Le chômage, ce mal du siècle, est un casse-tête permanent pour tous les gouvernements. Le nôtre n'y échappe pas. Plus il s'ingénie à inventer des formules, plus le taux augmente. Bien sûr, Djamal Ould Abbès est toujours là pour administrer des calmants, pour s'entêter à répéter que le chômage chez nous ne dépasse guère les 13% de la population active. Ces derniers temps, on aura remarqué que son collègue du Travail, Tayeb Louh, s'est mis de la partie s'en tenant au même chiffre. Pourtant des experts de l'Office national des statistiques, une institution étatique astreinte à l'obligation de réserve, le disent sous le sceau de l'anonymat: le taux réel de chômage chez nous dépasse les 30% et il est appelé à connaître un nouveau bond dans les prochaines semaines. Tout en refusant de voir la réalité en face, le Gouvernement, comptable des engagements du président de la République, cherche des palliatifs conjoncturels à défaut de solutions réelles. C'est à l'évidence dans ce registre qu'il faut situer le nouveau dispositif qui vient d'être annoncé conjointement par les ministères de la Solidarité et du travail. Il est destiné aux primo-demandeurs d'emploi, âgés entre 18 et 40 ans, selon le responsable en question. Les intéressés sont tenus de se rapprocher des services sociaux de leurs wilayas pour les formalités administratives. Les candidats éligibles percevront une allocation mensuelle de 6.000 DA. Mais à charge pour eux d'accepter toute proposition d'emploi qui leur sera présentée par la wilaya. Des emplois à caractères social et administratif, au niveau des APC de résidence, précise-t-on encore au niveau du ministère du Travail. Le refus de l'emploi proposé signifie automatiquement la suspension de cette allocation que le bénéficiaire perd aussi dans le cas où il fait preuve d'absentéisme dans son travail. Cette formule est renouvelable deux fois de suite. «Le temps de permettre à la personne concernée de trouver un emploi défini et stable» explique-t-on au ministère du Travail. Avec la mise en œuvre de ce nouveau dispositif, faut-il comprendre que l'ancienne formule «emplois pour jeunes» (Tachghil achabab) aura fait long feu ? Est-ce que le nouveau dispositif est venu suite à l'évaluation de l'ancienne formule qui, pour rappel, était une allocation de 3.000 dinars pour les jeunes recrutés dans le cadre des plans de charge des APC? S'il ne s'agit pas de préjuger de l'impact de ce nouveau dispositif, qui suppose un effort considérable de la part de l'Etat, force est de considérer que la solution est ailleurs et pas dans les formules trompe-l'œil à la Ould Abbès dont le rôle est de peindre en rose la réalité aux Algériens. En effet, la solution passe par la création de moyens structurels, c'est-à-dire la relance de la machine économique, génératrice d'emplois. C'est toute la problématique de notre pays dont les responsables refusent de reconnaître les chiffres réels. Alors que tout doit commencer par-là. Car on ne peut construire du solide sur du faux, monsieur le ministre de la Solidarité !