bouteflika en avril dernier, Abdelaziz Belkhadem se distingue des deux autres chefs de parti, ses partenaires dans l'alliance présidentielle, en évoquant dans chacune de ses interventions la «nécessité de procéder à une seconde révision de la constitution». Ce qu'il n'a pas manqué de marteler encore une fois samedi au cours de la conférence de presse qu'il a tenue à la clôture des travaux de l'université d'été du FLN. Son insistance sur le sujet détonne avec le mutisme de ses partenaires de l'alliance. Il n'y a aucun doute que cette fois encore, le secrétaire général du FLN semble être mieux informé des intentions présidentielles et le fait savoir en faisant d'une seconde révision de la constitution un thème et une revendication récurrents dans les préoccupations qui sont censées constituer l'agenda politique de l'ex-parti unique. Officiellement, le président réélu n'a encore soufflé mot sur cette affaire. Il est clair toutefois que quelque chose serait en préparation et que Belkhadem a été chargé, comme il a eu mission par le passé, de déclencher un débat sur le thème qui servirait de révélateur de l'accueil que l'opinion publique ferait à une seconde révision de la constitution, à propos de laquelle le secrétaire général du FLN a rappelé samedi «que le président Bouteflika avait lui-même déclaré qu'il n'avait pas renoncé à une consultation populaire pour une révision en profondeur de la loi fondamentale de la République». A en croire le chef du FLN, une seconde retouche de la constitution est indispensable parce qu'il y aurait nécessité de clarifier plus que cela n'est dans le texte actuel, les rapports qui lient entre elles les institutions de la République. Il ne cache nullement que sa préférence va à des retouches qui consacreront sans ambiguïté le caractère présidentialiste du régime républicain dans le pays. Bouteflika avait renoncé à introduire des changements dans ce sens dans le contenu de la révision constitutionnelle opérée en février dernier par le biais de la voie parlementaire, en faisant valoir qu'il devait tenir compte «de données liées au contexte international et à des considérations d'ordre interne». En remettant sur le tapis et avec insistance «la nécessité d'une seconde révision constitutionnelle», Belkhadem donne à comprendre que les raisons ayant fait temporiser le président Bouteflika et poussé à procéder à des retouches incomplètes du texte fondamental, ne seraient plus d'actualité. Son forcing donc sur la question est à coup sûr le signal qu'une autre révision est dans l'air. Ce qui, dans l'ambiance du climat de pouvoir autocratique dans lequel le pays baigne désormais, n'est pas spécialement de bon augure pour les quelques concessions à la démocratie reconnues dans la constitution actuelle. Le plus inquiétant est le silence qu'oppose le reste de la classe politique aux récurrentes déclarations de Belkhadem sur le sujet, bien que tous les acteurs politiques sachent maintenant par expérience que lorsque Belkhadem s'agite et donne de la voix, il le fait sur commande et en fonction d'une répartition des rôles arrêtée à plus haut niveau.