L'argent n'a pas d'odeur dit l'adage égoïste. C'est faux ! Lui répondent les plus éveillés. Il a un parfum de désodorisant dans les temps qui courent. Dans un autre bavardage de « draham bouk yerhmouk », on raconte aussi que l'argent ne fait pas le bonheur à vie. Mais si, affirme les infortunés, ça crée un réconfort, quand on est dans le dénuement. « R'djel teksseb, wa el hassad yehsseb... » (Les gens détiennent et les jaloux font le comptage), dit aussi l'adage impertinent. L'argent c'est éphémère, profitable et vital. ça part et ça revient comme les saisons. Le fric est un lien et un intermédiaire dans toutes les transactions de la vie courante. C'est une assurance contre les risques du futur. Avec beaucoup d'oseille on mène la grande vie matérielle. Le pognon est une option salvatrice. Il se transmet dans toutes les langues et aussi dans toutes les mains sales ou propres. Il est attirant et il a beaucoup de soupirants. Le fric est adulé comme une riche divinité. Les gens ont soif d'argent. Ils adorent la vie facile à travers l'expression populaire « Regda t'mangi ». Ils se confectionnent même des matelas de billets de banque. Argent, flouze, galette, money, draham, devises. « Hate likayen », crient les chasseurs de numéraires. Le fric est une monnaie universelle qui réussit partout sur la sphère. L'argent c'est tentant et flambant. Le flouze ça donne des idées. Les fraudeurs sont des assoiffés de fortune qui accumulent, sans partage, le précieux liquide et s'en mettent plein les poches. Ils ont besoin de fonds solides pour frimer durant leurs existences. Ils apprécient les espèces sonnantes et trébuchantes pour payer cash sans laisser de traces. L'argent n'a pas de limite chez les avides autant on en a et autant on en veut plus. Le bakchich court plus vite que la vitesse du son, entre les mains des appâtés qui l'empochent. L'argent c'est la vie et la survie pour l'être humain, dans cet univers pourri. L'argent ouvre toutes les portes (sauf les portes du paradis) et trace même des chemins sinueux au milieu des océans. L'homme est un insatiable qui adore disposer de la puissance de la fortune gigantesque. C'est le roi crésus de l'époque. L'enrichissement illicite est une maladie de l'envie du siècle. L'argent c'est clinquant et délinquant. Les gens sont très tristes lorsqu'ils sont à sec. Ils ne démarrent pas quand ils sont à découvert. L'argent c'est dynamisant et réveillant. Les dissimulateurs de richesses floues se méfient et ont peur du contrôle fiscal et des risques et investissent loin du pays des fouineurs. L'argent quand il n'est pas gagné honnêtement, à la sueur du front, on le cache aux autres. On l'investit frauduleusement loin des indiscrets. On le place en dépôt incognito dans des banques, sur le compte d'une tierce personne, la sœur, le conjoint ou des enfants pour qu'il génère et qu'il prospère. On appelle ça dans la transparence, de l'argent sale. Beaucoup de « flous » sans comptabilité réelle soulèvent des doutes, des critiques et des scandales. Les signes de richesses apparents démasquent les entourloupettes. « Min aynaka hadha ? » (D'où vient cet argent) est une devise bledard opaque de la République qui ne fait pas sensation dans le pays. « S'hab chkara » et les coffres forts sont très nombreux sur ce vaste territoire et ils sont parvenus, avec de la magouille à amasser beaucoup de milliards. Quand on a peu d'argent c'est l'homme qui gère intelligemment son argent. Et quand on est très fortuné c'est l'argent qui gère et qui soudoie contre les « dangers » de la convoitise. Dans les pays fragiles, l'argent achète tout, même le silence. Toutes transactions commerciales avec de l'argent liquide, sans l'utilisation d'un chèque de banque obligatoire comme le prévoit la loi est un acte de « fessed » équivalent à un délit pénal. Dans le présent l'argent a la primauté sur l'honnêteté et l'intelligence. La parole est d'argent et le silence est d'or affirme le dicton de la sagesse.