L'époque des clandestins aux vieux tacots est bien révolue, nous ont déclaré des citoyens de la ville, qui ajoutent que la facilité d'accès aux crédits véhicules (avant la suspension de tous les crédits à la consommation) a fait que ce moyen de locomotion est devenu par les temps qui courent à portée de main. Il suffit juste d'avoir un salaire régulier, et un apport initial suffisant pour que l'on devienne propriétaire de la voiture tant désirée. Et de souligner que de nombreux acquéreurs se sont convertis en taxis clandestins. En effet, ce phénomène qui a pris de l'ampleur ces derniers temps dans la ville du vieux rocher ne passe pas inaperçu puisque ces «fraudeurs new-look» s'adonnent à leur activité au su et au vu de tout le monde, et proposent leurs services aux citoyens désireux de se rendre à tel ou tel endroit, supplantant souvent les taxis jaunes. Ces clandestins aux voitures flambant neuves, on trouve au niveau de presque toutes les stations et autres gares routières, devant les hôpitaux et cliniques, en quête d'une éventuelle course en appliquant, dans la plupart du temps, le même tarif des taxieurs. Les appréhensions de bon nombre de taxieurs que nous avons rencontrés se résument à peu près à ceci «ces nouveaux fraudeurs sont des fonctionnaires ou des salariés, qui perçoivent un salaire en fin du mois. Alors qu'est-ce qui les oblige à user de leurs véhicules neufs frauduleusement, pour gagner quelques dinars de plus et murmurant à l'oreille leur offre de service ?», ajoutent-ils. «Nous sommes réellement otage de ces clandestins», nous ont confié des usagers habitant la nouvelles ville Ali Mendjeli et de Massinissa, qui expliquent que l'anarchie qui caractérise les transports urbains et suburbains, ainsi que le diktat des transporteurs collectifs, ou encore la rareté des taxis jaunes qui désertent la ville dès le coucher du soleil, malgré leur nombre important estimé à plus de 5.000 dans la ville de Constantine, laissent le champ libre aux fraudeurs. Un citoyen explique que le transport en commun étant ce qu'il est, les usagers n'ont d'autre choix que de se rabattre sur les clandestins pour faire un déplacement. Et dans bien des cas, notamment pour les urgences, ces fraudeurs sont une véritable planche de salut. Un clandestin que nous avons approché, nous explique qu'il est fonctionnaire et le recours à ce deuxième travail lui permet de régler les tranches de son crédit auto auprès de la banque. Son seul salaire, ajoute-t-il, suffit à peine à couvrir ses dépenses et les besoins de sa famille.