Le ministère public a requis six ans de prison à l'encontre de l'ancien PDG de Sonatrach et l'ancien PDG par intérim. D'autres peines ont été requises contre d'autres cadres dans un procès où Chakib Khelil, l'ancien ministre de l'énergie et des mines, n'a pas été entendu. Six ans de prison ferme ont été requis à l'encontre de Mohamed Meziane, ex-Pdg de Sonatrach et AbdelhafidFeghouli, ex-Pdg de Sonatrach par intérim. Les deux anciens dirigeants de l'entreprise publique d'hydrocarbures sont jugés pour « passation de marché contraire à la réglementation et dilapidation de deniers publics ». Le procès s'est déroulé au tribunal d'Oran. Le représentant du ministère public a également réclamé une peine de six ans ferme à l'encontre de Benamar Touati, ex-Pdg de la société de conditionnement et de commercialisation des gaz industriels (Cogiz, filiale à cent pour cent de Sonatrach). Quatre ans de prison ont été requis contre l'ex-chef de département des études et développement de Sonatrach (Aval), Mekki Henni, ainsi qu'à l'encontre de NechnechTidjini, ex-directeur général de la société algéro-française d'ingénierie et de réalisations (Safir, une entreprise de droit algérien) dont le capital est détenu à 51 % par Sonatrach et Sonelgaz. Un gré à gré contesté: Les faits de cette affaire remontent à octobre 2007, date de la signature d'un contrat de gré à gré entre Cogiz et Safir se rapportant à la réalisation d'un centre de stockage d'azote liquide. Les pièces à convictions avancées par les prévenus n'ont pas été estimées convaincantes. La circulaire A408 R15 autorisant cette procédure en cas d'urgence, au lieu de la passation après avis d'appel d'offres, a été invoquée devant le tribunal par les mis en cause et les avocats de la défense. Pour justifier le recours au gré à gré au lieu de l'appel d'offre, les prévenus ont fait valoir que la réalisation de la station d'azote suivant la démarche réglementaire habituelle aurait pris plusieurs mois de plus que le délai offert par l'option de gré à gré. Interrogés par la présidente du tribunal sur le caractère urgent de cette infrastructure, ils ont expliqué que les besoins en azote à l'époque étaient importants car ce produit intervient dans la maintenance et la sécurisation des installations. Un procès sans Chakib Khelil: L'argument a été récusé par l'accusation qui a rappelé que ce marché constituait la seconde tranche d'un projet, alors que la première (fourniture des équipements) avait suivi la procédure normale pour être confiée après appel d'offres à une société indienne. S'il y avait véritablement urgence, il aurait été alors plus judicieux de confier la totalité du projet à une même société, a fait observer le représentant du ministère public. Les mis en cause, n'abandonnant pas la partie, se sont défendus en affirmant qu'aucune entreprise n'est en mesure de prendre en charge à la fois la fourniture, l'ingéniering et le montage. Le tribunal rendra son verdict ou le mettra en délibéré à l'issue des plaidoiries des avocats de la défense. L'affaire Sonatrach faisait l'actualité, il y a un peu plus d'un an. Le scandale, mis au jour fin 2009, a éclaboussé la première entreprise du pays. Dans cette affaire, les observateurs retiendront peut-être un élément central : Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines au moment des faits, n'a pas été convoqué par la justice.