Sur un ton sévère, la ministre de l'éducation nationale, Nouria Benghebrit, a averti la Coordination des syndicats de l'éducation nationale (CSE) qui a appelé à une grève les 10 et 11 février prochain, la jugeant de grève illégale. Elle ne cache pas son intention de recourir à la justice pour stopper cette grève. C'est aussi bien un avertissement qu'un appel à la négociation qui est envoyé par le département de Nouria Benghebrit. La ministre avait déploré récemment la tendance au recours automatique à la grève malgré l'existence d'une "disponibilité" et d'une "volonté" réelles de la tutelle de résoudre les difficultés. "Je suis désolée que malgré la disponibilité et la volonté réelles de résolution des difficultés très nombreuses notamment en matière de gestion des ressources humaines, les syndicats n'ont comme réponse que la grève", avait déclaré Mme Benghebrit dans un entretien à l'APS. "Nos enfants ne peuvent être privés d'enseignement pour quelque raison que ce soit" avait-elle indiqué en rejetant les accusations de la CSE selon lesquelles elle privilégie certains syndicats au détriment des autres. Désormais, le ministère de l'éducation semble sur le chemin du bras de fer avec un probable recours à la justice en procédure de référé contre la grève annoncée. Le ministère insiste particulièrement sur le respect des procédures et relève qu'il a pris connaissance de l'appel à la grève par les médias d'abord et ensuite par un fax en date du 27 janvier. Il rappelle - et c'est probablement l'argumentaire qu'il présentera éventuellement devant un juge des référés - que la procédure de conciliation préalable à la grève n'est pas respectée par les syndicats. Les articles 16 et 17 de la loi 90-02 placés sous la section "de la conciliation" donnent la possibilité aux syndicats en cas de différend avec l'employeur de saisir les autorités compétentes au niveau de la commune ou de la wilaya ou les ministres quand le différend "revêt un caractère régional ou national". Dans le cas de non règlement du différend, l'article 17 stipule que "l'autorité hiérarchique supérieure convoque dans les huit jours de sa saisine, les partie du différend collectif de travail à une réunion de conciliation, en présence de l'autorité chargée de la fonction publique et de l'inspection du travail territorialement compétente". La CES qui regroupe sept syndicat, Cnapest, Snapest, Unpef, CLA, SNTE, Satef et Snapap a décidé de recourir à une grève de deux jours en dénonçant un "mépris" de la tutelle. Le secrétaire général du Conseil des lycées d'Algérie, Idir Achour, a justifié le recours à la grève en soulignant que "sans la pression, on ne peut rien arracher". Il a relevé également que le dialogue avec la ministre ne s'est traduit que par des "promesses". La Coordination a rendu publique une plateforme de revendication en 12 points comprenant une révision du statut particulier, le régime indemnitaire et les salaires. Les éléments du bras de fer se mettent en place dans un secteur de l'éducation qui a connu de nombreuses grèves.