Depuis de longues années, les officiels se félicitent des progrès, que paraît-il, l'on réalise. Pourtant, toujours davantage de mal-logés de toutes conditions, d'expulsés et de sans-abri se résignent, s'impatientent ou se révoltent devant l'échec patent des politiques censées résoudre le problème. Mais y a-t-il vraiment une politique du logement ? Tout le monde le sait. Vivre un jour sous son propre toit reste la première des préoccupations des Algériens. Mais, il semble bien qu'on ait longtemps oublié cette évidence, puisque dans l'un des pays les plus riches de la planète le problème du logement reste, en ce début de vingt-et-unième siècle, l'un des plus lancinants de ceux qui se posent à nos concitoyens. Pour autant être logé est essentiel à une vie heureuse et, pour ceux qui aspirent, l'obsession d'y parvenir est la source de soucis, voire d'angoisses quotidiennes. Aujourd'hui, de nombreuses familles (parmi elles des malades, des handicapés et des personnes âgées) vivent dans des conditions de logement insalubres, faisant fi des normes de sécurité. Elles occupent des habitations sans électricité, ni toilettes, ni cuisine, ni salle de bain. De nombreux ménages cohabitent avec leurs parents dans des demeures trop étroites, d'autres vivent dans une pièce, ou même deux pièces, sans commodités et parfois dans des conditions onéreuses et d'autres qui «n'habitent» nulle part. D'autres familles sont parfois expulsées de force de leurs logements et se retrouvent dans la rue logeant dans des conteneurs métalliques, des garages et même dans d'anciens ayant abrité des transformateurs électriques, et ce faute de solution de relogement par les autorités locales. Leur nombre ne diminue pas et il augmenterait même tant les récents événements nous en dévoilés. Réapparition des bidonvilles et des habitats précaires, effondrements d'immeubles vétustes, inondations d'habitations précaires et pour finir des manifestations bien médiatisées mais sans lendemain. De nombreuses familles poussées à bout par la promiscuité, le surendettement, l'injustice sociale, la pression sociale, se sont même séparées. A quoi bon dès lors engloutir des sommes considérables dans la construction de logements qui, une fois achevés, ne sont pas aussitôt distribués aux familles qui en ont besoin? Ceci est d'autant plus paradoxal que lorsqu'il s'agit de distribuer une nouvelle tranche de logements achevés, les autorités locales font la sourde oreille aux demandeurs et les incitent même à l'émeute en tardant à les distribuer. A Tlemcen, la crise du logement gagne, de plus en plus les ménages. Son ampleur, est aujourd'hui, un constat partagé par un grand nombre de familles, particulièrement affectées par cette crise et la question agite, de plus en plus, le débat public. En effet, le logement suscite l'intérêt des milliers de familles en quête d'un toit décent. Ce phénomène s'explique surtout par les lenteurs et réticences observées, dans la distribution des logements sociaux achevés depuis une décennie. Pourtant, l'état ne cesse d'inciter les communes à construire des logements sur tout le territoire national. Des milliers de logements sociaux et LSP ont été construits au cours de ces dernières années, à Boudjelida, Oujelida, Koudia, Chetouane, Mansourah, Beni-Mester, Hennaya, Maghnia, Ghazaouet, Sebdou, Bensekrane, Ain Tellout, Ain Youcef, Bab El-Assa, Remchi et Tlemcen, mais, ils restent malheureusement fermés et livrés au vandalisme et à la dégradation et ce, au moment même où des milliers de citoyens en quête d'un toit souffrent le martyre. Cette situation inexplicable irrite énormément les familles qui vivent dans des conditions déplorables, et qui ne savent plus à quel saint se vouer. Alors que certains privilégiés (les plus heureux) profitant de cette situation exceptionnelle louent leurs logements à des prix faramineux. A Terny, ce sont des dizaines de logements «haut standing» réalisés durant les années 90 par la CNEP et transférés à l'OPGI, qui n'ont pas été distribués et restent abandonnés. Face à ce gâchis et à cette dilapidation des deniers publics, le citoyen contribuable est en droit de demander des comptes. Récemment, des voix se sont élevées pour dénoncer cet état de fait et plusieurs sit-in ont été organisés devant les sièges des APC et de la wilaya pour attirer l'attention des responsables, mais en vain. La crise du logement qui affecte la wilaya, ne fait qu'accentuer les autres aspects de la crise: détérioration du cadre de vie du citoyen, décalage qualitatif entre l'offre et la demande, sélectivité croissante du marché, mobilité résidentielle en baisse, situation de mal-logés pour les ménages les plus modestes.