Il y a cinq ans, lors d'une session de l'APW consacrée au dossier de la santé, la directrice générale du CHU Hassani Abdelkader de Sidi Bel-Abbes annonçait le lancement d'une nouvelle formule de soins et d'hospitalisation à domicile pour les malades présentant des pathologies ne nécessitant pas obligatoirement un séjour dans une structure hospitalière classique. Selon la responsable de cet établissement hospitalo-universitaire, le projet en question, en cours de finalisation à l'époque, consistait en la mise en place d'une équipe mobile composée de six médecins généralistes, d'un kinésithérapeute, d'une assistance sociale, d'un psychologue et de plusieurs infirmiers devant assurer au domicile même de certaines catégories préalablement déterminées de malades le suivi et les soins médicaux nécessaires pour une large sphère d'actions couvrant près d'une quarantaine de spécialités. Cette unité d'intervention relevant directement des services de la médecine interne de l'hôpital central, devait disposer, pour ce faire, d'une ambulance médicalisée ultra moderne dotée de tous les équipements nécessaires à même de garantir sans risque à ses membres une certaine autonomie dans la prestation à fournir... En somme, une petite «unité hospitalière mobile». Depuis l'annonce de sa création en 2005, ce nouveau service d'hospitalisation à domicile (HAD) qui se proposait d'offrir une structure de soins alternative à l'hospitalisation, n'a toujours pas vu le jour à Sidi Bel-Abbès. Soumis à l'appréciation d'une assemblée élue, particulièrement très critique en ce qui concerne le dossier de la santé publique, le projet était jugé des plus fiables autant par l'administration hospitalière et le corps médical que par certaines associations de grands malades. Assurer au domicile même d'un patient des soins médicaux et paramédicaux prescrits par le médecin, se présentait à l'époque pour ses initiateurs comme une solution idoine dans un éventail de plus en plus ouvert aux domaines de la santé, parmi lesquels cite-on, la cancérologie, l'orthopédie, la neurologie, la cardiologie, la gériatrie, la psychiatrie… Outre la prise en charge à domicile des soins pour les patients en traitement prolongé, le nouveau service ‘HAD' se proposait également d'assurer des soins palliatifs consistant, selon une définition de l'OMS, en «l'amélioration de la qualité de vie des patients et de leur famille, face aux conséquences d'une maladie potentiellement mortelle.» Cet aspect de l'accompagnement des malades en fin de vie - sur les plans physique, psychique, social et moral - est entièrement négligé par les structures hospitalières actuelles qui s'en déchargent sur la famille du patient, laquelle se retrouve, par ce fait, exposée à gérer des situations souvent très complexes, voire dramatiques, nécessitant pourtant une prise en charge multidisciplinaire par respect à la vie humaine. «Mise dans l'ignorance la plus totale quant à l'évolution de la maladie de mon père, je me suis retrouvée, du jour au lendemain, comme son médecin, son infirmière, sa garde malade, sa psychologue, son soutien spirituel. Jusqu'à sa mort survenue au sein de la famille, je reste persuadée que, malgré mon jeune âge, c'est l'expérience la plus douloureuse de ma vie…», témoigne une jeune fille qui ne s'explique toujours pas, à ce jour, ce pourquoi nos établissements de soins manquent tant d'humanité… «Et dire que sous d'autres cieux, l'accompagnement des malades en fin de vie est l'affaire de toute la société et s'inscrit en lettres d'or dans les enjeux de la politique de santé des pays les plus civilisés» ne manque pas de faire observer encore notre jeune interlocutrice. Au moment où la population constate avec beaucoup de satisfactions l'amélioration continue qui s'opère en matière de qualité d'accueil, de prise en charge et de séjour des malades au niveau des différentes structures hospitalières et la volonté manifestée par les responsables de faire du vieil établissement de la ville de Sidi Bel-Abbès, créé dans les années 30, une structure hospitalo-universitaire digne de ce nom et se conformant aux standards internationaux, le projet de création d'un service d'hospitalisation à domicile et de soins palliatifs garde-t-il encore quelque chance à se voir enfin être concrétisé ? «Cinq ans après la finalisation du dossier, l'espoir reste toujours permis», se montrent persuadés les membres de certaines associations locales de malades. A moins que ce ne soit encore là qu'un effet d'annonce, comme ce fut le cas du Samu Social et de bien d'autres projets encore.