En dehors de ceux de l'Alliance présidentielle, les autres partis en lice pour la course des élections législatives vont développer des discours électoraux qui seront autant de réquisitoires contre la gouvernance en pratique dans le pays et son bilan. Ils promettront, en guise de programmes, la rupture avec cette forme de gouvernance, notamment en matière économique et sociale. Vaste ambition dont on ne voit pas comment, dans le régime hyperprésidentiel encore en vigueur dans le pays, ces formations pourraient la traduire dans le cas où ils obtiendraient la majorité parlementaire en lieu et place de celle de l'Alliance présidentielle, ayant été les soutiens et exécutants de la gouvernance décriée par elles. A supposer même que le président de la République, prenant acte de la sortie des urnes d'une majorité parlementaire qui ne soit pas celle de l'Alliance, désigne le prochain Premier ministre des rangs d'une des formations constitutives de la nouvelle majorité, il lui fera sans aucun doute obligation de s'en tenir à un programme gouvernemental au plus près de celui sur lequel lui a été élu pour son troisième mandat. Au mieux donc, le nouvel exécutif formé dans ces conditions prendra ses distances avec les pratiques dont use l'actuel pour concrétiser le programme présidentiel. Or, les partis qui fustigent la gouvernance présente la dénoncent également comme étant basée sur des stratégies de développement et d'utilisation des ressources nationales, sources de la faillite à laquelle a été conduit le pays, selon eux. Il leur sera impossible, même en se retrouvant associés à la gouvernance, d'imposer au chef de l'Etat de changer du tout au tout le cap fixé par lui en matière de stratégie de développement. Ils seront constitutionnellement contraints de faire avec un scénario à la marocaine, dans lequel le nouveau Premier ministre et sa majorité parlementaire sont tenus à un programme de gouvernement ne sortant pas des axes fondamentaux fixés par le Palais royal. Peut-être que Bouteflika a en intention, dans son projet de révision de la Constitution, d'octroyer plus de marge de manœuvre aux exécutifs gouvernementaux de l'ère post réformes politiques qui seront constitués en tenant compte des résultats des urnes. La probabilité reste pour le moment du domaine de la spéculation. Il faudrait aux partis qui aspirent à déloger l'actuelle majorité parlementaire et gouvernementale constituée par l'Alliance présidentielle qu'ils soient porteurs d'une alternative en tous points à la gouvernance actuelle, et non point adeptes seulement du «ôte-toi que je m'y mette». Or, les réquisitoires qu'ils dressent contre le pouvoir actuel sont certes très pertinents et appuyés sur des arguments et démonstrations irrécusables. Sauf qu'ils ne s'accompagnent pas chez la plupart d'entre eux d'un programme économique et social en rupture avec la doxa qui est la matrice de celui de Bouteflika et des exécutifs gouvernementaux ayant été en charge des affaires nationales sous son autorité. Il ne leur suffira pas en effet de faire dans la diatribe contre le pouvoir et les gouvernants en place pour convaincre l'opinion et les électeurs qu'ils sont capables, une fois arrivés au pouvoir, de redresser le pays et de le sortir de l'impasse où ils le jugent acculé.