La Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD), chère à l'opposition, risque de connaître un avis de tempête conséquence directe de la rencontre entre Abderrezak Makri, le président du MSP, et Ahmed Ouyahia, chef de cabinet de la présidence de la République. Si l'initiative personnelle de Makri a été accueillie, dans un premier temps, avec circonspection, le Front pour la justice et le développement (FJD) et son président Abdellah Djaballah rappellent tout le monde à leurs responsabilités. Le FJD sort d'un silence gêné, qu'on aurait cru consensuel, tant la tendance générale était au «no comment», et menace de se retirer de la CNLTD au plus tard vendredi. Un ultimatum qui sonne comme un désaveu de la politique attentiste de la Coordination qui a préféré ne pas réagir publiquement devant l'initiative de Makri que de risquer de voir des zébrures fissurer sa maison. Le parti islamiste reproche aux autres composantes de la Coordination de ne pas avoir commenté cette fameuse rencontre du 10 juillet et lui demande, sous peine de se retirer, de «prendre une position claire, nette et précise». Il accule ainsi la Coordination à désavouer la démarche de Makri au risque de voir la formation islamiste se retirer de la Coordination. Le parti de Djaballah estime qu'il aurait été plus judicieux de se prononcer contre ce genre d'initiatives «que nous ne voulons pas voir se répéter dans l'avenir». Un impair selon le FJD qui viole un des sacro-saints principes de la CNLTD qui doit statuer sur toute discussion avec le pouvoir. Ces premières fissures dans les rangs de l'opposition augurent d'une lézarde plus sérieuse qui risque de remettre même en cause la pérennité de la Coordination comme voulue par une opposition qui ne peut se permettre de marcher en rangs dispersés. Lors de cette rencontre, Ouyahia, parlant au nom de Bouteflika, avait invité les acteurs politiques regroupés autour de l'Instance de concertation et de suivi de l'opposition (ICSO) et la CNLTD à venir dialoguer au siège de la présidence. Nouvelle approche d'apaisement avec l'opposition, tentative de «réconciliation» politique, cette initiative qui vient en droite ligne du discours de Bouteflika à l'occasion du 5 Juillet, augure à priori d'une nouvelle page des relations entre les deux parties. Diversion, gain de temps, les sceptiques avaient vu derrière cette démarche la volonté de Bouteflika d'occuper l'opposition pour un certain temps et pourquoi pas la fragiliser de l'intérieur à travers des approches individuelles. Et c'est justement ce qui vient de se produire avec cette première défection qui se profile à l'horizon.