Depuis que Bouteflika a eu son accident de santé, aucun chef d'Etat étranger n'a effectué de visite officielle en Algérie. Des visites de ce niveau, il y en avait probablement d'inscrites dans le calendrier diplomatique du président qui ont dû être annulées pour cause de son incapacité physique à recevoir ses hôtes avec le protocole dû à leurs rangs. Que de ce fait l'Algérie n'a depuis lors reçu aucun chef d'Etat étranger a été l'un des arguments que les partisans de l'application de l'article 88 de la Constitution sur la vacance du pouvoir ont mis en avant pour la réclamer. Graduellement, Bouteflika a renoué avec l'exercice de ses fonctions en accordant des audiences de plus en plus nombreuses, d'abord à de hauts responsables nationaux puis à des personnalités étrangères en visite dans le pays. L'exercice a été décrié par ses détracteurs en tant qu'opération de communication destinée à offrir le change sur la réalité de l'état de santé du président grâce à la complicité bienveillante de ses hôtes. Peut-on croire que la visite qu'effectue en Algérie depuis hier le président malien Ibrahim Boubacar Keita a été programmée au même motif et avec le même objectif contre lesquels s'insurgent les détracteurs de Bouteflika ? Il y a lieu de souligner que l'annonce de la venue en Algérie du président malien a été rendue publique peu après le retour de Bouteflika de l'hôpital français du Val-de-Grâce où il s'était rendu pour selon la version officielle y subir un «contrôle et des examens de routine» qui, selon la même source, ont montré «une nette amélioration» de son état de santé. Le diagnostic de l'équipe médicale du Val-de-Grâce a dû très certainement être pris en compte dans sa décision de recevoir son homologue malien. L'occasion lui est ainsi donnée de démontrer qu'il récupère progressivement mais véritablement ses capacités physiques contrairement à ce que prétendent ceux qui le disent irrévocablement incapable d'assurer ses charges présidentielles. Il apparaît probable que plus l'heure de vérité se rapproche pour ce qui est de l'échéance de la présidentielle, plus Bouteflika se fera présent et donnera à jauger de son état de santé. Ce qui sera l'indice de l'intention qui est la sienne. Laquelle à notre point de vue est qu'il est déterminé à briguer son quatrième mandat. Ce n'est pas un effet de hasard si la campagne en faveur de ce quatrième mandat a été relancée sans ambiguïté par le président du parti TAJ, Amar Ghoul, juste au retour de Bouteflika du Val-de-Grâce. Le résultat du contrôle et des examens médicaux effectués dans cet hôpital semblet avoir levé les doutes qui ont taraudé Bouteflika et ses partisans du quatrième mandat. Il y a chez eux du soulagement qu'ils vont tenter de communiquer à ceux qui sans être contre le maintien à son poste de Bouteflika ont reculé devant cette perspective motivés par le scrupule que l'Algérie étant confrontée à une situation intérieure et à un contexte extérieur ne peut être gouvernée par un président dont l'état de santé laisse à désirer. En recevant IBK, président d'un Mali, pays dont les problèmes auquel il est confronté ont des incidences extrêmement préoccupantes sur la sécurité de l'Algérie, Bouteflika signifie qu'il reprend la main en terme de concertation et de décision sur les dossiers chauds qui concernent le pays et qui ont tout faux ceux qui se sont empressés de le dire dépassé et «enterré».