La protesta revient de nouveau sur les tableaux blancs de l'éducation avec une convergence de revendications des principaux partenaires sociaux du ministère de l'Education nationale. Dates arrêtées, décisions de surseoir à la trêve syndicale et relance des plates-formes revendicatives, les syndicats autonomes de l'éducation reviennent au galop de charge pour mettre la tutelle dos au mur des contestations. Revendications qualifiées de «légitimes», les différents syndicats, sans se concerter à priori, se sont donné le mot pour acculer le nouveau ministre de l'Education nationale et exiger la satisfaction totale des doléances professionnelles partagées par l'ensemble de la famille de l'éducation. Alors que l'on pensait que l'ère Benbouzid était révolue, voilà que la grogne contestataire refait surface, et vaillamment, pour un bras de fer qui risque de s'éterniser au vu des différents protagonistes en jeu. Cnapest, Snapest, Cla, Unpef, les sigles changent pour un même objectif : une satisfaction des revendications professionnelles et une seule victime : les élèves. Car, il faut bien se l'expliquer, si le mano à mano concerne les syndicats et le département de l'Education nationale, les victimes collatérales sont et resteront les élèves algériens, otages malgré eux d'un conflit qui ne les regarde ni de près ni de loin. Un conflit dont ils ont toujours été l'enjeu, partagés entre un népotisme ministériel omnipotent et une volonté de contre-pouvoir souvent entachée de soupçons partisans ou de mainmise sur le combat originel syndical. Au-delà des exigences des uns et des autres, en faisant fi des intentions et des relais en place, l'Ecole semble être au carrefour d'un combat douteux où les seules victimes expiatoires restent l'ensemble des élèves d'un système mis en place sans l'aval des professionnels du secteur. En l'absence d'un programme national désigné et adoubé par tous les partenaires de l'éducation, on imagine mal une sortie de crise ponctuelle à un problème dont les racines ont plus de deux décennies de vie. Reste que l'Ecole algérienne charrie et focalise à elle seule tous les maux sociétaux et donne du grain à moudre à ses détracteurs qui en ont fait l'une des raisons de l'explosion de violence qu'a connue le pays pendant la décennie noire. Maintenant à savoir qui a raison et qui a tort des deux adversaires, c'est simplement une question de bon sens et malheureusement c'est ce bon vieux sens qui fait grandement défaut actuellement dans la vie de tous les jours de l'Algérie. Que reste-il donc à faire ou à espérer pour les millions de parents d'élèves qui risquent, à leur corps défendant, de débourser un peu plus à ces enseignants en grève pour des cours particuliers ? Tout un paradoxe dont se nourrit l'Algérie informelle au détriment des véritables valeurs démocratiques et républicaines. Notre propos, dans cette tribune, n'est ni de donner tort, ni de réconforter un des protagonistes dans ce bras de fer, mais simplement de rappeler les priorités en jeu, celle des élèves en particulier, dont les droits sont toujours foulés aux pieds des revendications professionnelles des uns et de l'autorité militariste des autres. A quand donc un juste milieu où les droits constitutionnels de tout un chacun soient sauvegardés ?