A trois jours de la fête rituelle de la fête du sacrifice d'Abraham, plusieurs coins de la wilaya de Chlef offrent à la vue des clients de passage, des marchés du bétail où les prix du mouton sont en folie, au point de dépasser tout entendement. Cette année, le père de famille chelfie aura bien du mal à acquérir le mouton qui faisait la joie de ses enfants et pour lequel il ne déboursait pas plus de 15.000 dinars. Cette année, les prix ont connu une ascension de plus de 50% et ni le fonctionnaire, ni encore moins le retraité ne peut s'aventurer à placer une telle mise suicidaire pour son maigre budget. A titre indicatif, un mouton dont la carcasse ne dépasserait pas les 17 à 20kg de viande, ne peut être acquis à moins de 25.000 dinars si ce n'est plus. Et dire que la wilaya de Chlef est réputée pour la prolifération de son cheptel, ce qui d'ailleurs fait la réputation de la population locale, dont chaque famille ne peut se passer du sacrifice rituel d'Abraham. Or, le citoyen au revenu moyen n'aura pas d'autre alternative que celle de s'endetter ou de conseiller à sa femme à mettre «au clou» les bijoux qui lui restent, pour apporter un peu de joie au sein de sa marmaille, impatiente de voir la bête sacrifiée au domicile familial.Faute de mieux, d'autres parents se contenteront de ramener des agnelles, dont l'abattage reste strictement interdit, même si son coût est plus abordable et varie entre 14.000 et 20.000Da, selon la taille et le poids.La plupart des acheteurs rencontrés aux points de vente, affichent leur incompréhension devant les prix atteints cette année, qui paradoxalement a connu une pluviométrie sans précédent sur l'ensemble du territoire national. Malgré cela, les éleveurs avancent toujours les mêmes arguments fallacieux, en mettant le doigt sur la cherté des aliments de bétail, alors que l'offre est très abondante et ne justifie guère la flambée des prix du mouton. «S'il en est ainsi, alors je souhaite de tous mes vœux, pour que cette sécheresse puisse durer longtemps encore, ne serait-ce que pour obliger les éleveurs à se débarrasser d'une bonne partie de leur cheptel, pour que les consommateurs y trouvent enfin leur compte», conclura un jeune père de famille, fonctionnaire de son état.