La pomme de terre a de nouveau atteint la barre des 80 dinars sur les marchés de détail en cette deuxième quinzaine du mois de septembre, un palier qu'elle n'avait pas franchi depuis des mois. Cette hausse du coût du légume le plus consommé par les Algériens n'a pas laissé indifférents les chefs de ménage. A quelques jours de la fête de l'Aïd El-Adha, cette situation n'arrange pas les choses, surtout qu'elle devra s'étaler jusqu'au mois de novembre, début de la récolte de l'arrière-saison. Selon un membre de la chambre de l'agriculture de la wilaya d'Oran, «cette hausse est due à la période creuse de la production. L'essentiel de la consommation entre août et octobre provient de la production stockée entre mai et juillet. Celle-ci couvre la consommation jusqu'à l'arrivée sur le marché de la primeur de l'hiver. C'est donc la période la plus difficile de l'année, celle qui voit traditionnellement les prix flamber. Selon notre interlocuteur, «la première récolte de la pomme de terre primeur est attendue pour le mois de novembre, alors que la pomme de terre de la réelle saison (celle cultivée en été) sera récoltée vers la fin du mois de décembre. Il y a aussi la pomme de terre extra primeur (nouvelle récolte) qui est relativement moins chère. Cette pomme de terre est cultivée notamment au niveau des zones côtières comme Mostaganem et Tipaza, entre autres». Par ailleurs, la récolte de pomme de terre de l'été 2014 a été relativement faible. «A Oran, il n'y a pas de grandes superficies consacrées à la pomme de terre», ajoute notre interlocuteur. Pour la wilaya d'Oran, sur les 120 hectares réservés à la pomme de terre, seulement 85 ha sont en production. Grâce au système Syrpalac, les besoins du marché local en pomme de terre ont pu être couverts durant cette période creuse. Actuellement, la pomme de terre qui était stockée dans les chambres froides est cédée par certains détaillants entre 70 et 80 DA. Le prix relativement élevé de la pomme de terre a entraîné vers le haut tous les autres produits: la tomate est autour des 70 et 80 dinars. Même l'oignon a dépassé le seuil des 40 dinars. En l'absence d'une politique de régulation et de protection des consommateurs, les chefs de famille se retrouvent livrés à eux-mêmes. De leur côté, les commerçants expliquent ces hausses par, notamment, le déséquilibre entre l'offre et la demande. «Les producteurs et certains intermédiaires ont recours au stockage des produits dans les entrepôts frigorifiques. Et en cette période, les spéculateurs saisissent l'occasion». Le manque d'infrastructures de stockage et l'insuffisance des marchés de proximité sont également des facteurs à l'origine de la hausse des prix des fruits et légumes. Les chambres froides doivent assurer l'équilibre du marché, chose qui n'est pas possible en Algérie, à cause de leur manque. Les autorités semblent incapables de réguler le marché des fruits et légumes, laissant le consommateur livré à la seule loi ultralibérale de l'offre et de la demande. D'une part, le manque de produits disponibles dans les marchés de gros, de l'autre l'augmentation de la demande citoyenne. Par ailleurs, la cadence de déstockage de la pomme de terre va s'accélérer au courant de la semaine prochaine en vue de répondre à la forte demande sur ce produit pendant les premiers jours du mois d'octobre coïncidant avec la fête de l'Aïd El-Adha.