Le silence officiel absolu qui a été observé sur tout ce qui a trait au projet de révision de la Constitution dont la rédaction a été confiée par le chef de l'Etat avant de tomber malade à une commission de juristes, a fait soutenir par certains milieux politiques et médiatiques que cette «mère des réformes» à laquelle tient Bouteflika ne serait plus dans l'agenda du pouvoir, du moins pas dans la séquence temps qui sépare le pays de l'échéance de l'élection présidentielle en 2014. D'aucuns développent l'argument que Bouteflika malade et ayant de ce fait perdu le pouvoir de décision, le calcul politique qui a été le sien dans sa décision de procéder à une révision constitutionnelle avant le rendez-vous électoral de 2014 n'est plus pris en compte par ceux qui assument la réalité du pouvoir dans le pays en ses lieu et place. Ce décryptage semble avoir été partagé par des partis d'opposition qui ont rendu publics leurs propres projets respectifs de nouvelle Constitution dans le but de provoquer ce débat national sur le sujet auquel Bouteflika n'a pas voulu soumettre le sien. Sellal a rompu le silence officiel qui a donné naissance aux spéculations sur la mise au placard du projet présidentiel de révision de la Constitution en affirmant que la commission nommée par Bouteflika a terminé son rapport qu'elle «présentera directement au président de la République à son retour». Sa déclaration, le Premier ministre l'a faite en marge de la session parlementaire tenue samedi à l'APN. L'occasion pour lui de s'inscrire en faux contre la thèse qui s'appuyant sur une convalescence s'éternisant du chef de l'Etat donne celui-ci définitivement «hors jeu» des préparatifs de la cuisine politique du pouvoir destinée à être la réponse de ce dernier aux aspirations au changement qu'exprime la société algérienne. Il n'en demeure pas moins qu'encore une fois la tentative de Sellal de «remettre les pendules à l'heure» face aux rumeurs et spéculations qui font à nouveau florès autour de l'état de santé du Président et sur sa capacité à faire prévaloir son agenda sur tout autre n'a pas convaincu. Ceci pour la raison que l'affirmation par lui d'un retour «très prochain» de Bouteflika au pays assénée à plusieurs reprises depuis l'hospitalisation de ce dernier à l'étranger est démentie par le fait que celle-ci se prolonge trop au-delà d'une période rendant crédible que ses capacités physiques n'ont pas été sérieusement affectées par la maladie. Comment donc ceux qui nourrissent le doute sur ce qui leur est officiellement déclaré à propos de l'état de santé du chef de l'Etat, pourront-ils être convaincus qu'il garde effectivement la main et qu'il sera en capacité de faire aboutir la révision constitutionnelle qui lui tient à cœur et au temps fixé par lui à celle-ci. Le «prochainement» que ressasse Abdelmalek Sellal concernant aussi bien le retour au pays de Bouteflika que pour la présentation de son projet de révision constitutionnelle devant le Parlement sonne à leurs oreilles comme l'aveu du «trou noir» dans lequel sont les autorités du pays du fait que l'extravagante situation constitutionnelle et institutionnelle devant laquelle les ont placées la maladie et l'éloignement du pays de son premier magistrat est source de toute décision d'importance.