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Cinéma: le culte d'hier et d'aujourd'hui
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 23 - 12 - 2010

La ville d'Oran vient d'organiser son quatrième festival international du film arabe (FIFAO) dont l'édition a lieu entre les 16 et 23 de ce mois de décembre 2010. Pour quelqu'un qui tombe hasardement sur cette nouvelle dans un journal et qui ne vit pas dans notre pays, il conçoit tout bonnement que l'Algérie dispose d'un nombre assez important de salles de cinéma ouvertes à l'année où le culte cinématographique dispose d'une place prépondérante dans la société en général et la culture cinéphile en particulier.
Entre Oran et Genève ?
J'ai aussi reçu la même nouvelle sur Facebook par le président de l'association Suisse-Algérie-Harmonie en l'occurrence M. Benaouda Belghoul et également président du festival des cinémas arabes de Genève, qui me faisait part de l'événement sur le sol oranais. J'ignore si M. Belghoul connaît la situation de cet art au bled. Je n'apprendrais sûrement rien aux Algériens si je dirais que c'est totalement différent dans la ville dont il préside un de ses innombrables festivals. Il faut noter que la capitale de la Suisse romande dispose d'un site sur la toile qui vous informe de toute l'actualité cinématographique dans la ville (http://geneve.cine.ch). Par ailleurs, cette agglomération dispose d'un parc de 12 cinémas pour 57 salles de projection et 45 différents films à l'affiche durant cette semaine ! On peut avancer qu'il s'agit dans ce cas, de festivals populaires périodiques à l'année. Qu'en est-il exactement chez nous ? C'est là toute la question brute adressée aux initiateurs du FIFAO.
Que quelqu'un ose me citer un journal sur lequel est porté le programme quotidien avec les horaires des séances des films annoncés dans des salles de cinéma à travers les grandes villes du pays. Mises à part quelques très rarissimes bandes-annonces de films à la salle Cosmos de Riadh el Feth ou celle de l'Algéria, en plein centre d'Alger, c'est complètement le vide. N'est-ce pas dérisoire comme arguments que de prétendre organiser un festival, fût-il arabe ? Ne cherche-t-on pas, à travers cette festivité, que le prestige derrière cette publicité en négligeant la promotion d'un véritable cinéma local ?
DONNEZ-NOUS DES CHIFFRES ?
Paradoxalement, la réalité sur le terrain est tout autre chose. Le festival du cinéma d'Oran ne reflète absolument ni la production cinématographique algérienne du moment ni l'absence d'engouement du public ni sa place au sien du monde arabe ou au niveau continental. Puisque c'est le ministère de la Culture qui chapeaute les prétendues imaginaires salles de cinéma, on souhaiterait connaître le nombre de salles effectives dans le pays, leurs chiffres d'occupation ainsi que les recettes engrangées annuellement. Quelle serait alors la réaction des promoteurs du festival si cette question est soulevée par les participants des pays arabes conviés ? Sincèrement je ne souhaiterais pas être dans cette position inconfortable pour y répondre. J'ai bien la crainte de dire que les données réelles vont remettre le pays à des milliers de lieues de l'organisation d'une telle solennité.
C'est comme si on annonçait l'organisation d'une diverse compétition sportive sans que l'Algérie y puisse viser la moindre chance d'arracher une quelconque médaille, faute d'avoir des compétiteurs de niveau et des spectateurs assidus dans la discipline ni encore de salles adéquates. Serait-il logique que notre pays organise, par exemple, un tournoi international de golf ou de rugby sans l'avoir préalablement développer sur son sol ? Le fiasco serait incontestablement établi à l'avance.
A travers cette manifestation culturelle, on a l'impression beaucoup plus de chercher à dissimuler nos tares que de les diagnostiquer pour ensuite les guérir. On a marre de mettre inlassablement la charrue avant les bœufs dans ce pays, on court ainsi sans fin à notre perte. Tous les autres domaines du pays semblent souffrir de cet impérissable dilemme.
LE VIRTUEL AU Détriment du réel
Mais lorsqu'on veut savoir beaucoup plus sur le phénomène, on s'aperçoit très vite qu'il ne s'agit que d'une apparence virtuelle que les chargés de notre culture veulent créer à coups de milliards sans que cela puisse apporter de quelconques résultats probants.
C'est déraisonnable que d'organiser un festival de cinéma dans un pays qui ne dispose que de quelques salles de cinéma qui se comptent sur les doigts de la main. Peut-être qu'il existe deux salles ou trois salles fonctionnelles à Alger en plus d'une cinémathèque dont la rentabilité ferait tourner la tête à plus d'un soucieux gestionnaire. On ne peut qualifier cette extravagance que par la tendance au gaspillage, à vouloir jeter de l'argent par les fenêtres vu l'épais matelas financier dont dispose actuellement notre pays.
C'est tout à fait le contraire pour M. Belghoul qui lutte de toutes ses forces avec son association en demandant, à travers une pétition sur le net, à la municipalité de la ville de Genève de soutenir la réalisation de la prochaine édition 2011 de son festival. Si on réfléchit bien, son festival mérite toutes les considérations de tous les pays concernés car les retombées culturelles positives seraient énormes pour le monde arabe. Pour ne pas tomber dans la critique subjective, interrogeons les personnes vivant autour de soi en combien de fois sont-elles allées au cinéma depuis une vingtaine d'années ? Il existe au moins une génération entière qui n'a jamais de sa vie mis les pieds dans une salle dédiée au 7ème art. Au risque de ne pas se tromper, la majorité ne sait même pas à quoi cela ressemble, ni ne connaît les rites ni le sens d'un entracte, avec la vente de cacahuètes et d'esquimaux durant cet intermède, ou la signification d'une placeuse.
Certes, la télévision et ensuite Internet ont tué le cinéma en Algérie. Cependant, il aurait fallu que cette affirmation soit accentuée de manière flagrante d'abord dans les pays d'Europe, d'Amérique, d'Asie ou des autres pays arabes à l'instar de l'Egypte, à titre d'exemple. Un petit tour dans ces pays nous ferait changer d'avis.
L'escurial, le balzac,
le Lynx et les autres
Comme le hasard fait bien les choses et à la veille de l'inauguration du festival, 4ème du nom, j'étais le mercredi 15 décembre dernier de passage dans la capitale de l'Ouest. En faisant un tour en ville en compagnie de ma fille, je lui faisais remarquer la différence entre Oran des années 70 et celle de 35 années plus tard. En plus de la dégradation du centre-ville, totalement délabré qui m'a paru triste et sombre à l'image du fameux cinéma l'Escurial qui a complètement perdu de son lustre d'antan. Un site réduit presque en ruines, hanté par la solitude et l'oubli, qui se lamente à ne pas en finir sur ses années de gloire et qui vous donne envie de fuir promptement les lieux devenus un endroit fantomatique de l'extérieur. L'intérieur ferait sans aucun doute regretter d'avoir fréquenté ce fabuleux coin de rêves de votre jeunesse. Ce lieu mythique était à son époque un antre du cinéma oranais comme le Balzac à quelques dizaines de mètres plus loin ou celui du fameux Colisée avec les films légendes qui défilaient à longueur d'années sur son gigantesque écran sans oublier bien sûr le célébrissime Régent (baptisé plus tard le Maghreb) comme étant une des plus grandes salles de cinéma et un des fleurons du patrimoine cinématographique du pays. Malheureusement, ils sont tous tombés en désuétude après avoir connu leur âge d'or d'avant les années 80. Durant les années de nos études supérieures dans la capitale de l'Ouest, on descendait en ville à chaque fin de semaine pour aller voir le dernier film en vogue. Le film de Merzak Allouache « Omar Gatlato » me rappelle fortement ces années là comme tant d'autres. De temps à autre, la cinémathèque d'Oran nous attirait aussi par des films de gros calibres culturels. Il fallait être une tête assez pensante et armée d'un esprit assez critique pour pénétrer l'histoire et retenir l'essentiel. Et pourtant, malgré cette ferveur, Oran n'avait pas encore son propre festival qui se justifiait pleinement à cette époque, à l'instar de nombreuses villes de l'intérieur. Si actuellement, des festivals sont organisés un peu partout dans le pays, c'est à la faveur des dollars de la manne pétrolière pour faire plus beau qu'à cause d'une quelconque émancipation d'un domaine particulier. La pauvre salle du cinéma le Maghreb n'a dû son salut que grâce à ce festival après une fermeture qui a duré, tenez-vous bien, plus d'une dizaine d'années. Après ce festival, on ignore le sort qu'il lui sera réservé. Peut-être qu'elle renaîtrait de ses cendres au prochain festival si elle aurait la chance et le privilège d'être retenue d'ici là. Par ailleurs, la rentabilité semble être le dernier souci. C'est aussi l'un des plus grands fléaux dont souffre le pays. On fournit tous les efforts avant le jour J, une fois terminée, la mission est accomplie et définitivement close en attendant des jours meilleurs. On retourne ainsi amèrement à nos années de plomb où rien ne bouge jusqu'au prochain soubresaut. On fait beaucoup plus dans le prestige, le sensationnel et le folklorique que de s'engager sur la constance et la durée.
La logique signifie qu'il faut d'abord inculquer l'amour du 7ème art au grand public avant de songer à organiser une quelconque manifestation de ce type. Si l'Algérie avait glané sa seule palme d'or avec les années de braise de Mohamed Lakhdar Hamina, à Cannes en 1975, c'est que cela avait coïncidé parfaitement avec l'âme culturelle qui régnait en ces années en dépit des insuffisances matérielles et des moyens financiers.
Les ciné-clubs d'antan
Durant cette belle décennie, chaque ville du pays disposait de son propre ciné-club local. Collégien, j'avais déjà ma carte de membre du ciné-club de ma ville d'enfance Relizane. À la fin des années 60 jusqu'au début des années 70, je me rappelle comme si cela était hier, on allait voir un film culte tous les dimanches matin au cinéma Rex ou Dounyazad, l'appellation selon les générations. C'était nos enseignants qui présentaient le film du jour avant sa projection avec le nom du réalisateur, des acteurs et leurs carrières ainsi que les circonstances qui avaient entouré son tournage. Bref, on était en pleine scène du film avant de le déguster.
C'était un silence de cathédrale dans la salle du début jusqu'à la fin. Un petit bruit involontaire nous ferait sursauter de notre profonde concentration sur le sujet. Aucune séquence n'est ratée. A la fin de la projection, M. Hachemi Youcef, notre professeur de français au collège, passait devant les sièges et animait les débats. J'avais l'impression d'être toujours en classe avec tout le sérieux possible en compagnie d'une très sympathique assistance de jeunes cinéphiles. Les débats commençaient timidement puis tout le monde se lançait sans s'arrêter avec des questions et des analyses plus profondes à vous couper le souffle. L'intérêt était, sans cesse, grandissant. Le film était ainsi dévoilé en long et en large et épluché par les intervenants de tous ses sens. Après des débats fructueux qui duraient le temps suffisant, on sortait alors la cervelle pleine d'idées et de projets. La séance finissait vers midi et on se donnait déjà rendez-vous avec un grand plaisir à la prochaine séance.
Les héros «CHIR», «TFOLL» ou «MESKHOT»
Cela nous changeait à 180 degrés des films Westerns Spaghettis de Ringo, de Django ou un peu plus tard avec la série des Trinita et j'en passe, des films où les révolvers s'usaient à tirer sur tout ce qui bouge ou des mélodrames, sans fin, des films indous ou égyptiens avec les sifflets des spectateurs à chaque apparition de l'héroïne ou les cris à chaque combat entre le héros et les bandits de la vallée. Le nom de l'héros changeait à chaque entrée d'une ville. On l'appelait «Chir» à Oran, «Tfoll» à Relizane ou « Meskhot » à Mostaganem. Cela ne veut signifier, en aucune manière, un autre cinéma décrit plus haut. Mais, lorsqu'on voulait se défouler à fond, ces films nous enlevaient tout le stress et la pression des autres jours. Toutefois, à côté, on allait aussi se cultiver en regardant d'autres pellicules qui nous permettaient de soigner notre niveau culturel.
Films de série C
Heureusement que cette année, les organisateurs du FIFAO ont misé sur la simplicité. Lors des précédentes éditions du festival, j'avais l'impression qu'ils jouaient un film de série C, une partie de guignols avec costards et papillons, en plus du tapis rouge et une montée des escaliers avec des acteurs et des actrices en longues robes blanches et maquillages prononcés. Il ne manquait que les paillettes, les limousines et les cliquetis et les flashs des photographes de célèbres magazines pour imiter les césars, sans avoir le niveau artistique requis. Ça ressemblait à du déjà vu outre-mer avec les célébrités et la renommée en moins. Etions-nous à Oran ou à Cannes ? Il n'y a pas mieux que d'être le plus naturellement possible. On ne peut laisser manger le public avide un plat de «karantika» et se faire commander un festin royal par la grâce de l'argent du Trésor public coulant à flots. Un festival, sans une véritable tradition cinématographique, est donc voué à l'échec. Cette mise en scène est contradictoire avec l'état dans lequel moisissent les artistes du cinéma algérien. Leur statut est on ne peut dire antinomique à l'image de l'état du cinéma dans le pays. Il suffit de rencontrer un artiste local pour qu'il vous ouvre son cœur afin de se remettre enfin à l'évidence et se réveiller.


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