En lançant cette affirmation à propos de la profération de l'habitat précaire dans la wilaya d'Oran, le chef de daïra d'Es-Senia M. Belhadjazi Ghali, a judicieusement mis le doigt sur la plaie d'un fléau «protégé » jusqu' ici par quelques tabous aux contours politiciens, qui parmi les anciens oranais, ne connaît pas l'histoire du douar Cheklaoua qui détient certainement le record national des bidonvilles rasés et qui renaissent de leurs ruines. Aussitôt après l'indépendance, les premières mansardes en parpaing furent érigées sur les lieux et le « douar » allait peu à peu s'intégrer lui aussi à la ceinture de misère. Forgée par l'exode rural autour de la grande ville. Mais contrairement, aux autres « douars » à l'époque encore enclavés et peu visibles tels que Belgaïd, Sidi El Bachir et bien d'autre, le douar Cheklaoua proche du cimetière militaire americain occupait un espace urbain intéressant à la sortie de la ville au sud vers l'aéroport. Cet espace urbain ne sera cependant jamais utilisé ni occupé par des équipements publics structurants. Et après l'aménagement en double voie de la grande route de l'aéroport, le site balisé par un terrain marécageux jugé non constructible allait sombrer dans les oubliettes des décisions chargées de concevoir le schéma d'évolution urbaine de la cité. En 1985, les constructions précaires érigées au douar Cheklaoua abritaient, selon des sources universitaires, pas moins de 300 familles. Les premières compagnes d'éradication des bidonvilles inscrites à l'époque au seul registre du populisme de la pensée unique allait entrainer à l'époque de Chadli, une première démolition des baraques de Cheklaoua, Mais aucun projet de route, de gare, ou d'autre infrastructures n'a été retenu pour occuper l'endroit. Finalement, moins de trois ans plus tard, l'habitat précaire fut de retour au même endroit. Plus tard, les tragiques évènements qui allait endeuiller le pays durant les années noires le douar Cheklaoua va connaître un « développement » sans précédent avec l'arrivée de nombreuses familles rurales chassées par le terrorisme. Au début de l'année 1997, le site de Cheklaoua qui comptait pas moins de 300 baraques construites dans un chaos et un manque d'hygiène hallucinant, avait fait l'objet d'une prise en charge particulière par les pouvoirs publics. En concertation avec l'association des habitants qui activait en cet endroit depuis plus d'une décennie, le douar Cheklaoua a connu à l'époque un début d'éradication. Des centaines de familles ont été relogées et des opérations de démolition furent entamées sous l'œil des caméras et d'un ministre de la République à l'époque. Mais rapidement, Cheklaoua renaîtra de ses décombres. Détruit pour une troisième fois au début des années 2000 le bidonville de Cheklaoua sera encore reconstitué rapidement au rythme de certaines pratiques mafieuses tirant profit des misères sociales à travers un « véritable marché des baraques » où les vieilles tôles et l'emplacement se monnayent à prix d'or. Hier encore une dizaine de pères de familles se déclarant « représentants » des occupants du bidonville de Cheklaoua interpelaient les autorités et faisaient le tour des rédactions locales pour attirer l'attention des opinions sur leur sort. « Le site a été rasé à deux reprises, mais ces personnes s'entêtent à venir implanter des abris de fortune pour tenter d'obtenir des logements, a déclaré le chef de daïra M. Belhadjazi El Ghali. « Comment juguler le fléau de ce bidonville sans risquer d'attirer une montée de colère qui prend aujourd'hui les contours d'un insidieux chantage.