Des dizaines de jeunes ont bloqué dimanche 19 juin plusieurs artères de la ville d'Ouargla avant d'organiser un rassemblement pacifique devant le siège de la Wilaya. Selon Madani El-Madani, militant et membre de la section locale de Ligue algérienne de défense des droits de l'homme. Il ne se passe pas de jour sans que cette région d'Algérie, pourtant si riche, n'enregistre un mouvement de protestation sociale. Outre l'accès au travail et au logement, les manifestants dénoncent la corruption qui gangrène l'administration locale. Rassemblés dès les premières heures de la matinée place du 1er mai, siège de la daïra, les manifestants ont bloqué la route à l'aide de pneus brulés. Ensuite, le rassemblement s'est transformé en marche pacifique jusqu'au siège de la wilaya, en passant par l'hôpital Mohamed Boudiaf et le palais de justice de la ville. « Nous voulons la fin de la corruption », « Marche pacifique », « La justice somnole et la hogra (mépris) sévit », « nous voulons rencontrer le ministre de l'Intérieur », ont inscrit les manifestants sur des banderoles. Durant le défilé, les protestataires ont également entonné des slogans réclamant plus de justice sociale ainsi que le droit de vivre dans la dignité. Alertés, les forces antiémeutes se sont vite déployées au niveau des bâtiments administratifs, sans toutefois intervenir. « Il n y a pas eu d'affrontement pour l'instant mais la tension reste vive », témoigne Madani El Madani. N'était l'invention des notables de la ville pour calmer la colère des protestataires, la manifestation aurait pris une tournure dramatique. A Ouargla, le ras-le-bol est son paroxysme « Les jeunes ne sont pas sortis seulement pour réclamer du travail et du logement. Ils sont particulièrement révoltés contre toutes les formes de corruption qui ont tissé sa toile dans la région d'Ouargla. Les jeunes en ont marre des pratiques de l'administration », peste Madani El-Madani. Depuis quelques mois, la ville d'Ouargla vit sous vive tension. Plusieurs rassemblements et sit-in y ont été organisés. Les tentatives de suicide, notamment par immolation, y sont également nombreuses. La dernière en date, le 24 mai dernier, est celle d'un chômeur, âgé d'une trentaine d'années, qui a tenté de s'immoler par le feu devant le siège de la wilaya d'Ouargla. L'intervention de la police et des agents de sécurité a évité le pire. En juillet 2010, un groupe de jeunes avait pris d'assaut le bâtiment de la direction de l'emploi en menaçant d'opérer un suicide collectif. Le ressentiment des habitants est d'autant plus manifeste que cette région d'Algérie est connue pour être riche. C'est que la wilaya d'Ouargla qui abrite les champs de pétrole et de gaz de Hassi Messaoud, est l'une des communes les plus riches d'Algérie en raison de la fiscalité tirée de la présence des sociétés pétrolières. Hassi Messaoud occupe ainsi la seconde place au niveau africain avec des recettes annuelles dépassant 1800 milliards de centimes (245 millions de dollars) correspondant à la collecte d'impôts et taxes prélevés sur plus de 149 entreprises pétrolières et de services.