Quick est venu et puis il est parti. En mode quick. Sans bruit, ni préavis et encore moins une explication. Le passage en Algérie de la première enseigne européenne de hamburger restera dans les annales. Les salariés abandonnés de Quick ont intenté une action en justice et réclament trois ans de salaires d'indemnité et la reconnaissance par leur employeur d'un non respect de leur contrat de travail. La justice pourrait se prononcer en février Quick, première enseigne européenne de hamburger restaurant, a fermé ses portes après quatre années d'activité en Algérie. Installé en mars 2007, l'opérateur a cessé toute activité depuis novembre dernier, «Trois jours avant l'Aïd-El-Kébir», précise un ex-salarié de la chaîne. Quick a mis au chômage tous les salariés qu'il employait au niveau des trois structures dont il avait la gérance : le «Novelty-Larbi Ben M'hidi», le tout premier établissement ouvert voici près de cinq ans en plein cœur d'Alger, le restaurant de Sidi Yahia, inauguré en septembre 2007 pour une capacité de 150 places, et, enfin, le buffet de l'aéroport Houari Boumediene d'Alger. Les responsables de l'enseigne belge en Algérie, c'est-à-dire le groupe français Olivier Bertrand, propriétaire de la chaîne Bert's et de la célèbre brasserie parisienne Lipp, détenteur pour l'Algérie d'une «licence pour le développement de la marque», autrement dit d'une franchise, ont choisi le mode départ silencieux. Aucune annonce, aucune information sur les raisons qui les ont poussés à baisser subitement le rideau et à se séparer de leurs employés sans préalablement les informer. «Il n'y a eu de leur part, confirme un ex-salarié, ni préavis ni contact pour nous aider à comprendre la situation de l'entreprise et celle dans laquelle ils nous ont mis aujourd'hui.» ABANDON ET FUITE L'unique fois où le collectif des trois structures Quick a été convoqué, ajoute cette source, c'était pour signifier individuellement leur mise en chômage à chacun de ses membres, soit 30 employés munis de CDI sur une centaine environ, «Le reste s'est évaporé dans la nature parce que n'ayant que des contrats de trois mois tout au plus», «Ils nous ont demandé, précise-t-elle, de signer un document selon lequel nous acceptons de prendre un congé sans solde. Mais nous avons refusé parce que nous considérons qu'il s'agit là d'un licenciement déguisé, à moindre frais, et sans obligations pour l'employeur de s'acquitter de ses devoirs» vis-à-vis des salariés. Les 30 ex-employés qui ont engagé une action en justice, revendiquent trois années de salaires en guise d'indemnité et la reconnaissance par leur ancien employeur d'avoir usé de «pratiques abusives et illégales» par rapport à la législation algérienne du travail. Leur avocat n'a pas souhaité s'exprimer sur le dossier. Quelques-uns d'entre eux n'hésitent pas cependant à qualifier la décision de Quick Algérie «d'abandon et de fuite» organisés «dont les victimes ne sont pas les salariés uniquement mais également les fournisseurs» qui n'auraient pas été payés à ce jour. CONJECTURES Devant le silence général, la procédure judiciaire engagée par les salariés est la seule à même d'apporter des éléments d'informations sur les raisons d'une fin d'activité aux relents scandaleux, Quick et son représentant français en Algérie ne font aucune communication sur les raisons de sa désertion d'espaces publics et commerciaux importants du pays. Plusieurs hypothèses sur les raisons de l'arrêt brutal des activités sont évoquées mais aucune n'est vérifiable pour l'instant. Une source parmi les ex-salariés fait état de la possibilité d'un différend entre le franchiseur et le franchisé qui aurait été à l'origine de la rupture de leur contrat, une autre suggère une «faillite» due à la mauvaise santé du marché du hamburger «haut de gamme» en Algérie. «Un sandwich à partir de 450 dinars, pratiquement au même prix qu'en Europe, finit à la longue par faire fuir la clientèle et diminuer le chiffre d'affaires». Une troisième source, enfin, n'exclut pas des difficultés administratives auxquelles l'opérateur aurait fait face et l'ont empêché de se développer. Au lancement, en 2007, deux ans après avoir une structure au Maroc, Quick prévoyait l'ouverture d'un minimum de 20 restaurants en 2012. Cinq ans après, jamais un opérateur mondial de la restauration n'a autant mérité son nom ni son logo en Algérie. Sitôt venu, sitôt parti. Sans bruit mais avec beaucoup de casseroles derrière. Affaire à suivre