Pour la majorité des asthmatiques, les symptômes de leur maladie sont devenus suspects au regard des autres pendant l'épidémie. Par peur d'être contaminés, les patients atteints d'affection longue durée ont déserté les hôpitaux et les cabinets médicaux pendant l'épidémie. Le renoncement des malades aux soins n'a pas été sans dommages. Pour les asthmatiques, cet isolement imposé a été vécu avec beaucoup de difficultés. En France qui comptent plus de 3,5 millions d'asthmatiques un sondage effectué par le laboratoire Sanofi Genzyme, début juin révèle que 60% des patients souffrant de cette maladie chronique respiratoire ont estimé avoir plus de risques d'être infectés par le Covid-19 et cela s'est traduit notamment par une crainte de se rendre chez un professionnel de santé, plus particulièrement pour 75% des asthmatiques sévères. Plus préoccupant, dans cette vaste enquête, 8% de ces malades ont souligné une détérioration de leurs problèmes d'asthme. L'enquête pointe également que "l'impact de l'épidémie a affecté les asthmatiques dans leur rapport aux autres. 57% ont redouté d'inquiéter en raison de leurs symptômes (comme la toux) proches de ceux du virus et que tousser devenait un acte suspect et stigmatisant". Enfin, d'autres avouent avoir tout simplement stoppé leur traitement pendant la crise sanitaire. "L'asthme sévère ne se traite pas comme un asthme classique, explique la présidente de l'association de patients asthme sévère. C'est une forme qui est très peu connue et reconnue, mais ceux qui en sont atteints, ont plus ou moins connu un épisode en réanimation dans leur vie. Alors, je comprends que la peur ait pu s'installer. Cette épidémie a ravivé des souvenirs douloureux. Et les informations contradictoires sur la prise de certains médicaments, la cortisone notamment, n'ont fait qu'augmenter leur désarroi. Sachant qu'avec un traitement continu, on arrive plus ou moins bien à stabiliser la maladie, il est impératif pour eux de reprendre le cours de la vie et de faire le point avec son médecin". Un Pneumologue à l'hôpital à Marseille, le confirme : depuis le déconfinement, il voit arriver dans son cabinet des malades en rupture de traitement, la faute à des rumeurs sur "le risque d'infection grave liée à la prise de certains médicaments" qui ont conduit certains asthmatiques à remettre en question leur traitement. "Ces discours ont créé un vent de panique, dit-il. Après deux mois de confinement, la maladie inflammatoire chronique a repris ses droits chez ces patients qui aujourd'hui viennent en consultation dans un état préoccupant. C'est un peu notre deuxième vague". Les asthmatiques n‘ont pas plus de risques que le reste de la population de contracter cette maladie. En revanche, ils ont plus de risque de développer des complications respiratoires en cas de contamination. Et de rappeler que l'asthme est une inflammation chronique des bronches.