L'on se souvient des grands travaux engagés voilà sept (7) années par l'APC de Béni-Saf, pour éviter l'effondrement des diverses constructions de tous âges, érigées tout au long de la rue Bentalha Driss, sise face au marché couvert. Une rue au confluent des eaux souterraines qui ne cessent de la miner. Le spectacle présenté par de nombreuses habitations, aux murs de soutien lézardés ou comportant des brèches dans les cloisons, avait de quoi faire passer des nuits blanches à leurs occupants, dont un bon nombre vit encore la hantise de recevoir en plein sommeil leurs toitures sur la tête. Plusieurs riverains nous avaient signalé à l'époque, que l'endroit mis en cause, déjà dénommé à juste titre «village carton» ou «Zenzela» (séisme) avant l'indépendance, n'était autre que le confluent de plusieurs oueds arrivant du sud de la ville et pouvant charrier tout sur leur passage, si jamais ils entraient en crue. C'est même ce qui aurait incité les services techniques à creuser une galerie censée canaliser les eaux pluviales et domestiques sur un bon kilomètre en aval. «Mais, comme le remarquera B.M., un vieillard natif du quartier, par la force du temps, cette fameuse galerie s'est retrouvée comblée par les remblais et les habitations se sont mises à pousser dessus comme des champignons, en dehors de toutes les règles d'urbanisation.» Cette poussée n'a pas tardé à souffrir des infiltrations et de l'érosion, jusqu'à ce que les premiers signes d'affaissements de terrain et des dégâts soient recensés en 2000, dans les immeubles et freinés provisoirement par l'action de l'Etat à cette époque. Malheureusement, l'affaissement du terrain a repris de plus belle et s'est étendu cette fois-ci, à une dizaine de locaux commerciaux, localisés en haut de cette même rue et mitoyens du marché couvert, lequel vient d'être refait à neuf et remis en service depuis deux mois seulement. «Comme pour tout arranger, la chaussée s'est affaissée dangereusement à ce même niveau, au point où les façades de plusieurs locaux présentent maintenant des fissures, signes annonciateurs que leurs fondations ont été carrément aspirées vers le bas, en raison du vide créé par le ruissellement continu des eaux qui minent leurs soubassements depuis des années durant. Des fissures accélérées de surcroît par la rupture d'une canalisation d'eau courante», précisera un technicien venu nous accompagner sur place. «Ce qui est plus grave, dira un élu, c'est que le marché couvert, qui vient d'être totalement refait à neuf, pourrait être touché à plus ou moins brève échéance, si rien n'est fait pour arrêter ces mouvements souterrains». En attendant, une première mesure a été prise en interdisant la circulation dans le périmètre à risque, où les excavations opérées, pour réparer la conduite d'eau détériorée, donnent déjà un aperçu aussi édifiant que terrifiant sur l'état du sous-sol, lequel nécessite dès à présent de très gros moyens, pour être enfin consolidé. «Des travaux qui seront entamés de toute urgence», promettent les élus, «s'ils ne tiennent pas à déménager tout ce quartier, par mesure de précaution, comme cela arrive trop souvent de nos jours», nous ont rétorqué des riverains lassés des promesses non tenues.