La chaîne de télévision qatarie Al-Djazeera, a montré, samedi soir, des images de Ali Benhadj haranguant les fidèles dans la mosquée de Kouba, à l'occasion de la prière du vendredi. Fidèle à lui-même, le numéro deux de l'ex-FIS a tenté de surfer sur la vague de colère qui gronde actuellement dans les bas-fonds de la société. «Où sont passés les milliards du pétrole? s'est-il interrogé. Avant de répondre à lui-même: «ils sont dans les comptes à l'étranger. Au lieu de réprimer le citoyen (allusion aux émeutes de Diar Chems), le Pouvoir ferait mieux d'arrêter ceux qui dilapident et volent les milliards du peuple». La harangue a ainsi duré plus d'un quart d'heure face à des fidèles acquiesçant, mi-dubitatifs. Force est de reconnaître que Ali Benhadj joue sur du velours, tant les problèmes qu'il a soulevés, avec son opportunisme habituel, sont réels. En effet, le Gouvernement fait actuellement face à une tension sociale qui appelle des solutions urgentes. Avec le niveau actuel d'inflation qui va bien au-delà des 5,7%, annoncés par le Gouvernement, les citoyens sont à plat. La pomme de terre, aliment de base de l'Algérien lambda, n'est que rarement descendue sous la barre mythique des 50 dinars. Même constat pour la tomate. Quant à la courgette, les haricots verts, ils sont devenus des produits de luxe. La viande rouge et la volaille ont subi la même poussée. La sardine, il n'y a même pas lieu d'en parler. La loi de Finances complémentaire est venue accentuer cette tendance à la faveur de la réduction de certaines importations. L'offre a diminué alors que la demande n'a pas substantiellement bougé. C'est la raison pour laquelle des produits comme le chocolat, les fromages, les yaourts, pour ne citer que ces quelques produits d'importation ont vu leur prix doubler. Cette inflation a fini par achever le pouvoir d'achat du citoyen. Le salaire du «smicard» lui suffit à peine à couvrir ses besoins les plus vitaux, selon l'enquête de l'intersyndicale de la fonction publique pour qui le SNMG doit être porté à 38.000 dinars, alors que le Gouvernement s'apprête à le majorer à peine de quelques centaines de dinars, à l'occasion de la prochaine tripartite. Mais, aux dernières nouvelles, ce rendez-vous annuel, gouvernement–syndicat–patronat, qui donne officiellement le ton de la rentrée sociale, serait complètement compromis. On parle déjà de son report au début de l'année 2010. Un report qui ne doit certainement pas être en rapport seulement avec la maladie de Sidi Saïd, le patron de l'UGTA qui se trouve actuellement en soins en France. En vérité, cette tripartite, telle qu'elle devait initialement se tenir et avec l'enveloppe dégagée dans le cadre de la loi de Finance 2010 qui devait inclure à la fois la hausse du SNMG et le nouveau régime indemnitaire, est déjà dépassée. La question est de savoir si cet ajournement, qui n'est pas encore confirmé, n'est pas un choix du gouvernement pour se donner le temps de revoir sa feuille de route, à la lumière des tensions que tente de récupérer le trublion de l'ex-FIS. Les citoyens ont, en effet, vivement besoin d'une bouffée d'oxygène.