1788 : Les premiers Australiens blancs La première flotte, constituée de onze navires, quitta Plymouth en mai 1787, sous les ordres du capitaine Philip. Elle transportait sept cent trente « convicts » (bagnards) : deux tiers d'hommes, un tiers de femmes, quelques enfants et plus de deux cents soldats de marine et officiers, accompagnés de leurs familles, soit un millier de personnes. Les navires jetèrent l'ancre sur la côte sud-est à Botany Bay. L'Angleterre, qui venait de perdre sa colonie américaine, se purgeait ainsi d'une population pénale trop nombreuse, qu'elle jugeait trop dangereuse. A terre, les bagnards fournirent une main d'œuvre gratuite pour les premiers travaux d'utilité publique, mais aussi pour l'exploitation des premiers domaines agricoles, établis, le plus souvent, au bénéfice des officiers. Des bagnes spéciaux, de sinistre mémoire, furent érigés dans des lieux les plus reculés pour les irréductibles. L'enfer y régnait, et les évasions y étaient quasi impossibles. Au total, entre 1788 et 1868, 160.000 (cent soixante mille convicts (dont 20% de femmes) furent déportés d'Angleterre ou d'Irlande. Les dix milles derniers furent accueillis par la colonie de l'Australie occidentale (Perth) qui cherchait désespérément une population. La masse des convicts, composée de droits communs mais aussi de politiques. Cette colonie de bannis allait devenir plus tard une authentique nation. Une fraternité virile unit les ouvriers du bush Le sens de la solidarité a permis aux pionniers de survivre. C'est le fameux « mateship », un sens de la fraternité qui sévit aujourd'hui dans les syndicats. Les Australiens ont développé une identité propre, bien avant de développer une nation. Leur pays était rude, dur, aride, inconnu, dangereux, immense. Non seulement il était « en dessous » du monde, mais il semblait à l'envers du monde, avec ses saisons inversées, ses animaux étranges, sa flore unique. Cette nature bizarre exigeait pour l'affronter des caractères bien trempés. Ce furent les éleveurs qui pour l'essentiel explorèrent le continent, poussant devant eux leurs troupeaux de moutons à la recherche de pâturage. On les appela squatters (du verbe s'accroupir en anglais : to squat). Ils occupèrent d'immenses domaines et ne tardèrent pas à se considérer comme une « aristocratie », la première aristocratie australienne. Leur main d'œuvre provenait du monde glorieux du bagne. Celle-ci ne tarda pas à former une sorte de prolétariat rural, souvent itinérant, allant se louer d'une station à une autre au gré de leur humeur. Elle formait une sorte de confrérie masculine, aux liens de solidarité très forts comme les compagnons maçons des églises en France au XIX° siècle en France. Chaque catégorie professionnelle ayant sa tenue, son uniforme, ses codes et ses chants. Une culture naquit au cœur de l'Australie pastorale par des ouvriers déracinés. Ils apportèrent le goût de la révolte. Le refus des maîtres, et surtout le génie de magnifiques ballades populaires - le country music - dans lesquelles toute une Australie communie et se reconnaît (un peu la musique «raï» en Algérie des années 2000). Tout Australien, s'il vous trouve sympathique et pas trop coincé, vous appellera mate, ce qui pour lui est un signe d'amitié (Ya sahbi). Isolée, complexée, la culture australienne a longtemps douté d'elle-même. Aujourd'hui, elle affiche sa différence. La nature prime sur la culture. Ses habitants passent pour préférer la bière et le sport aux choses de l'esprit. L'urgence était de mettre en valeur les immenses étendues. Il fallait que les colons s'acclimatent spirituellement à un environnement radicalement nouveau pour eux et qu'ils cessent de voir ce dernier à travers le prisme déformant de leur culture d'origine européenne. La culture australienne s'est affranchie des modèles britanniques pour se greffer sur une nostalgie d'exil, une affirmation de l'identité nationale. Ouverte sur le monde extérieur, elle se nourrit de toutes sortes d'influences. Elle puise à toutes les sources, même aborigènes. Une nation qui s'intègre à l'axe Asie-Pacifique Pendant des générations, les Australiens ont appris que leur véritable pays n'était pas celui où ils vivaient mais celui dont leurs ancêtres provenaient. Ils considéraient l'Angleterre comme la véritable mère, mais ce sentiment filial n'allait pas sans une certaine ambivalence. Beaucoup jugeaient en effet que leur immense continent était impossible à défendre par eux seuls. L'inquiétant voisinage de l'Asie, étrange et grouillante d'humanité, leur faisait craindre une invasion. Un « péril jaune » qui les balaierait. Le lien avec la Grande-Bretagne apparaissait donc d'une importance vitale. « Fils de l'Angleterre », les Australiens se sentaient pourtant bien différents de la lointaine mère patrie. Un sentiment de précarité leur crée une impression générale d'insulaire, de solitude. Pourtant, ces descendants de bagnards, ou ces fils d'émigrants poussés à l'exil par la misère des faubourgs londoniens ou des famines d'Irlande, restèrent fondamentalement loyaux. A la Première Guerre mondiale, l'Australie se mobilisa d'un seul mouvement aux côtés de l'Angleterre. Elle resta résolument hostile à toute immigration de peuple de couleur. La Seconde Guerre mondiale révéla la fragilité de l'entreprise. L'invasion japonaise fit tomber Singapour et déferla jusqu'aux rivages. En 1942, Darwin fut bombardée, les Australiens se battirent farouchement pour contenir les Japonais. Mais comment défendre 36.000 kilomètres de côtes face à une armée puissante ? Le salut vint de la puissance de feu de la flotte américaine. Les Australiens comprirent ce jour-là qu'ils n'étaient plus Anglais. Ils ouvrirent leur territoire aux bases américaines et lors de la guerre du Vietnam, ils s'engagèrent sans murmure. La sécurité du continent impliquait une politique d'ouverture asiatique. Très vite, les migrants économiques de l'Europe du sud les avaient rejoints et dépassés : Grecs, italiens, Turcs. L'Australie était donc devenue une nation multiculturelle. En 1988, elle admit 143 000 migrants d'Asie. Avec les Libanais et les Egyptiens, ils aboutissent à une proportion de 55% de souche non européenne. Notre « Babor d'Australie » du fameux humoriste Fellague s'est englouti bien avant. Au total, ce sont près de 6 millions d'immigrants sur 18 qui ont été accueillis. Une vraie nation cosmopolite. Les jeunes Australiens sont nombreux à apprendre le japonais, l'indonésien, le malais. Les Australiens ont renoncé à la politique américaine du melting-pot, pour celle du « salad bowl », où chaque ingrédient garde sa spécificité au sein d'une harmonie d'ensemble. Par son réalisme, elle est une nation citoyenne du Pacifique aux racines européennes. Cette image double contribue à la séduction qu'elle exerce sur le reste du monde. Un rhizome à l'image des lianes entrelacées. L'auberge de jeunesse (YHA) Actuellement, le gîte pour le voyageur est un vrai cauchemar, car il agresse le budget du pouvoir d'achat d'un Algérien et à plus forte raison pour un jeune. Le voyage s'écourte, se calcule minutieusement et devient déterminant dans la masse du capital-voyage. Soixainte-dix à cent euros est l'offre hôtelière courante, n'est permise que pour un dépannage ou un passage éclair dans n'importe quelle ville européenne. Heureusement en Australie le système « Backpacker » (les accros du sac au dos) est une bouée pour les jeunes et moins jeunes puisqu'elle est permise pour tout le monde sans limite d'âge. Principal attrait, c'est le prix, le confort en commun et l'ambiance du voyage. C'est une ruche ou peut s'élaborer des tas d'ébauches et d'astuces concernant les déplacements, les points de vues, les sites intéressants, etc. Comme tous les hôtels, il faux réserver à l'avance par Internet et l'on est assuré sinon c'est au gré des passagers et c'est le pèlerinage à travers la ville. En premier lieu, ces gites sont très près des stations d'autobus ou de train dans des bâtiments convenables. La disposition d'un réfectoire, d'une cuisine, d'un salon bibliothèque relève l'esprit convivial à son bémol. L'auberge des jeunes se veut aussi bien pratique que culturelle. Tous les soirs à partir de 17 heures c'est une animation orchestrée par la maison : conférence, table ronde, récital, etc. Comme la composante, en général, s'incline vers la jeunesse, l'ambiance plane de la condescendance à l'épanouissement cette touche ambiante anime la jeunesse anglo- saxonne vers des horizons en goguette. Un point d'ancre culturel qui façonne et propulse les esprits de cette praxis. C'est un segment qui manque cruellement en Algérie sauf en Kabylie notamment à Tala Guilef où des cafés littéraires et de sorties de groupes vers la nature se développement progressivement. L'animation culturelle est à propulser. Cela suffit de miser sur le pétrole, n'oublions pas l'homme et sa culture. Le ciel serait plus coloré, la parole plus douce et la vie plus appréciée. Dans les bars ou restos, on vous abordera très facilement pour un brin de papote. Votre interlocuteur, homme ou femme, sera sincèrement curieux, dans un authentique et débonnaire souci d'échange, autour d'un verre. Les amateurs de viandes rouges seront à la noce : le filet de kangourou se déguste bleu et un grand nombre d'Australiens terminent la conversation par un « no worries » de bon aloi. Histoire de dire que tout va bien, tout va s'arranger, qu'il fait beau et qu'on est en vie ! Une formule conforme à la vie australienne. Au passage protégé, personne ne s'avise de traverser au feu rouge, même si aucune voiture ne se présente à l'horizon ! Ils sont fous quoi !!! Plusieurs animaux furent introduits pour répondre à divers besoins de la vie courante. Des dromadaires furent ainsi importés pour parcourir le désert australien, trop rude pour les chevaux, des chats pour en faire des animaux de compagnie, des lapins, etc. Personne ne souciait que ces espèces allaient voir dans l'Australie un magnifique terrain de jeu et de chasse. Les chameaux dévorent 80% des plantes qui les entourent, fragilisant l'écosystème. Pour lutter contre ces invasions, le gouvernement met en place tout un tas de mesures dont certaines peuvent choquer. Une grande barrière est construire en 1901 pour empêcher la propagation des lapins. Peine perdue. Les chameaux, ont les chassait au fusil à lunette à bord d'hélicoptères ! Les moutons sont sous haute surveillance L'Australie manque de bergers ! Ou plutôt, les territoires étant tellement vastes, les bergers ne peuvent visiter certains endroits qu'une ou deux fois par an. Un centre de recherche de Sydney a donc conçu des machines autonomes capables de surveiller les animaux groupés ! Les appareils sont équipés de capteurs thermiques et optiques pour repérer les bêtes isolées. Ingénieux. Le Dingo L'une des plus vielles espèces introduites en Australie il y a presque 5 000 ans depuis le sud-est asiatique. Il ressemble à un chien sauvage au pelage blond marron. Le dingo vit en communauté, mais se nourrit le plus souvent seul. Il n'aboie pas, son cri s'apparence au hurlement du loup. Domestiqué par les aborigènes, c'était un compagnon de chasse. Il est considéré comme nuisible, qui décime notamment les troupeaux de moutons ; une barrière, la plus longue du monde, a été construite pour protéger les élevages. Chassé par l'homme, le dingo aujourd'hui est en voie d'extinction. Il affectionne les déserts et les lisières des forêts. Le requin blanc Le roi des océans ! Ce super régulateur n'a pour prédateur que les humains. Avec le requin-bouledogue et le requin-tigre, le littoral a le privilège de cette fréquentation la plus dangereuse. Avis aux casse-cou et aux surfeurs. Certains clubs de plongée proposent de nager en cage au milieu des requins blancs. Pour les attirer, ils diffusent sous l'eau une musique qui semble bien les amuser : Maniche mana ghir el mano sagni !!