Le groupe pétrolier national Sonatrach ne produit plus assez de pétrole, et les découvertes annoncées ne sont pas importantes sur le plan du volume, a affirmé, hier lundi, M. Abdelmadjid Attar, ancien P-DG de Sonatrach et ex-ministre de l'Hydraulique. Il a expliqué, dans une intervention à la radio nationale, que l'exploration «demeure le point faible, car on ne réussit pas à renouveler les réserves aujourd'hui, qui sont en train de s'épuiser». Selon M. Attar, la production d'hydrocarbures du pays a commencé à chuter depuis 2007. «Globalement, la production et les réserves sont en train de diminuer», a-t-il dit, avant de relever que «les nouvelles découvertes ne sont pas suffisantes, il n'y a pas de renouvellement de la production». «On fait plus de découvertes, mais on fait moins de volume, c'est-à-dire que les découvertes sont petites, et souvent elles ne sont pas commerciales», a-t-il expliqué. Pour M. Attar, «la moitié des découvertes de ces dix dernières années sont à la limite de la rentabilité: il y a moins de volume». Le niveau actuel des réserves prouvées d'hydrocarbures, a-t-il indiqué, est pour le pétrole de 1,5 milliard de tonnes équivalent pétrole (TEP), et tournent autour de 2.500 md de m3 pour le gaz». Dès lors, l'annonce par le gouvernement d'une révision de la loi sur les hydrocarbures, déjà revue une première fois, en 2013, doit prendre en considération la fiscalité pétrolière. «Il faut revoir, a-t-il insisté, la fiscalité pétrolière pour attirer les partenaires étrangers», notamment pour les petites découvertes, qui sont «difficiles à développer, les non conventionnelles par rapport au conventionnelles, qui nécessitent beaucoup d'investissement.» Le second point à revoir est le type de contrat actuel, qui est, a-t-il dit, «extrêmement rigide. On ne peut rien faire, c'est la loi actuelle qui définit tout, et la situation n'est pas saine, car elle a changé partout». Et, troisièmement, il y a «le climat des affaires ou la relation qu'il y a entre les compagnies pétrolières et leurs relations avec toutes les autres institutions (Douanes, Finances, Administration), tout cet environnement est extrêmement bureaucratisé», souligne t-il, avant de dénoncer la «bureaucratie» qui bloque les compagnies étrangères. M. Attar estime ainsi qu'il «ne suffit pas, seulement, de revoir la loi, car il y a 50% des autres problèmes, qui sont ailleurs qu'à sonatrach». En fait, explique-t-il, la loi de 2005-2006 a été revue en 2013, car «en 2010-2011, un bilan a été fait et on a constaté que les réserves conventionnelles restantes ne pouvaient pas suffire à la consommation intérieure et à exporter. Et donc, on s'est rendu compte, par rapport à l'évolution des réserves conventionnelles et le potentiel dans le sous-sol, qu'on ne peut aller au-delà de 2030». «La loi de 2013 a été revue pour aller vers le gaz de schiste, puis pour adapter la fiscalité au type de découvertes, car elles étaient petites en volume, et elles n'étaient pas rentables. La fiscalité a été revue en fonction de la rentabilité et non du chiffre d'affaires en 2013», selon Attar. D'autant que les «contrats sont très rigides: on ne peut pas prendre de décision, un opérateur doit décider d'un plan de développement quand il fait une découverte, mais on lui demande des autorisations, et cela prend du temps», explique-t-il, avant de relever que «les décisions sont très lentes au niveau de Sonatarch et Alnaft, et il faut changer les méthodes de travail au sein de ces deux entreprises.» Pis, selon l'ex-P-DG de la compagnie pétrolière algérienne, «le constat réel est que Sonatrach n'a pas de stratégie à long terme, il faut réorganiser le secteur, lui donner plus de liberté, car les décisions mettent du temps pour être prises.» M. Attar estime qu'il y a «trop de bureaucratie, on ne peut pas continuer à travailler, comme cela, dans un monde où il faut réagir vite.» Les gisements pétroliers, selon lui, sont vieux, Hassi Messaoud produit depuis plus de 50 ans. «Il faut faire beaucoup d'efforts, d'investissements, et l'Algérie est en train de devenir un pays, beaucoup plus, gazier que pétrolier», relève, encore, M. Attar, qui préconise un changement du «modèle de consommation énergétique, car l'Algérie est énergivore, on consomme à tout vent», et donc «il faut consommer de moins en moins, en agissant sur les équipements et les prix.» Sur les énergies renouvelables, il estime qu'il faut «maintenir le cap, et aller au-delà de 2030, car avec les 22.000 MW, cela ne fera que 37% de l'électricité, le reste ce sera avec le gaz. Et donc, il faut changer le modèle de consommation énergétique au-delà de 2030.» Il estime ainsi que «puisqu'on va consommer du gaz, il faudra donc produire du gaz non conventionnel, c'est-à-dire du gaz de schiste, et c'est impératif». Car au-delà de 2030, «on est obligé de continuer à exporter et consommer, et il faudra avoir la disponibilité d'un certain volume de gaz», explique-t-il, évacuant le débat sur le danger des gaz de schiste sur l'Environnement, estimant qu' «il faut faire confiance aux progrès technologiques. On peut produire sans faire des dégâts environnementaux.»