Depuis le mois de janvier dernier, 5 à 6% des boulangers ont mis la clé sous le paillasson, au niveau national. A Oran, sur les 620 boulangers inscrits, seulement 360 activent actuellement, ce qui inquiète davantage les membres de la Fédération nationale des boulangers, quant au devenir de la profession. Un constat alarmant qui ne cesse d'interpeller les pouvoirs publics quant à la gravité de la situation. La crise qui secoue le secteur est profonde de l'avis des professionnels. De plus en plus de boulangers n'arrivent plus à faire face à la cherté de la matière première et aux charges, ce qui explique ces fermetures, a noté, hier, M. Kalafat, président de la Fédération nationale des boulangers, affiliée à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Celui-ci justifie ces fermetures récentes par la série de contraintes qui entravent l'activité dont le manque de main-d'œuvre qualifiée, la cherté de la matière première, le prix de revient de la baguette, la taxe d'environnement fixée actuellement à 9.000 DA pour le chef-lieu, alors qu'elle est de 8.000 DA pour les communes limitrophes, entre autres. Autant d'entraves que la corporation dénonce depuis des années mais en vain. Tout d'abord, les professionnels déplorent le manque flagrant d'ouvriers spécialisés, une relève qui malheureusement n'est pas assurée puisque aucune formation n'est donnée dans le domaine, dans les centres de formation professionnelle. Le métier de boulanger doit être enseigné au même titre que les autres spécialités, a indiqué notre interlocuteur si l'on veut éviter de frôler la pénurie de pain. Déjà dans la wilaya d'Oran, la crise se fait sentir puisqu'ils sont nombreux à avoir baissé rideau, à cause d'un déficit en ouvriers auquel s'ajoute le prix la baguette qui n'a pas augmenté depuis 1996 alors que les charges ont triplé voire quadruplé. A ce titre, l'on cite le cas de la cherté de la matière première, des charges fiscales, l'électricité, les assurances, les cotisations à la CASNOS, le carburant et autres contraintes que le prix de revient ne peut, en aucun cas, rattraper. Cette inadéquation entre une baguette vendue à 7, 50 DA et des charges excessives ont contraint les boulangers à travailler à perte. Au lieu de tricher sur le poids, les professionnels ont préféré mettre la clé sous le paillasson, a-t-il ajouté. Même si un abattement fiscal de 70% a été obtenu cette année, celui-ci a été rattrapé par une augmentation du SMIG des travailleurs et des cotisations à la CASNOS qui sont passées de 23.000 à 32.000 DA. Tout en interpellant les pouvoirs publics à se pencher sérieusement sur le dossier, le responsable tient à rappeler que 3 propositions ont été soumises au ministre du Commerce, avant le mois de Ramadhan. La corporation a demandé soit de revoir à la baisse le prix du quintal de farine, actuellement à 2.000, à 1.500 DA, une baisse de 500 DA qui leur permettra de réaliser une marge bénéficiaire ; soit de baisser le poids de la baguette de 250 à 200 g, soit d'augmenter son prix de vente à 10 DA. Des suggestions sont à présent à l'étude au niveau du gouvernement.