Le quartier de Haï Zitoun, où s'est déclarée récemment une vingtaine de cas de typhoïde, confirmés officiellement, sinon plus selon d'autres sources, vit le cauchemar au quotidien, faute d'avoir amélioré le cadre de vie de ses habitants, pour lesquels 20 milliards sont débloqués par la wilaya de Tlemcen pour y remédier. Les années 1990, époque de la grande transhumance vers les agglomérations urbaines en raison des conditions sécuritaires qui prévalaient dans les zones reculées de la wilaya de Tlemcen, ont vu un millier de familles ériger leurs habitations illicitement au quartier dénommé «Haï Zitoun», sur les hauteurs de Chetouane, à quelques kilomètres au nord du chef-lieu de la wilaya. Depuis lors, ce quartier a connu une croissance démographique galopante, laquelle s'est traduite par une situation urbanistique anarchique, porteuse de tous les dangers. La plupart des demeures érigées ne répondent nullement aux normes requises en matière de construction et s'intègrent dans un décor désolant. Tel est le constat d'une situation alarmante, à la suite de notre virée entamée ce dernier vendredi, à travers les ruelles de cet espace laissé trop longtemps aux oubliettes et qui ne cesse de plonger davantage dans l'anonymat. «Aucun programme d'aménagement n'a été initié pour l'amélioration de notre cadre de vie», dira un citoyen disant résider en ces lieux depuis 1995. «Les carences ne manquent pas…», confirment ses voisins rencontrés sur les lieux, dès que nous avons abordé le sujet des nombreux cas de typhoïde déclarés. Ahmed, un autre ancien du quartier, explique: «L'eau courante qui nous était distribuée auparavant dans de bonne conditions, provenait d'une ancienne conduite. Malheureusement, l'APC de Chetouane a décidé d'entreprendre la réfection du réseau AEP et nous a branchés sur une conduite provisoire, pour nous permettre de continuer à nous approvisionner, en attendant la fin des travaux de réfection du dit réseau.» «Cette situation perdurait depuis déjà 6 mois», nous déclare l'autre, qui met le doigt sur un problème de taille: «Faute de réseau d'assainissement destiné à l'évacuation de leurs eaux usées, certaines habitations en sont réduites à utiliser des fosses qui n'ont rien de septique. C'est d'ailleurs cette défaillance, que nous soupçonnons fort d'être à l'origine de tous ces malheurs qui nous tombent dessus», a-t-il souligné. «Maintenant que les travaux de raccordement au réseau d'AEP ont été menés à bien par l'entreprise Dennouni, nous attendons toujours de voir l'eau couler de nouveau de nos robinets», déplore un troisième qui s'étonne: «Pourtant, nous nous sommes acquittés de notre quote-part.» Enfin, le dernier qui ne s'était pas exprimé, K. Mohamed, artisan maçon de son état, conclura: «Nous sommes devenus les damnés de la société et des autorités qui regardent ailleurs, alors que nous ne demandons qu'à vivre décemment ». En l'absence du P/APC de Chetouane, retenu par ses obligations, le vice-président M. Hamadouche a bien voulu nous éclaircir sur la situation qui prévaut dans ce quartier: «Mis à part les quelques habitations raccordées au réseau d'alimentation en eau potable et dont le terrain d'assiette appartient à l'AFIT (agence foncière - ndlr), a-t-il dit en substance, les autres constructions érigées illicitement, sont alimentées depuis des années par des fontaines publiques, implantées dans l'ensemble du quartier Haï Zitoun. Malheureusement, a-t-il ajouté, certains de ces indus habitants n'ont pas hésité à procéder à des piquages illicites sur la conduite d'amenée vers ces fontaines, pour doter en eau courante leurs habitations, sans bourse délier. Cette opération qui s'est faite dans l'anarchie, a-t-il poursuivi, n'a pas manqué de porter préjudice à la santé des riverains, en provoquant l'infiltration des eaux usées dans une conduite réalisée sans autorisation. Cette situation a d'ailleurs incité les responsables de la wilaya de Tlemcen à débloquer en urgence, plus de 20 milliards de cts, pour la réalisation des réseaux d'assainissement et d'alimentation en eau potable du quartier en question», a conclu M. Hamadouche.