L' Auditorium du conservatoire de Mostaganem avait du mal à contenir , ce vendredi 22 février , tous ces fans de l'Art Andalou ! Et pour cause , l'évènement en valait bien la chandelle, puisque l'association Ibn Badja de musique andalouse fêtait son dix septième anniversaire ! C'est à une bien sympathique après-midi musicale , que l'association convia parents d'élèves et passionnés de la Nouba , pour partager dans la convivialité , un programme musical de toute beauté , concocté pour célébrer le 17éme anniversaire de la fondation de l'association, dont la naissance remonte , en s'en rappelle , au 24 février 2002 . Et l'affiche proposée allait mettre plein la vue au merveilleux public qui était tout yeux tout oreilles , guettant avec une perceptible fébrilité , les premières notes libératrices d'un récital qui allait réjouir ,trois heures durant , un parterre attentif et bigrement andalou. Le président et directeur artistique de l'association, Mr. Benkrizi Fayçal , qui a eu l'amabilité d'adresser des invitations à tous les présidents des autres associations mostaganémoises de musique andalouse - vœu que nous avions toujours formulé - se métamorphosera pour la circonstance , en maître de cérémonie attentionné , affichant beaucoup de prévenance à l'égard de ses sociétaires et surtout envers les jeunes pousses , qui pour l'occasion , étaient joliment fringués .Puis , seront conviés tour à tour, sur un mouchoir de scène , les trois orchestres des trois paliers qui constituent , sans aucun doute, la prodigieuse réserve de cette jeune association ,que j'assimilerais pour ma part , à une véritable caverne d'Ali-Baba , eu égard aux nombreuses pépites qu'elle renferment . Pour rappel, l'Association Ibn Badja , qui n'a certes que dix-sept ans d'âge , aura brillé sur toutes les scènes d'Algérie , de France et d' Espagne , devenant le porte-étendard d'une musique séculaire qui aura atteint la quintessence du raffinement .Pendant toutes ces années , fidèle à son sacerdoce et à son cheminement sur le sentier lumineux de la Nouba , l'association voguera de succès en succès , voyant au final , son parcours chamarré de chatoyantes distinctions, conquises avec panache, dans les arènes andalouses et dans les compétitions officielles tenues à travers le pays .Mais débordant d' altruisme , elle dédiera toutes ces distinctions - dont le nombre semble dépasser le quantum de son âge - à la ville qui l'a vu naître , Mostaganem , la lumineuse cité des Arts . La classe d'initiation drivée par Ali Benguendouz , était sagement alignée, comme à l'école .Elle nous gratifia d'inqilabates joliment brodés , portés par des voix prometteuses . Dans cet ensemble joyeusement bigarré , l'on ressent une volonté à tous crins chez des chérubins qui adorent chanter et qui adorent tâter de l'instrument. Mais caractéristique propre à cet âge ,l'émotion les faisait par moment s'emballer .La percussion, qui avait tendance à s'égailler , gagnerait pourtant à garder la cadence . Mais la bonne graine est là , à portée de main , saluée par des applaudissements nourris à la fin d'une sympathique prestation , toute en fraîcheur , qui charma l'assistance . La classe moyenne , que le président présentera comme étant l'anti-chambre de la classe supérieure , est à l'évidence mieux lotie en vocalise et en dextérité instrumentale . La pimpante formation , plus assurée et plus rassurante , placée sous la houlette du talentueux Benalioua houcine - un bijou de violon callé sous le menton comme un vrai Stradivarius – aura donné en la circonstance , un réel aperçu sur ses capacités artistiques , qui ne demanderaient qu'à se parfaire et à se bonifier. Quelques solos dont celui du violon et d'une chanteuse , furent des moments de grâce , acclamés par la nombreuse assistance et complimentés par de généreuses salves de youyous ,de ces retentissants et merveilleux youyous qui vous donnent la chair-de-poule ! Enfin ,ce fut à la classe supérieure de nous gratifier de sa maestria . La Nouba mise en sourdine, l'assistance eut droit à une véritable chevauchée où s' alternaient les solos d'une mandoline exultant de bonheur ,égrainant des notes cristallines , aux envolées pathétiques d'un Ney inspiré auxquels se joindra , un émouvant Istikhbar-prélude , jaillissant de l'âme émue d'un violon posé sur un genou .Bref , le programme Zidane ,par sa vivacité , son harmonie diaprée et par ses crescendos qui vous tirent vers les cimes de la splendeur , fut une véritable réjouissance , que le public saluera par une longue standing -ovation . Avant de clore l'évènement , le public sera invité à partager une douceur décuplée , appréciée des palais , pour fêter dans la convivialité , un anniversaire qui aura tenu toutes ses promesse ! Alors , joyeux anniversaire Ibn Badja , bon vent et… à l'année prochaine ,inch'Allah !