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Entre l'Aïd, l'école et le couffin
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 12 - 09 - 2009

Pour la seconde année consécutive, les hasards du calendrier ont été cruels pour l'écrasante majorité des familles, contraintes de faire face aux dépenses du ramadhan, de la rentrée scolaire et de l'Aïd.
Depuis plus d'une semaine, c'est la ruée vers les échoppes, les bazars et les marchés versés dans l'habillement, et ce à travers tout Oran. Choupot, Souk el-kettane et le centre-ville demeurent les plus prisés par des familles entières à la recherche du vêtement beau, solide, mais surtout pas cher. Pour ce, M'dina Jdida, avec ses innombrables ruelles, reste inégalable du fait que le marchandage est permis pour des articles de même qualité. Des jeans pour enfant de 4 ans sont proposé à 1.400 dinars. Sa mère est stupéfaite, elle qui a 3 enfants dont deux scolarisés. Le produit lui plaît et sait qu'elle ne pourra pas l'avoir ailleurs moins cher, mais tente sa chance en demandant au vendeur de lui faire un prix raisonnable du fait qu'elle voit que certains autres produits l'intéressent aussi.
Une autre dame négocie avec le jeune vendeur une éventuelle réduction du coût d'un pull pour adolescent, proposé à 700 dinars. Son objectif est de l'avoir à 500 dinars en faisant descendre la barre jusqu'à 400. Le vendeur réagit et lui dit : «Dernier prix, 600 dinars. A prendre ou à laisser!». La bonne femme ne désespère pas et arrive enfin à l'avoir à 550 dinars. Elle nous dira que dans les centres commerciaux ou les bazars, il est difficile de négocier le prix, alors qu'à M'dina Jdida, les mêmes produits sont vendus moins cher. Et grignoter quelques dinars par ci et d'autres par là vous permet de faire face à d'autres dépenses aussi pressantes les unes que les autres. Selon la dame, les Algériens sont de «bons consommateurs qui recherchent de plus en plus la qualité. Ce qui est en soi une bonne chose». Seulement voilà, assure-t-elle plus loin, les prix affichés dans les magasins et les autres «points de vente légaux», à la veille de l'Aïd, sont loin de correspondre à l'état réel des salaires. Les gens se mettent alors à chercher des produits conformes à leurs bourses.
Après le f'tour, Choupot et le centre-ville sont envahis par des milliers de familles dans un brouhaha indescriptible. Selon les commerçants du premier quartier, le rush cette année a été particulier en raison de l'ouverture de dizaines de magasins spécialisés dans la bonneterie et le prêt-à-porter, mais encore le centre-ville devient inaccessible vu les travaux de voirie entrepris dans les principales artères. Dans cette artère et contrairement à M'dina Jdida, connue pour ses ferrachas, ce sont ces commerçants occasionnels qui viennent chaque année au même endroit et à la même période exposer des habits de l'Aïd et souvent les mêmes que ceux exposés dans des boutiques dites «chic».
Suivons le parcours d'une femme qui doit acheter pour deux enfants, une fille et un garçon. Elle préfère en finir avec le garçon dont le choix est plus facile, aussi bien pour les vêtements que pour les chaussures. En revanche, pour la fille, il y a le mariage des couleurs à respecter; il faut aussi éviter de mettre la même tenue que la voisine, etc. Il est 22 heures et elle commence son shopping en commençant par se faire une idée sur les prix dans les magasins pour se permettre de marchander chez les marchands occasionnels. Vers 23 heures, il est même difficile de circuler sur les trottoirs et ce n'est que vers 1 heure du matin qu'on retrouve la mère de famille. Questionnée, elle est satisfaite de ses achats, même avec plus de 13.000 dinars dépensés.
Durant la journée, la friperie d'El-Hamri accueille également son lot de clients. Ici, on peut distinguer deux sortes de vêtements et souliers usagés: ceux qu'on appelle la «bonne occase» et le tout venant. Les citoyens rencontrés sur place vous avancent qu'ils sont là pour économiser quelque dinars du fait que «nous sommes encore au début du mois et que des dépenses importantes pointent du nez. Là, la différence est de taille, et avec 2.500 dinars, tu peux habiller un enfant de 10 ans; et avec un coup de fer à repasser, le tour est joué. Un père de famille nous dira : «Que voulez-vous, nous sommes coincés entre le couffin et l'école».


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