Intervenant, hier, sur les ondes de la Chaine-III de la radio nationale, le ministre des Finances est monté au créneau pour défendre les nouvelles mesures du gouvernement sur l'investissement. D'emblée, Karim Djoudi a admis quelques imperfections sur la forme, mais n'a fait aucune concession sur le fond, face aux critiques et complaintes des milieux d'affaires. «Nous sommes en train d'affiner notre démarche en matière d'investissement, sous l'autorité du président de la République. Mais si nous commençons à introduire des exceptions, l'impact de ces mesures en sera fortement atténué». Le ministre a clairement affirmé que la volonté du gouvernement est «clairement affiché sur l'ensemble des secteurs» et nous aurons à en évaluer la mise en œuvre. M. Djoudi a minimisé le risque de voir certaines sociétés étrangères quitter le pays, comme il est constamment rapporté ça et là. «L'Algérie est un marché où il y a un regain des investissements les plus forts, une économie qui a une bonne solvabilité financière extérieure et une croissance forte», a-t-il dit. Et d'ajouter, «S'il existe des alternatives en termes de financement et de prise de croissance dans d'autres pays, cela est peut-être envisageable. Or, nous sommes dans une période de crise et de tension et tout le monde reconnaît que l'Algérie est un pays où le partage de la croissance est assez exceptionnel». Allant plus loin dans sa défense des avantages comparatifs, le ministre des Finances a expliqué que «lorsqu'un investisseur vient en Algérie, il bénéficie d'un certain nombre d'avantages, dont des exemptions sur une période relativement longue, en matière d'IBS de taxe sur le chiffre d'affaires, de TVA et de droits de douanes. Ce que nous demandons, c'est que ces avantages ne fassent pas l'objet d'un transfert à l'étranger, avec obligation que le produit de ces avantages soient réinvestis en Algérie sur une période qui ne dépasse pas les quatre années». Karim Djoudi a dit, par ailleurs, ne voir «aucune relation entre les nouvelles mesures et le niveau d'investissement». Par contre, «il y a un contexte international de déprime sur les marchés internationaux et les grandes entreprises redéfinissent leurs stratégies internationales, avec des problèmes de survie, ce qui peut atténuer le volume des investissements partout dans le monde», a-t-il fait remarquer. Et même dans ce cas de figure où «certaines sociétés revoient à la baisse leurs plans d'investissement parce qu'elles sont durement touchées», l'invité de la radio nationale s'est dit optimiste, quant à la reprise dès 2010 et 2011, des flux d'investissement, une fois passé ce moment de forte tension sur les marchés. «Dans certains pays, il y a un désinvestissement et les investisseurs se retirent. Ce n'est pas le cas chez nous», a soutenu Karim Djoudi. Comme pour mettre un point final à la controverse sur les nouvelles mesures sur l'investissement, M. Djoudi a tenté d'expliquer que, par dessus tout, «toutes nos mesures visent à réorienter le comportement des agents économiques, par la réduction du coût des investissements et le renchérissement du coût des importations». Invité à donner des détails sr la loi de finances complémentaire 2009, il se refusera à toute confidence, vu que ce texte n'a pas encore été examiné en Conseil des ministres. Mais il a souligné la volonté des pouvoirs publics de donner aux investisseurs nationaux, privés ou publics, pour asseoir leur développement. Selon lui, la loi de finances complémentaire s'articulera autour de trois objectifs principaux, à savoir la lutte contre l'évasion, la fraude fiscale et la contrefaçon, la réduction de la pression fiscale pour relancer la création de l'emploi et de la richesse et la régulation du commerce extérieur et l'investissement. Enfin, s'agissant de la dette des entreprises publiques économiques, Karim Djoudi révèlera l'existence d'un dispositif de traitement des EPE, qui prend comme référence la viabilité de ces entreprises. «La question est de savoir si celles-ci ont un marché. Si oui, il y a un dispositif qui a été constitué pour traiter leur patrimoine et leur donner une capacité de fonctionnement sur le marché», a expliqué M. Djoudi. Il confiera que, jusque-là, le CPE traite au fur et à mesure les dossiers des entreprises, que ce soit dans le secteur mécanique ou agricole, sous l'angle de la mise à niveau technologique et financière, en allusion sans doute à des groupes comme PMA ou la SNVI (voir notre édition d'hier). Il dira surtout que «le plus important est d'assainir, que le management doit être mis à niveau et qu'il y ait une adéquation entre l'offre de ces entreprises et la demande sur le marché national».