1ère conséquence des élections européennes : Malgré leur première place aux élections européennes, les conservateurs se livrent une guerre interne pour désigner le futur président de la Commission européenne. La zizanie est semée, au sein du Conseil européen. Première conséquence du résultat du vote aux élections européennes : guerre de tranchées, au sein du Conseil européen (chefs d'Etat et de gouvernement), pour la désignation du candidat à la présidence de la Commission européenne. Réunis, mardi soir, à Bruxelles, les 28 chefs d'Etat et de gouvernement ne sont pas arrivés à un accord, sur le nom du futur président de la Commission, alors même, que le Luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, porté par l'arrivée, en tête, de sa famille politique, celle des conservateurs (PPE), était le candidat légitime, selon les termes du « contrat » de ces élections européennes. En effet, traditionnellement et selon le Traité européen, ce sont les chefs d'Etat et de gouvernement qui disposent du pouvoir de nommer le président de la Commission. Cependant, exceptionnellement, le Conseil européen avait dérogé à la règle et accepté que le futur président de la Commission soit désigné parmi la famille politique, arrivée en tête des élections européennes. Du coup, Juncker revendique, à juste titre, le poste. Malheureusement, les choses ne sont pas si simples et à vrai dire, la règle de la proportionnelle, au sein du Parlement (PE), oblige le candidat à la présidence de la Commission, à avoir une majorité absolue, soit 376 sièges sur les 751 du PE. Or, la famille politique de Juncker, le PPE ne dispose que de 213 sièges, tandis que la 2ème famille, celle des socialistes (PSE) dispose de 189 sièges. Et même si le groupe des libéraux démocrates (ALDE) auquel appartient l'autre ténor, le Belge Guy Verhofstadt, apporterait son soutien, comme d'habitude, à M. Jean- Claude Juncker, ce dernier n'aura pas, toujours, cette majorité absolue, puisque le groupe ALDE n'a engrangé que 64 sièges. Ne reste à M. Juncker que l'alliance avec le groupe des socialistes et ses 189 sièges, gagnés lors de cette élection. Et c'est là que commence une autre dimension de la bagarre politique : quelle feuille de route et quel programme vont réunir les deux grandes familles politiques du PE que sont les conservateurs et les socialistes ? Les premiers parlent de déficit, de dette publique, de libéralisme classique, d'accord de libre échange avec les USA, etc. quand les seconds parlent de fin de l'austérité financière, de croissance, de précautions de la réglementation européenne, dans la perspective d'un accord de libre échange, avec les USA etc. Ensuite, les conservateurs ne sont pas si loin des nationalistes et de la droite dure sur les questions sociétales : immigration, droits et libertés citoyennes (mariage pour tous, avortement ), alors que les socialistes sont plus « avenants » et plus engagés sur ces questions. Le consensus entre ces deux grandes familles politiques ne s'annonce pas facile avec, en sus, le jeu stratégique auquel se livrent des pays qui ont déclaré, ouvertement, leur hostilité à la candidature de Jean-Claude Juncker : la Grande-Bretagne, le Danemark, la Hongrie, les Pays-bas et la Suède, notamment. ABSURDITE POLITIQUE Mardi soir, la Grande-Bretagne, avec l'appui de ces pays, a déclaré son hostilité à ce que ce soit le PE qui choisisse le président de la Commission. Elle voit, dans cette forme de désignation, une atteinte au pouvoir de décision du Conseil européen, tel que défini par le Traité européen. Le Premier ministre, David Cameron, estime que la Commission dispose, déjà, de pouvoirs étendus et « intrusifs », dans les affaires intérieures des Etats, pour ajouter plus de « poids » au PE, en lui laissant le choix du président de la Commission. De plus, David Cameron n'aime pas le « fédéralisme » de Juncker. Partant, certains y voient, dans cette attitude, des raisons de pure politique nationale : la montée des eurosceptiques et anti-Europe, en Grande-Bretagne, que Cameron voudrait contenir. Quant au Danemark, faut-il rappeler que c'est le parti populiste et anti-immigration qui a gagné l'élection européenne. Ceci expliquant cela, c'est le Français, François Hollande qui se trouve coincé dans la situation la plus inconfortable : face à la déferlante de l'extrême droite en France, il a déclaré, tout de suite, son soutien à Jean-Claude Juncker, le conservateur. Le socialiste français dans les « rets » du conservatisme (droite européenne). François Hollande a eu, en marge du Sommet, un entretien avec la chancelière allemande, Angéla Merkel, mais pour rallier sa position, Mme Merkel a déclaré son soutien à M. Juncker. Elle n'a pas de souci : Junker ou l'Allemand Martin Schultz (PSE) c'est pareil : elle co-gère l'Allemagne avec le SPD (socialiste). Devant de telles difficultés, les chefs d'Etat et de gouvernement ont préféré prendre le temps de trouver un compromis : ils ont délégué au président du Conseil, le Belge Herman Van Rompuy, la mission de mener des pourparlers avec les dirigeants, groupes politiques au PE, chefs de partis etc. de trouver un accord, sur le futur président de la Commission. Ils se prononceront, lors de leur prochaine réunion, prévue les 27 et 28 juin prochains. Les observateurs à Bruxelles ont, à juste titre, concluent à l'absurdité de la situation : ce sont des pays conservateurs (Grande-Bretagne, Hongrie, Danemark ) qui s'opposent à la désignation d'un conservateur, Jean-Claude Juncker. Tout porte à croire que l'UE risque de perdre son âme et virer vers plus de disputes internes que sur la construction de ce destin commun qu'elle bâtit depuis près de 60 ans.