Ouyahia n?a fait que dire tout haut ce que d?autres pensent tout bas. La diff?rence est que Ouyahia est Premier ministre et que ses d?clarations sont officielles. Quand Ouyahia d?clare quelque chose, ses propos deviennent un programme que les responsables locaux doivent appliquer. Ce qu?a dit Ouyahia n?est pas une insulte, mais un constat. Oran est sale et la salet? engendre des maladies, induit des besoins sociaux, favorise la pauvret? et d?t?riore la soci?t?. De nouvelles couches sociales ?mergeront. Elles retarderont la marche vers la modernit? et exposeront les autres, parce que la ville est le lieu id?al de la vie en collectivit? et que tout ce qui touche aux uns rejaillit sur les autres. La pauvret? n?est pas une tare, c?est la salet? qui l?est. Quand on est sale, le beau devient un handicap. Celui qui ne ressemble pas aux autres devient la fausse note qui d?range. Oran qui faisait r?ver est d?class?e. D?autres p?les l?ont d?tr?n?e. S?tif, Bel-Abb?s et Gharda?a, r?cemment, que le Pr?sident est parti inspecter. Gharda?a, joyau architectural qui allie art et culture, exemple de la vie en collectivit?, berceau des foggaras qui fait que la ville n?appartient plus seulement ? l?Alg?rie, mais au patrimoine universel. Gharda?a ne poss?de pas d??quipe de foot qui l?aidera ? briller dans un monde o? la c?l?brit? peut venir d?un joueur, elle est l?Equipe o? se c?toient des ethnies qui ont r?ussi ? faire d?une ville d?sertique, un p?le touristique, un carrefour des civilisations, un p?le industriel, et un centre commercial qui n?a pas besoin d?une COSOB pour attirer des investisseurs. C?est cela qu?est parti d?fendre le pr?sident. Les logements promis, les milliers de postes de travail (temporaires) g?n?r?s par les inondations qui ont endeuill? la vall?e du M?zab, et le visage de la ville qu?il faut embellir mieux qu?avant, ne sont que l?objectif mat?riel qu?il faut donner ? une visite pr?sidentielle. Sans subir la m?me catastrophe naturelle, Oran d?p?rit. Des centaines d?immeubles menacent ruine. Les assassinats ont repris, les cadavres de nourrissons abandonn?s se confondent aux immondices qu?aucune poubelle ne peut contenir, et les agressions sont une activit? florissante ? laquelle il ne manque que le pr?l?vement d?imp?ts parce que commis sur la voie publique. Les h?pitaux ont perdu leurs qualit?s humaines, les ?coles sont les lieux de pr?dilection des kidnappeurs, violeurs et d?linquants de tous bords. Oran vise la plus haute marche sur le podium des accidents de circulation, et la qualit? des routes et de la signalisation y est pour beaucoup. Les prises de kif se font par quintaux et la coca?ne a d?j? fait son entr?e. Oran n?a pas de cachet sp?cifique, la ville est r?put?e ville ouverte aux noceurs, aux flambeurs et ? tous ceux qui veulent s?y faire un avenir. Oran doit ?tre d?clar?e zone sinistr?e, parce qu?elle est sinistr?e. Ouyahia l?a dit. Faut-il que Bouteflika le constate et l?ordonne pour que la ville b?n?ficie d?un programme sp?cial? Il est vrai que le Pr?sident n?a pu voir l??tendue de la catastrophe parce que tout avait ?t? fait pour lui donner l?impression qu?Oran ressemble ? Vienne.