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Boudraâ, née Lucette-Madeleine Dubard : Hommage à une militante hors du commun
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 26 - 08 - 2015

Madame Boudraâ n'est plus, elle a rejoint dans l'éternité le maître et le père spirituel de plusieurs générations de médecins. Elle est venue d'Oran pour s'éteindre à Montpellier, elle qui a vécu et adopté Oran comme terre pour toujours. Cette femme de Poitiers, née Lucette-Madeleine Dubard à Châtellerault, discrète et humble devenue Nadia Boudraâ avait unit son destin à un «indigène» de l'époque. Elle l'a accompagné durant sa formation de médecin et a rejoint, l'Algérie combattante, pour s'engager, avec lui, dans le combat pour la liberté et la dignité. Jeune étudiant, issu d'une famille algérienne modeste, épris de liberté et imprégné de l'effervescence du mouvement national, Si Abbas Boudraâ s'inscrit pour des études de médecine, d'abord à Alger. Ne pouvant pas être logé , car de ce temps-là «on ne louait pas à l'Arabe indigène», il quitte l'Algérie pour entamer des études à la faculté de médecine de Poitiers. Pour subvenir à ses besoins, il fait des petits boulots et joue au football. Dans cette ville chargée d'histoire, foulée par les galops des chevaux arabes, qui a donné naissance à la légende de Charles Martel, une version déformée souvent par les historiens, l'Arabe eut la chance et le bonheur de rencontrer la femme de sa vie, qui devint sa compagne, pour toujours, en épousant son idéal et en participant à tous ses combats.
A l'appel de Front de Libération nationale de l'année 1956, Abbas Boudraâ , médecin et interne en chirurgie quitte l'Université française et rejoint les feux du maquis de l'ALN, à la frontière tunisienne , il devient le chirurgien de l'Armée de Libération nationale au service de son pays, Lucette, à ses cîtés, est son soutien indéfectible et sa compagne. Si Abbas assiste aux évènements sanglants de Sakiet Sidi Youssef et soigne les blessés et les mutilés de ce massacre. Tous deux portent en eux les grands rêves d'une Algérie nouvelle, réconciliée et plurielle. Ils la voulaient fidèle à ses traditions ancestrales et à son histoire. Ils la voulaient « la Bahia », celle qu'Ibn Khaldoun a décrite.
Celle qui a hanté le prince andalou échoué dans un naufrage sur le rivage des «Andalouses». Celle des deux lionceaux qui prient aussi bien «Sidi el Houari» et «la Vierge de Santa Cruz» Celle qui a été bercée par la voix de Reinette l'Oranaise avec le regard du cœur sur notre siècle.
Celle d'antan
L'heure de l'Indépendance ayant sonné la fin des hostilités et les évènements de l'OAS arrivant, imposent à Si Abbas de regagner plus tôt que prévu la ville d'Oran, pour soigner ses compatriotes à la clinique «Tambouctou» de Médina Jdida», et au prix de sa vie. C'était une véritable guerre civile qui empêchait la population arabe de se rendre dans les quartiers européens. Lucette, quant à elle, décide de le rejoindre avec ses enfants, en bas âge, Oran, et en bravant tous les dangers.
L'Indépendance arrivant, il devient médecin chef de la chirurgie au Pavillon 10 du CHU d'Oran et premier maire de la ville d'Oran, Lucette est secrétaire de la direction de l'hôpital d'Oran. la Clinique Aït Idir Ali, ancien Pavillon 10 qu'il dirige devient une véritable école de formation pour les médecins et les chirurgiens et un lieu d'humanité pour les malades. Des souvenirs remontent du fin fond de ma mémoire, je me souviens d'un jour où Si Abbas, malmené par les responsables de la Santé de cette période, et n'ayant aucun autre moyen de s'opposer à une mauvaise organisation de notre système de santé entame une grève de la faim, me dit avec colère « je ne suis pas triste à cause d'eux, mais je le suis pour ce beau jeune homme qui a agonisé dans mes bras, à la suite d'un attentat de l'OAS , et qui me répétait à plusieurs reprises «cela ne fait rien Si Abbas que je meure , pourvu que l'Algérie vive » . L'impasse où habite la famille Boudraâ a été baptisés, d'ailleurs au nom de ce jeune martyre, « Maouad »
Ce beau couple métissé a vécu avec espoir, les premiers élans de l'Indépendance et des moments heureux, de voir, l'Algérie avancer dans la bonne direction, mais aussi des misères, des souffrances. Ils ont vu et vécu l'Algérie, déclinant dans des tragédies inattendues à cause des mauvais choix. Ils ont eu des moments de regret, de douleur, de colère, quelquefois des lueurs d'espoir. Ils ont vécu dans la simplicité et l'humilité, fidèles à des convictions et des principes qu'on ne pouvait négocier. Le professeur Boudraâ a été le premier maire et bâtisseur de la ville d'Oran de l'Indépendance, les Oranais se souviennent du maire de leur ville et du responsable, hors du commun, pour son honnêteté et son humanité.
Les étudiants, les chirurgiens également. Bien souvent, on oublie le rôle joué par Nadia, sa femme dans son combat, par sa présence dans les moments difficiles, son réconfort, et son soutien . Les médecins, les étudiants, les résidents et les assistants se souviennent de la gentillesse de son accueil quand ils frappaient à sa porte pour voir le maître. C'était tout aussi vrai pour les citoyens qui venaient le solliciter pour des problèmes sociaux et de santé. Merci pour tout Madame . Tous ceux qui vous connaissent témoignent des bonnes œuvres accomplies. Vous qui êtes venue de l'autre côté de la Méditerranée pour vivre avec nous, les difficultés et les méandres de l'histoire de cette Algérie souffrante, à bout de souffle, mais éternelle. Vous nous avez quittés avec des pensées pour votre terre d'adoption, sereine, l'esprit tranquille et la conscience apaisée. Même morte, votre visage était beau et inondé de lumière, il exprimait le devoir accompli et le bien réalisé sur terre.
De là où vous êtes, dans l'immensité du ciel , vous nous regardez avec votre grand amour, Dieu vous aime, nous le prions pour vous accueillir dans Son Vaste Paradis, nous l'implorons. Reposez, Madame, près de votre mari et votre fils au sein de cette terre que vous avez tant aimée.
A dieu nous appartenons et a lui nous retournons Allah yerhamkoum
* Pr C. Touhami chirurien du chu d'oran et de Sidi Bel-abbes Ancien recteur


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