La République du Sud-Soudan est devenue le dernier Etat membre de l'Onu. Beaucoup sont sceptiques sur l'avenir de ce nouvel Etat, même si les Occidentaux lui promettent monts et merveilles. Mais le Soudan, lui, le Soudan qu'on ne désigne pas par le Nord, est toujours sous la coupe de Omar El Bachir qui le gouverne de manière chaotique depuis 22 ans. Voilà un représentant d'une caste dirigeante qui n'a pas su faire du géographique hérité de l'occupation une nation et qui ne semble même pas se rendre compte qu'il est responsable d'une terrible faillite historique. Le Soudan incarne, lui également, ce hideux système arabe autoritaire où les gouvernants n'ont pas de comptes à rendre. Quand un président assiste à l'amputation d'une partie du territoire et fait perdre à son pays réduit une part substantielle de ses revenus, on se serait attendu à ce qu'il tire sa révérence. A défaut d'être jugé par les Soudanais ou par la CPI, Omar El Bachir aurait pu avoir la décence de se faire oublier, de se retirer quelque part en Arabie Saoudite par exemple pour méditer sur le désastre d'un exercice du pouvoir autoritaire, aveugle et sans vision. Les Soudanais y auraient peut-être vu un acte de contrition silencieux et auraient peut-être daigné lui trouver quelques excuses. Mais ce retrait n'a pas eu lieu. Omar El Bachir s'accroche et, comble de l'ironie, a annoncé l'entrée de ce qui reste du pays dans la «deuxième république». Avec le même dirigeant et le même personnel, cette république s'annonce tout aussi désastreuse que celle qui l'a précédée. Pour l'extérieur, Omar El Bachir joue au sage, à celui qui a accepté l'indépendance du Sud et a respecté ses engagements. Cette expérience de l'échec monumental ne va pas améliorer le sens politique d'un homme qui a constamment fait dans la fuite en avant pour rester au pouvoir. Omar El Bachir tentera encore une fois de «s'en sortir», c'est-à-dire de rester au pouvoir, en se faisant le chantre d'une application «stricte» de la charia. Il ne résoudra pas les problèmes du Soudan, il ne peut que les aggraver. Un dirigeant qui n'a produit que de l'échec pendant 22 ans de pouvoir ne peut produire autre chose que cela. Et dans le cas du Soudan, l'échec se traduit par un démembrement du pays. On est pratiquement dans la caricature du système arabe. Un régime autoritaire où les gouvernants n'ont pas de comptes à rendre, même si leur action entraîne des conséquences graves et dramatiques pour le pays. La naissance de l'Etat du Sud-Soudan est avant tout l'échec d'une caste dirigeante sans classe et sans éthique. L'indépendance du Sud-Soudan est devenue inévitable, car cette caste qui a hérité d'une géographie a été incapable de vision. Omar El Bachir et les siens ne songent toujours pas ils n'en ont pas les capacités mentales et éthiques à faire de ce qui reste du pays une nation. Au lieu de partir et de laisser un pays se reconstruire sur de nouvelles bases, ces dirigeants sont prêts à tout pour rester au pouvoir. Proclamer la charia ou perdre un autre pan de territoire, cela ne semble pas les gêner outre mesure. Ils incarnent parfaitement le système arabe, celui de l'insécurité nationale.