Après le «traumatisme» d'une fraude généralisée en 2016, et la session de rattrapage exceptionnelle de 2017, le bac 2018 a, selon la ministre Nouria Benghebrit, été totalement blindé, et entouré de mesures de sécurité exceptionnelles, pour éviter toute triche et «assurer l'égalité des chances» pour tous les 709.448 candidats. Elle a expliqué hier à la radio nationale que «tout a été pris en charge pour assurer un bon déroulement du bac 2018, car cela a été préparé depuis le mois d'octobre dernier», et «tous ceux qui sont concernés, c'est-à-dire les élèves, ont été préparés et les aménagements sécuritaires pris en charge». Cette année, tout comme les deux précédentes d'ailleurs, l'Internet sera suspendu par les services d'Algérie Télécom, pour éviter toute transmission des sujets et des réponses aux candidats, selon la ministre de l'Education nationale. Interrogée sur cette suspension de l'Internet dans tout le pays, pendant une heure, juste après l'ouverture des enveloppes contenant les sujets, elle a répondu que «ce qui est important, c'est d'assurer l'équité pour l'ensemble des candidats, et il faut prendre les dispositions pour cela, c'est une obligation pour l'Etat». Elle a ajouté que «si la dimension sécuritaire a l'air de prendre le dessus sur l'aspect pédagogique, c'est qu'on a vécu un traumatisme en 2016». «Assurer la crédibilité de l'examen, c'est de l'ordre de l'égalité des chances entre les candidats», affirme la ministre, qui a ajouté, concernant la décision de la coupure de l'Internet durant l'examen, que «je remercie ma collègue (de la Poste et des TIC, ndlr) et toute l'équipe du ministère d'avoir suggéré des solutions, qui ne sont pas définitives, et qui répondent à un niveau d'organisation». Peut-on trouver d'autres mécanismes pour lutter contre la fraude que de couper Internet ? La ministre est convaincue que d'autres pays recourent au même procédé, ajoutant que «nous avons des brouilleurs installés dans les centres où les sujets sont en dépôt, plus la vidéo de surveillance, mais ce ne sont pas tous les établissements qui en ont». La ministre de l'Education nationale a indiqué par ailleurs, sur le risque de fuite des sujets, que «l'Etat a fourni des moyens pour la surveillance des sujets. La seconde chose, ce sont les étapes de sécurisation des examens, les centres de dépôt, les centres d'impression, l'acheminement des sujets et les centres de déroulement». «La question de la sécurisation des sujets se pose à ce niveau», souligne la ministre, qui a rappelé que «le risque zéro n'existe pas». Plus affirmative, elle a expliqué d'autre part que «l'ensemble des parties prenantes dans cet examen ont véritablement analysé toutes les failles, qui pourraient permettre cette fuite des sujets». La ministre a ainsi annoncé que «le nombre de centres de dépôt des sujets du bac est passé de 414 à 66. Cela donne une idée sur cette volonté de sécuriser le bac». Au niveau des établissements où sont prévues les épreuves, elle a souligné également que «la présence des téléphones portables est résolue par leur interdiction, il y a trois surveillants dans la salle, des détecteurs de métaux sont mis à l'entrée des centres d'examen, et la suspension de l'Internet, une heure à partir du démarrage des épreuves». Sur la réforme du bac, annoncée en 2016, puis remise dans les cartons, la ministre de l'Education nationale a expliqué que le texte est en discussion, mais la réforme ne «sera pas au niveau du contenu mais de son organisation matérielle pour qu'il passe de cinq à trois jours». «Pour cela, on doit donner un vrai profil aux filières, et le bac tel qu'il est organisé aujourd'hui, on n'en voit pas l'identité des filières. L'objectif, a-t-elle dit, est de redonner toute la place qu'il faut aux spécialités». Pour autant, Mme Benghebrit a précisé que «pour une réorganisation en profondeur du baccalauréat, il faut passer par une réforme dans le secondaire, ce que nous n'avons pas encore fait. Le cycle primaire et moyen ont concentré toutes nos préoccupations depuis 2014, mais il nous a semblé utile de revisiter le bac en attendant la réforme du secondaire». Elle a indiqué que le dossier sera soumis au gouvernement, «et s'il sera accepté, on prendra en ligne de compte l'année prochaine, et la réforme du bac sera pour 2020, si on applique la nouvelle réorganisation du secondaire». Y aura-t-il cette année encore une session exceptionnelle de rattrapage pour ceux qui arriveront en retard et seront refoulés des centres d'examen, comme l'année dernière ? Selon Nouria Benghebrit, «les retards ont été gérés cette année: les portes se ferment à 8 heures, et entre 8 heures et 8h30, ceux qui sont en situation exceptionnelle, la porte leur sera ouverte, ils vont s'enregistrer, on leur donne la possibilité de passer leur examen, et à partir de 8h30, plus personne ne sera accepté, car les enveloppes (des sujets, ndlr) sont en train d'être ouvertes». Quant à une possible session exceptionnelle cette année, elle a répondu: «cela ne relève pas de ma responsabilité».