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CONTRIBUTION : Talent et méritocratie
Tout ce qui empêche chacun de faire valoir ses talents et ses mérites doit être corrigé.
Publié dans Réflexion le 16 - 03 - 2016

Peut-on envisager un gouvernement des méritants ? L'aristocratie, au sens propre, est-elle un objectif louable pour notre société ? Comment compléter l'égalité des droits sans tomber dans l'inégalité des droits ? Toute méritocratie est-elle vouée à devenir une aristocratie ? Peut-on ou faut-il envisager une société sans élite ? Être handicapé, est-ce être moins talentueux ? L'égalité entre les différents groupes sociaux est-elle un premier pas vers l'égalité entre leurs membres ? Le mérite peut-il s'associer au talent ?
Une discrimination peut-elle être positive ? Peut-on affirmer que talent et mérite sont les choses au monde les mieux réparties ? Peut-on se suffire de l'égalité des droits ?
Peut-on concilier égalité des chances et méritocratie ? Le mérite peut-il triompher du talent ? Comment compléter l'égalité des droits sans tomber dans l'égalitarisme ?
Pour honorer la méritocratie, il faut instaurer l'égalité des chances. Voici, de manière très synthétique, le raisonnement : la méritocratie est le gouvernement des plus méritants. Il faut donc du mérite. L'égalité des chances exige du mérite, et reconnaît non pas les plus riches mais les plus talentueux. Talent et mérite vont donc devenir critères de sélection. Or, talent et mérite sont autant présents chez les femmes que chez les hommes, chez les jeunes que chez les personnes handicapés. Soutenir le contraire serait discriminatoire. Donc, en alliant méritocratie et égalité des chances, on va à la fois être juste, en créant une élite diversifiée, bigarrée, et efficaces, en choisissant, pour gérer et nous gouverner, les meilleurs. Justice et efficacité, on prend le mieux de Machiavel et de Rousseau, et on crée un système idéal, une politique bonne.
Dans la pratique, l'égalité des chances sera l'outil de la méritocratie. Il va falloir égaliser les chances pour parvenir à la méritocratie. Voilà le beau projet. Si l'on accepte la logique du raisonnement, on ne peut s'opposer au projet : par qui veut-on être gouvernés si ce n'est pas les plus méritants et les plus talentueux, qui plus est si cela assure un métissage complet qui prenne en compte toutes les origines, toutes les conditions, tout le monde... Et la logique interne est difficile à critiquer : on va chercher les méritants et les talentueux, or mérite et talent ne sont pas la propriété d'une seule catégorie sociale, donc les sélectionnés représenteront plusieurs catégories et couches sociales. Argument imparable. On pourra au mieux critiquer l'exécution de cette logique s'il est mal orchestré (il est très complexe de comparer les talents qui n'ont pas reçu la même éducation). Mais le projet théorique ne sera pas critiqué, il ne semble pas même critiquable.
Le talent est une capacité personnelle, une habileté particulière pour telle ou telle chose. Par exemple on peut aimer la musique mais n'avoir aucun talent. On peut avoir du talent pour manipuler les gens mais n'en avoir aucune envie. C'est une qualité individuelle qui consiste à mobiliser efficacement ses connaissances et compétences, afin d'aboutir à une production réussie. Cette réussite tient à la fois de l'adéquation entre le produit et l'exigence externe de production et de la singularité de la création proposée.
En gros, savoir comment s'y prendre pour faire un truc qui reste dans les clous tout en sortant du lot. C'est tout bêtement savoir obtenir de meilleurs résultats. C'est en effet comparatif : on n'est talentueux que lorsqu'on arrive à des choses inaccessibles à d'autres. Des millions de personnes pourraient s'entraîner au sprint dix heures par jour, des milliers pourraient courir un cent mètres en intégrant toutes les règles, mais seuls quelques-uns ont un talent suffisant pour passer sous la barre des dix secondes. Un talentueux se détecte à ses résultats de qualité. Et là, on est diamétralement opposé au mérite.
On pourrait en effet définir le mérite comme un investissement entier dans le travail, implication par laquelle la voie de l'effort est délibérément choisie, malgré la difficulté envisageable que ce choix provoque. Lorsque malgré cette difficulté, ou dans tout type d'adversité, l'effort est maintenu, le sujet de l'action est dit méritant.
Le mérite n'a donc absolument rien à voir avec le talent. Le talent évite la difficulté, le mérite l'affronte. « Faire aisément ce qui est difficile aux autres, voilà le talent ». On pourrait compléter : faire difficilement ce que d'autres ne feraient pas, voilà le mérite. Il y a là, dans ces pistes de définitions, une différence majeure : le talent se juge à l'aune des résultats, et le mérite est un jugement sur le travail. Donc, la détection des deux n'a absolument rien à voir, l'une se portant en amont de la production finale, sur l'effort de production, et l'autre en aval, sur le résultat. Et par le même raisonnement, plus on a de talent, moins on requiert de mérite pour arriver au même résultat.
Le seul problème qui se pose est que la société doit consacrer plus d'attention aux plus démunis quant à leurs dons naturels. L'idée est de corriger l'influence des contingences dans le sens de plus d'égalité. Afin de réaliser ce principe, on pourrait consacrer plus de ressources à l'éducation des moins intelligents mais est- ce possible ? Soit l'inverse absolu de la détection des talents. Ce type d'ordre social obéit au principe qui ouvre les carrières aux talents, et utilise l'égalité des chances comme un moyen pour libérer les énergies dans la poursuite de la prospérité économique et de la domination politique. Il y règne une disparité marquée entre les classes supérieures et inférieures, à la fois dans les moyens d'existence et dans les droits et privilèges de l'autorité institutionnelle. L'égalité des chances signifie dans ces conditions-là une chance égale de laisser en arrière les plus défavorisés.
En effet, la méritocratie dans cette réforme de la constitution de l'élitisme dans la jeunesse, est radicalement opposée à l'égalité des chances, qu'elle utilise contre elle-même : nous n'aurons pas du tout « plus » de chances, les talentueux les auront toutes selon plusieurs psychologues. Certes, il existe des talentueux partout, donc tous les groupes auront des chances égalisées d'être représentés. Mais à l'intérieur des groupes, on ne saura trouver deux individus avec les mêmes chances. Il y aura au contraire une profonde inégalité des chances au détriment de ceux qui n'ont pas eu la chance d'avoir du talent. Il ne s'agit donc pas d'égalité des chances, mais tout au contraire, d'un type de méritocratie : celle de la sélection des résultats (et non des personnes) qui le méritent, parce qu'ils sont l'œuvre d'individus talentueux. Et cela doit amener « gouvernement des meilleurs ». Et « gouvernement des meilleurs », ce n'est pas la définition de l'égalité des chances, mais, au sens littéral, de l'aristocratie.


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