Le prix du sachet de lait d?un litre est propos? au consommateur ? 30DA alors que le prix du kilo de poudre de lait ?entrant dans la production de 10 litres de lait- est pass? sur le march? mondial, depuis juillet dernier, de 400 ? 120 DA. ?Un kilogramme de poudre de lait qui revient ? 120 DA donne 10 litres de lait dans les laiteries priv?es, soit 12 dinars par litre?, fait remarquer notre source de la Direction des services agricoles (DSA) en rappelant que nonobstant cette chute des prix, l?Etat continue ? subventionner le lait en poudre ? hauteur de 50%. Depuis la chute du prix sur le march? mondial du lait, ?les importateurs ont inond? le march? local en lait en poudre, cassant par ricochet les prix du march? du lait de vache local et auquel l?Etat a prodigu? des centaines de milliards de dinars?, note notre interlocuteur qui pr?cise que ?rien que pour le premier trimestre de l?ann?e en cours, ce sont plus de 2 millions de kilogrammes de poudre de lait qui ont ?t? import?s?. ?Le plus saugrenu dans cette histoire est que, ajoute notre interlocuteur, l?Etat alg?rien, par le biais de l?ONIL (Office national de l?industrie laiti?re), subventionne ? hauteur de 50% le prix d?achat du kilogramme de lait en poudre. Au profit, bien s?r, des laitiers priv?s.? L?op?ration d?arithm?tique est simple: le sachet du lait revient aux laitiers ? 6 dinars DA, plus les charges de l?ensachage (masse salariale et facture de l??nergie) qui, ?en extrapolant, ne d?passe pas la bagatelle de deux ? trois dinars par litre? Pas plus au meilleur des cas?, r?v?lera un producteur de lait. Un autre son de cloche ?mane du propri?taire d?une laiterie situ?e sur la route d?Es S?nia en d?clarant que ?les sp?culateurs ont pris en otage les laitiers, car constituant un lobby. Ils imposent le kilogramme ? 16, voire 17 DA?. Il faut savoir que les besoins nationaux en mati?re de lait sont estim?s, selon le Directeur de la DSA, M. Midoun, ? plus de 17 milliards de litres par an. ?La marge b?n?ficiaire de ces laitiers priv?s est donc faramineuse?, rel?vent tous nos interlocuteurs. Avis?s, les consommateurs crient au scandale. ?Comment l?Etat alg?rien puisse d?livrer des subventions aussi importantes aux laiteries priv?es, alors que le litre du lait est toujours ? 30 DA, voire plus dans les bourgades isol?es?, ass?ne Mohamed, un p?re de famille qui ach?te en moyenne deux litres de lait par jour. Selon des interlocuteurs de la DSA, ?par la subvention de 50% octroy?e aux laitiers priv?s, l?Etat veut fixer le prix de la sortie usine du litre de lait ? hauteur de 21 DA, pour qu?il arrive au consommateur au prix de 25 DA. Cependant, la chute du prix du lait en poudre, sur le march? mondial, fait que cette subvention devient absurde. Pis encore, le march? local du lait biologique de vache est carr?ment d?r?gl? par les quantit?s importantes du lait en poudre import??. En effet, les collecteurs ont ?voqu? une paralysie g?n?rale du march? du lait biologique puisque les laiteries le refusent estimant qu?il n?est pas du tout rentable par rapport aux marges faramineuses permises par le lait en poudre. En effet, depuis quelques jours, les laiteries priv?es refusent carr?ment le lait de vache qui leur est propos?, selon les collecteurs, ?? 23 DA le litre en moyenne?. Quant aux producteurs locaux du lait, ils parlent d?j? d?une ?v?ritable crise?. ?La production oranaise du lait d?passe, a priori, les 18.000 litres. Depuis l?inondation du march? en lait en poudre, nous sommes contraints ? ?liminer le surplus de production vers le march? noir?, dit l?un de ces op?rateurs avant d?ajouter: ?Moi, personnellement, j?ai ?coul? avant-hier 800 litres de lait bio, pour le prix de 22 DA ? un contrebandier, domicili? dans une ville frontali?re qui l?acheminera sans doute vers le Maroc. Je ne suis pas le seul ? faire ?a? nous sommes contraints ? faire b?n?ficier nos profits ? ce march? chaotique?. Avis? sur cet ?tat de fait, le DSA, M. Midoun, a d?clar? que ?le cr?neau du lait ? Oran est en perp?tuel essor, gr?ce aux efforts d?ploy?s par l?Etat pour d?velopper le secteur. Cependant, l?inondation du march? local par le lait en poudre a brouill? toutes les cartes?. Notre interlocuteur d?clare ?galement que ?plus de 8.500 vaches laiti?res sont recens?es ? travers les ?levages oranais. Et chaque vache produit en moyenne 25 litres/jour. Ce qui est consid?rable. La seule solution est de diminuer les quantit?s de lait en poudre import? pour l??quilibre du march??. Il faut savoir ?galement que l?Etat subventionne aussi ces ?leveurs ? hauteur de 12 DA le litre produit, en plus de la prime sanitaire fix?e ? hauteur de 3 DA suppl?mentaires. En amont, la vache laiti?re est import?e aux frais de l?Etat, note-t-on aussi. Si on se r?f?re aux donn?es de la DSA, la production oranaise du lait est ?valu?e ? 212.500 litres/jours. Lors de la r?union de lundi pass?e, qui a regroup? le DSA et 10 collecteurs agr??s ainsi que les quatre repr?sentants des grandes centrales laiti?res priv?es d?Oran, il a ?t? d?cid?, selon les propos du directeur de l?Agriculture, la distribution de 7.000 litres aux laitiers par jour. Selon le DSA, la distribution de ces 7.000 litres sera effective ? partir d?aujourd?hui (mardi dernier, ndlr)?. Questionn?, le repr?sentant des collecteurs, Attia Abderrahamne, infirmera les d?clarations du DSA et d?clarera que ?les 7.000 litres n?ont pas ?t? distribu?s comme il a ?t? convenu lors de la r?union du lundi, car les laiteries refusent toujours le lait de vache?. On apprendra par ailleurs que pour faire fructifier leur affaire, les collecteurs n?gocient d?sormais carr?ment avec l??leveur: ?Je t?assure l??coulement de 1.000 litres de lait par jour si tu me c?de le litre ? tel prix?? ?Dans tout les cas de figure, l?Etat doit intervenir pour r?guler le march? du lait une fois pour toute au lieu de saupoudrer les efforts ? coups de centaines de milliards?, conclut-on.