Neuf militants des droits des chômeurs ont été condamnés, à Laghouat, à des peines allant de six à dix huit mois de prison ferme, et 8 autres à six mois de sursis. C'est hier mercredi que le verdict de cette affaire, qui tient en haleine Laghouatis et défenseurs des droits de l'homme, est tombé. Les 9 personnes, militants pour le droit au travail, ont été arrêtées fin janvier pour attroupement illégal devant un palais de justice. Hier, Mohamed Rag a été condamné à 18 mois de prison ferme. Les huit autres militants ont été condamnés à 12 mois de prison, dont six avec sursis. Leur avocat dit n'avoir pas pu assister à l'audience, car s'étant déroulée tôt dans la matinée. Huit de ces militants étaient poursuivis pour attroupement non armé et pour avoir exercé une pression sur les décisions des magistrats. De son côté, Mohamed Rag, membre du mouvement des chômeurs de Laghouat, était poursuivi pour violence envers agent de la force publique dans l'exercice de ses fonctions. Leur avocat, Me Nouredine Ahmine, indique que ses 'clients'' vont certainement faire appel de ce jugement. «Je vais les voir cet après-midi et on va parler de la possibilité de faire appel. C'est sûr, on va faire appel », explique- t-il. Et d'ajouter que « personnellement, je suis choqué, je ne m'attendais pas à ce qu'ils soient condamnés aussi sévèrement ». Huit des 9 militants du Comité national de défense des droits des chômeurs (CNDDC) ont été interpellés le 28 janvier dernier, alors qu'ils manifestaient à l'extérieur du palais de justice de Laghouat, où se tenait le procès de Mohammed Rag, arrêté le 22 janvier dernier. Me Nouredine Ahnine estime, dans des déclarations à la presse, que 'la justice fait ici une mauvaise interprétation du code 97 du code pénal, qui punit un attroupement qui perturbe de façon significative l'ordre public. Or, mes clients étaient debout sur le trottoir quand ils ont manifesté en soutien à Mohamed [ndlr Rag], ils ne dérangeaient personne. Quant à Mohamed Rag, une des figures locales pour le droit au travail, il a été arrêté et poursuivi pour violence envers agent de la force publique dans l'exercice de ses fonctions. Arrêté le 22 janvier dernier, il avait été immédiatement placé sous mandat de dépôt, selon la procédure de flagrant délit, et poursuivi pour « violences envers agent de la force publique dans l'exercice de ses fonctions », sur la base de l'article 148 du Code pénal. Au terme de sa première audience, le 28 janvier, le procureur avait requis un an de prison ferme. Le 20 février 2013, Mohamed Rag avait été déjà arrêté lors d'une manifestation devant le bureau de main d'œuvre de Laghouat, pour revendiquer le droit au travail. Poursuivi pour « attroupement », « incitation à attroupement » et « destruction de biens d'autrui », il avait finalement été acquitté le 12 mars 2013. Le 13 juillet 2014, il avait été également acquitté pour manque de preuves, dans le cadre d'une autre affaire concernant une manifestation qui s'était déroulée à Laghouat le 8 juin 2014. Suite à une autre manifestation, trois mois plus tard, Mohamed Rag et cinq autres personnes avaient été arrêtés et poursuivis pour « attroupement armé » et « outrage à fonctionnaire » puis encore acquittés le 30 novembre 2014. Des organisations de défense des droits de l'homme, dont la FIDH, avaient, mardi, demandé dans un communiqué publié à Paris, Genève et Copenhague, la libération 'immédiate et inconditionnelle'' des 9 militants.